L’embargo sur l’exportation de pétrole américain dans le monde date de 1973 et est justifié par le souci de préservation de l’indépendance énergétique américaine. « Anachronique » pour certains, il devrait être levé bientôt entièrement, ce qui ne serait pas sans incidence sur le marché pétrolier mondial.
Après les condensats et le pétrole ultraléger peu raffiné, le département du Commerce américain autorise l’exportation du brut. Il entrave ainsi, pour la troisième fois en une année, l’embargo sur l’exportation du pétrole américain datant de 1973 et justifié par le souci de garantir l’indépendance énergétique du pays.
Selon le quotidien économique français Les Echos, le département du Commerce américain a autorisé vendredi l’échange de brut ultraléger américain contre le pétrole mexicain. Cette autorisation a été accordée à la compagnie pétrolière mexicaine Petroleos Mexicanos (Pemex). L’« accord d’échange est confirmé du côté mexicain », précise Les Echos.
Si la quantité de pétrole et la date des premiers échanges avec les Mexicains n’ont pas encore été révélées, les questions tournent actuellement autour d’une éventuelle levée totale des exportations américaines de pétrole. Une telle décision ne serait pas sans incidences sur le cours mondial du brut.
Le 31 décembre dernier, rappelle Les Echos, le département du Commerce américain avait décidé d’autoriser l’exportation de pétrole ultraléger peu raffiné après avoir autorisé, en août 2014, l’exportation de condensats.
Ces allégements de l’embargo sur les exportations pétrolières autorisés par Barak Obama ont permis jusqu’à présent l’exportation de 3,5 millions de barils par mois vers l’Europe et l’Asie. Ils ne sont pas une exception selon le magazine Courrier Stratégique qui assure que « le brut américain sera disponible sur les marchés mondiaux à partir de ce mois d’août ».
L’embargo sur l’exportation pétrolière a été décrété lors du choc pétrolier de 1973. Il empêche les compagnies pétrolières américaines de vendre leur pétrole à l’étranger, sauf au Canada.
Encore un mauvais signal pour les prix du pétrole ?
Cette levée partielle de l’embargo, qui ne devrait pas tarder à devenir totale, est une nouvelle réjouissante pour les producteurs américains. Elle se concrétise après une grande pression exercée par un lobby souffrant de la baisse des prix du pétrole.
La question de la levée de l’embargo sur les exportations pétrolières est considérée comme étant anachronique par certains spécialistes pour qui le marché pétrolier actuel n’a rien à voir avec celui des années 1970. L’exportation de brut américain pourrait rapporter au pays 15 milliards de dollars en plus par an. De plus, les producteurs de pétrole non conventionnel ne peuvent plus supporter la baisse des prix étant donnée la cherté de son extraction, estiment d’autres spécialistes. Autant de raisons qui pousseraient la Maison-Blanche à envisager de lever totalement l’embargo sur ses exportations pétrolières.
Le brut américain s’échangeait à 42 dollars le baril hier, contre 48 dollars sur le marché mondial. Les Etats-Unis sont devenus, avec 11,644 millions de barils par jour en 2014, le premier producteur de pétrole dans le monde et ce, grâce à l’industrie du schiste.
L’arrivée du pétrole américain sur les marchés mondiaux augmenterait l’offre pétrolière sur un marché déjà saturé, ce qui mènerait, à première vue, à un prix du baril encore plus bas qu’aujourd’hui. L’analyste français Thomas Porcher est, cependant, sceptique. Il expliquait sur la chaîne France 24 : « Les Etats Unis produisent 11 millions de barils par jour et en consomment 18 millions ! », invitant à relativiser notre appréhension d’une prise d’assaut des marchés mondiaux par les barils américains.