Les compétences algériennes à l’étranger ont des envies de retour - Maghreb Emergent

Les compétences algériennes à l’étranger ont des envies de retour

Amina Kara - Marie Aude
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 Amina Kara - Marie Aude

 L’Algérie, on la quitte… ! On y revient aussi, c’est une envie qui devient une tendance chez les compétences algériennes à l’étranger. Le cabinet de conseil en recrutement et formation, International Talents Network (ITN), veut les accompagner. Il organise le premier « Forum ITN Emploi » les 28 et 29 mars à Paris.

 

Partir se former à l’étranger s’avère souvent une expérience positive rendant le retour parfois difficile. Crainte de l’inactivité, peur de ne pas trouver un emploi adapté, méconnaissance des opportunités, etc., les facteurs du non-retour sont diverses mais tous reposent sur un manque d’information. C’est de ce constat qu’est né International Talents Network (ITN), un cabinet de recrutement à destination de la diaspora algérienne. 95 % des étudiants algériens se trouvent en France faisant de l’Hexagone le premier pays d’accueil des étudiants algérien. Il s’agit de la troisième communauté estudiantine en France après les Marocains et les Chinois, selon les chiffres de l’Ambassade de France en Algérie. « Un certain nombre d’Algériens établis à l’étranger souhaiterait rentrer en Algérie mais il existe un déficit de structures dédiées à l’accompagnement de ces jeunes qui ont fait le pari de partir et qui ont besoin d’être accompagnés pour reprendre leurs repères au retour », explique Marie-Aude Labrosse, cofondatrice, à 36 ans d’ITN. « L’objectif de notre cabinet de recrutement est de permettre aux Algériens de préparer judicieusement leur retour en les aidant notamment à décrocher un emploi avant même leur retour en Algérie », développe Amina Kara, la seconde cofondatrice d’ITN âgée de 31 ans.  

Le premier Forum ITN Emploi se tiendra les 28 et 29 mars prochains dans la capitale française. Il mettra en relation les jeunes diplômés et cadres désireux poursuivre leur carrière dans leur pays avec les recruteurs d’une trentaine d’entreprises algériennes. Plusieurs secteurs sont concernés : automobile (Renault Algérie), assurance (Axa Algérie), agro-alimentaire (Bel Algérie, Rouiba), industrie (BAT Tobacco), téléphonie, pharmaceutique, etc…

 « A travers ce Salon organisé en partenariat avec l’Association étudiants et cadres algériens de France (ECAF) et dont Djezzy est le sponsor officiel, nous souhaitons à la fois prouver aux jeunes diplômés algériens que leurs compétences peuvent être valorisées dans leur pays et démentir l’idée bien ancrée chez les chefs d’entreprises que nos jeunes qui partent n’ont nullement l’envie de revenir au pays », explique Amina Kara.

 Le fruit d’une expérience de terrain

La stratégie de ITN n’est pas fortuite, insiste les jeunes fondatrices du cabinet, elle s’est construite à partir de leurs expériences de terrain avant tout. « Depuis la création de ITN France à Toulouse et ITN Algérie à Alger, en mars 2013, on essaye de se faire connaître en élaborant notamment des partenariats avec des grandes écoles et universités spécialisées dans les secteurs d’activités recherchés sur le marché algérien », explique Amina Kara. C’est ainsi que les deux associées ont rencontré de nombreux étudiants et diplômés algériens qui leur ont expliqué leurs difficultés. Du fait de la crise économique en France et en Europe, on se retrouve avec une surcharge de travail insupportable si bien qu’aujourd’hui, on cherche avant tout une qualité de vie, leur a-t-on rapporté.  Résultat : près de 90 % des jeunes rencontrés se disent prêts à rentrer en Algérie s’ils trouvent une opportunité de travail à partir de la France, rapporte Amina Kara. Selon elle, les candidats au retour disent accepter de rentrer pour un salaire de 100.000 dinars qu’ils ont de fortes chances de dénicher auprès de multinationales installées en Algérie ou chez Cevital dont les filiales emploient beaucoup de jeunes cadres formés à l’étranger. Ce travail en amont a permis au cabinet ITN de constituer en un an une « CVthèque » d’environ 350 curriculum vitae « après tri » qui servira au cabinet à « être réactif » aux demandes des recruteurs. « Le Forum ITN Emploi marque en fait l’inauguration officielle du cabinet International Talents Network », souligne-t-elle.

Salon itinérant

La création du cabinet de conseil en recrutement et formation à l’international, International Talents Network, s’inspire aussi largement du parcours professionnel et personnel des deux fondatrices dont les chemins se sont croisés en Algérie lors d’une journée de travail autour de la formation des jeunes algériens à l’étranger. « J’ai rencontré Marie-Aude Labrosse dans le cadre d’une mission que j’effectuais à Alger en tant que chargée de recrutement à l’international pour la Toulouse Business School. Marie-Aude, elle, était responsable du service Campus France de l’Ambassade de France en Algérie », témoigne Amina Kara dont le parcours ressemble à celui des jeunes diplômés qu’elle accompagne aujourd’hui au sein de son cabinet en recrutement. Après une licence en commerce et marketing à l’EHEC d’Alger et une année de travail au siège de la Banque mondiale d’Alger en tant que chargée d’études, la jeune algérienne poursuit son master en France à la Toulouse Business School où son stage de fin d’études à Airbus aboutira à un contrat de travail chez le constructeur aéronautique.

 « Au moment de ma rencontre avec Marie-Aude, je réfléchissais à une nouvelle étape professionnelle après sept années de travail à Airbus », raconte Amina Kara. « A la fin des trois années de mission de Marie-Aude à l’Ambassade de France en Algérie, nous avons décidé de nous associer pour lancer le cabinet de conseil en recrutement et formation à l’international, International Talents Network ». Les deux collègues s’apprêtent, à présent, à franchir une nouvelle étape dans leur aventure entrepreneuriale avec l’organisation de la première édition à Paris du « Forum ITN Emploi », un salon qui sera « itinérant », selon le souhait des deux complices. Et les dynamiques chefs d’entreprises ont déjà prévu la prochaine destination. Ce sera Lyon, deuxième ville de France à recevoir le plus d’étudiants étrangers, en novembre 2014.

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