Le café des experts éco (CEE) revient en ce mois de ramadan. Il accueille les Experts Mourad Goumiri et Ferhat Ait-Ali. Tous deux avertissent contre les dérives et le mélange des genres à l’aune d’un mouvement populaire inédit en Algérie, mais où, l’économie nationale risque gros, face au regard implacable du FMI et de celui de la banque mondiale.
Aussi, en modérateur incisif, El Kadi Ihcène, rappelle à ses deux invités sur Radio M, que le FMI revoit à la baisse ses prévision de croissance pour l’Algérie en 2019 de 2.7% à 2.3% , et de s’interroger :
Est-ce que le Hirak impacte déjà l’activité économique en Algérie ?
Ce à quoi Farhat Ait-Ali répond, sur un ton alerte : « L’économie algérienne a toujours été sinistrée par l’administration et ce n’est pas aujourd’hui que quelques grèves ou marches dominicales auront raison d’une économie déjà sinistrée par le pouvoir. »
L’actualité chaude s’invite alors au débat comme la grève qui a paralysé cycliquement le complexe de Tosyali ou encore la fermeture temporaire du complexe sidérurgique Sider El Hadjar, pour cause de suspension de l’approvisionnement en matière première en provenance d’El Ouenza et de Boukhadra dans la wilaya de Tebessa.
Farthat Ait Ali répond alors à brûle pourpoint que Tosyali « est une monumentale arnaque de 2 milliards de dollars pour un laminoir qui produit théoriquement 1,5 Million de tonnes de métaux en tous genres, notamment du rond à béton. » L’intervenant enfonce Tosyali en le comparant à d’autres investissements de même vocation et autrement plus pertinents. Il cite une usine de 40 millions de dollars qui produit 700 000 tonnes ou encore cet investisseur chinois qui produit à partir de son usine de 28 millions de dollars, quelques 300 000 tonnes de fer. « Il est curieux que pareil outil fasse le cinquième des capacités de production de ce mastodonte de deux milliards de dollars ? Ce n’est pas de la croissance mais ceci participe de la même combine de pillage méthodique des ressources du pays. » Enfonce-t-il.
Mourad Goumiri estime quant à lui que les grèves perlées et tournantes, des usines incendiées, l’arrêt de production d’El Ouenza qui impacte El Hadjar…sont des singes avant coureurs. Prudent, il avertit : « Il y a une confusion des genres entre Hirak, lequel symbolise une revendication hautement et exclusivement politique et la grève syndicale. Encore faut il savoir si ces revendications sont recevables ou non dans un contexte pareil d’insurrection. »
Le monde adopte une position de « wait and see » vis-à-vis de l’Algérie en cette période cruciale. L’on observe sur quoi va déboucher le Hirak, et cet attentisme est déjà un préjudice en soi. Estime les invités de Radio M.
Le mélange des genres est mortel, comme cela a été vu avec le FCE lorsque il s’était mué en porte parole du gouvernement. Le Hirak et la grève purement syndical sont deux choses fondamentalement différentes et il faut faire le distingo entre les deux.
Les travailleurs doivent protéger et préserver leur outil de production. Concluent les animateurs de ce CEE.