Les plans de réorganisation des entreprises publiques algériennes se suivent et se ressemblent. Un nouveau plan est en cours, alors que le précédent a coûté 9.5 milliards d’euros, sans résultat.
Abdessalam Bouachouareb prend le chemin inverse de ce qu’avait fait Abdelhamid Brahimi dans les années 80. Alors que l’ancien Premier ministre de Chadli Bendjedid avait estimé que les entreprises publiques de l’époque étaient devenues ingérables car elles avaient atteint une dimension trop importante, le ministre de l’Industrie estime, au contraire, que les entreprises algériennes sont trop modestes pour entrer dans la compétition. Ce qui justifie, selon lui, sa volonté de réduire les SGP (Sociétés de gestion des participations de l’Etat) de dix-huit à une dizaine, selon un plan qui devrait être appliqué d’ici la fin de l’année.
Selon M. Bouchouareb, «seules 10% des entreprises peuvent atteindre un chiffre d’affaires de deux milliards de dinars» (20 millions d’euros). En l’état actuel des choses, elles ne peuvent même pas réaliser leur plan de développement, en raison d’une taille inadaptée.
Le ministre de l’Industrie a aussi indiqué que les entreprises publiques ont absorbé des budgets très importants sans pouvoir développer une véritable assise. Ces entreprises étaient dans «un état de déstructuration très avancé». Il a fallu lancer un «vaste programme de restructuration de 320 milliards de dinars» (3.2 milliards d’euros), mais «ce n’était pas assez». Il a donc fallu un programme de financement supplémentaire de 634 milliards de dinars (6.34 milliards d’euros).
Résultats très faibles
M. Bouchouareb a cependant admis que ces programmes n’ont pas donné de résultat, car «seuls 18% de ces financements ont été consommés». Pire encore, ce chiffre tombe à seulement 9% dans le domaine de la formation, un vecteur clé dans la vie des entreprises.
Le ministre de l’Industrie explique ces échecs par «une organisation inadaptée» des entreprises, avec l’actuelle formule des SGP. «On a fait tout ce qu’il fallait, sauf dans l’organisation», a t-il affirmé, ajoutant qu’il faut revoir cette organisation en mettant sur pied des groupes plus grands, avec un système de cessions-acquisitions, pour qu’elles puissent atteindre un «seuil critique» leur permettant d’aller à des partenariats, occuper le marché national et aller à l’international, investir dans la recherche-développement et mener de véritables opérations de marketing. Elles pourront aussi «syndiquer leurs efforts et leurs moyens» et «partager les coûts». «C’est l’unique voie qui nous reste», a t-il déclaré. M. Bouchouareb a affirmé que l’Etat «devra se retirer de la gestion» et se contenter de gérer ses participations, y compris en étant minoritaire.
Appel à la diaspora
Comment garantir que l’opération en cours ne connaitra pas le même sort ? M. Bouchouareb affirme qu’il n’y a pas de choix. Il a affirmé son intention de faire appel à la diaspora algérienne pour introduire de nouveaux modes de gestion. Il a ainsi lancé un «appel aux managers qui vivent à l’étranger», les invitant à «venir saisir leur chance». Il a annoncé qu’il y aurait bientôt un «appel à candidatures» en ce sens.
Pour accompagner ce dispositif, il a exprimé son espoir que le nouveau code des investissements soit adopté avant la fin de l’année, ainsi qu’une loi d’orientation de la PME-PMI.
Cela devrait permettre à l’Algérie de devenir un pays émergent, et d’atteindre un taux de croissance de 7% bien avant 2019, comme le prévoit le gouvernement, a t-il déclaré.