Noureddine Yassa, directeur du centre de recherches en énergies renouvelables, préconise d’investir dans l’exploitation et l’entretien, plutôt que dans la fabrication de panneaux solaires.
Le coût de l’énergie solaire photovoltaïque a connu une « baisse vertigineuse », pour atteindre la parité avec celui de l’énergie produite à partir du pétrole, du gaz et même du charbon, dans des régions moins ensoleillées que l’Algérie, a déclaré mardi M. Noureddine Yassa, directeur du centre de recherches en énergies renouvelables. En Californie ou en Australie, où l’ensoleillement atteint 1.500 à 2.000 kilowatts/m2/an, le coût est désormais autour de six cents de dollar le kilowatt, et il peut atteindre quatre cents quand l’ensoleillement dépasse les 2.000 kilowatts/m2/an. Pour les régions isolées, où l’énergie est produite à partir du gas-oil, le solaire est déjà très avantageux, a déclaré M. Yassa au cours d’une émission de radio.
Cette tendance à la baisse des coûts du photovoltaïque va se poursuivre, mais à un rythme moins rapide, selon les prévisions de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Il a rappelé que les panneaux coutaient 7.000 dollars les 100 watts dans les années 1980, contre une soixantaine de dollars aujourd’hui. Entre 2008 et 2015, la baisse a été de 40%. Les prix devraient encore baisser, mais de 20% seulement à l’horizon 2030. Ils devraient alors coûter entre 30 à 40 dollars. Une centrale d’un kilowatt ne coûte plus que 1.500 dollars. Dans le prix de l’équipement, le panneau représente 40%, contre 20% pour les structures et 20% pour les câbles.
Le photovoltaïque reprend la main
Ces données ont poussé les autorités algériennes à revoir les ambitions du pays dans le domaine du renouvelable, pour arbitrer en faveur du photovoltaïque, considéré comme le plus prometteur. Des chiffres faramineux sont rendus publics aussi bien pour la production envisagée que pour les investissements à consentir. Le ministère de l’Energie veut produire 40% de l’énergie à partir de ressources renouvelables à l’horizon 2030. Il faudra installer 22 gigawatts, dont 14 en photovoltaïque, soit une moyenne d’un gigawatt par an, selon M. Yassa. « Tous les acteurs n’y suffiront pas », précise-t-il toutefois, appelant à créer une multitude d’entreprises spécialisées dans le secteur. Il estime que le véritable enjeu est de « maitriser l’ensemble de la chaîne » : la production et la maintenance, mais pas forcément celle de la production de panneaux.
Des techniques pas très complexes
M. Yassa a aussi souligné que les technologiques du solaire photovoltaïque évoluent très vite, mais qu’elles « ne sont pas complexes ». L’Algérie dispose d’une centrale expérimentale de 1.1 mégawatts à Ghardaïa, précisément pour faire les recherches nécessaires en vue de mieux maitriser la filière. Selon lui, il faut «orienter la recherche vers le volet exploitation », pour adapter le comportement des équipements dans l’environnement difficile du Sahara, et axer le travail sur l’entretien et la durée de vie des équipements. A l’inverse, il considère qu’il « n’est pas nécessaire d’être fabriquant de panneaux solaires. Ce n’est peut-être pas le meilleur choix », dit-il, en raison notamment la mainmise d’entreprises chinoises sur le marché, avec des prix très bas.