En janvier, l’indice de confiance des patrons algériens a « progressé » en restant dans le négatif. Entretemps, les tensions politiques au sein du régime ont alourdit l’atmosphère. Des patrons ont « peur » a révélé, Slim Othmani.
L’indice de confiance global des patrons algériens est passé de « moins 22 » en décembre 2013 à « mois 9 » en janvier 2014. Un indice négatif même si l’agence de presse APS a titré sur une « Nette amélioration de la confiance des chefs d’entreprises en Algérie en janvier ». L’Indice de confiance élaboré par le Forum des chefs d’entreprises (FCE), qui traverse une phase de gros dilemme politique en raison des tensions politiques liées à la présidentielle, précise que cette « progression de 13 points » ne signifie pas pour les chefs d’entreprise « une amélioration substantielle de leurs activités économiques ». Cette progression reste à confirmer dans les prochains. Les progressions enregistrées concernent le « secteur des autres industries (hors agroalimentaires) dont l’indicateur passe de -30 en décembre 2013 à -5 en janvier 2014 soit une progression de 25 points et d’autre part celui du BTPH pour lequel on enregistre un indicateur qui passe à -18 en janvier 2014 soit une progression de 10 points ». A l’opposé, les industries agro-alimentaire, un secteur supposé le « moins vulnérable » en Algérie enregistre un indice négatif au cours des trois derniers moins, celui des services est également négatif depuis 9 mois « même s’il a progressé de 2 points en janvier par rapport à décembre d’autre part ». Pourquoi les patrons ne voient pas les choses en rose ? Une attitude « défavorable » à leur activité de part du système bancaire pour 18% d’entre eux alors que 78% pensent qu’il n’y a pas d’amélioration dans le comportement des banques. L’administration est également incriminée. Pour 64% des patrons, il n’y a aucune amélioration alors que 23% parlent même de « dégradation ». Un « sentiment » qui devrait susciter, au moins, quelques questions chez Abdelmalek Sellal, qui a fait de la lutte contre la bureaucratie un de ses grands mots d’ordre. La morosité des patrons est du également à un taux de change « pénalisant (63%) », à la concurrence des Biens et Services importés qui s’est « intensifiée au cours du 2ème semestre 2013 (47%) ou resté inchangée (53%) ». Autre source de déprime, la qualité des approvisionnements en eau, énergie n’a pas changé (74%) ou s’est améliorée (11%).
La « peur »
L’indice de confiance, négatif, ne prend pas en compte, les perturbations et les angoisses liées au contexte politique algérien devenu très tendu ces dernières semaines. Le Forum des Chefs d’entreprises n’a pas pu se prononcer sur un soutien à un quatrième mandat – comme l’a fait l’UGTA dans le plus pur style des « organisations de masse » du temps du parti unique – faute de quorum. Slim Othmani, patron de NCA a évoqué ouvertement la question en mettant en exergue le niveau, sans précédent, des pressions qui s’exercent sur les patrons. Dans un entretien au journal El Watan, il souligne qu’on tente « d’imposer des choses à des chefs d’entreprise par la force, par la contrainte et la menace ? Je pèse mes mots quand je parle de menaces, parce que certains d’entre nous commencent sérieusement à avoir peur ». Mais observe, l’économiste Abdelhak Lamiri, le «FCE s’est piégé lui-même il y a quelques années en entrant en politique. Dans ses statuts, l’organisation patronale ne devrait pas être un acteur politique, mais économique ». Les patrons peuvent-ils trouver dans les tensions politiques au sein du régime une occasion de « s’émanciper » politiques. Les patrons algériens, se demandent certains, auront-ils la capacité de se transcender et de faire de cette crise au sein du pouvoir une opportunité de se libérer de la «servitude politique»?