Au Maroc, le travail des enfants, en dépit des scandales de tortures ayant entraîné la mort de petites bonnes, n’est toujours pas réglementé. Un projet du gouvernement essuie les critiques des défenseurs des droits de l’homme.
Selon les statistiques officielles du ministère marocain du travail, il y a actuellement au Maroc près de 100.000 enfants qui travaillent comme domestiques de maison dans les grandes villes du pays. Dans les années 2010, ils étaient près de 600.000, selon le même ministère. Près de 10% des enfants qui travaillent pour faire vivre leur famille sont âgés entre 10 et 14 ans, 30.000 d’entre eux sont employés comme domestiques. En novembre dernier, Human Rights Watch avait appelé le Maroc à accorder des protections juridiques aux travailleurs domestiques qui soient conformes aux normes internationales. Cet appel est intervenu quelques mois après la mort, en mars 2013, de la petite Fatym (14 ans) martyrisée par son employeuse. L’adolescente avait succombé après de graves brûlures au visage et à la main. Un scandale qui a trouvé son épilogue judiciaire, le 23 janvier dernier, à Agadir, avec la condamnation de l’employeuse à 20 ans de prison. L’affaire Fatym est devenu emblématique des malheurs des « petites bonnes marocaines ; Le gouvernement a déjà approuvé en juin 2013 un projet de loi pour réglementer ma situation des travailleuses et travailleurs domestiques. Le projet n’a toujours pas été présenté devant le parlement et il devrait être remplacé par un autre prévoyant un contrat de travail, un salaire minimum, un jour de repos hebdomadaire, des congés annuels. Des sanctions financières sont prévues envers les employeurs -jusqu’à 450 euros- en cas d’infraction. Selon le texte, ce salaire ne devra pas être inférieur à 50% du revenu minimum, soit une centaine d’euros par mois.
L’urgence est d’interdire le travail des mineurs
Bouclé en juin dernier, ce projet « a été visé par le Conseil économique, social et environnemental (CESE), le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH). »Nous sommes complètement ouverts à toutes les propositions » du Parlement, souligne le ministre marocain de l’Emploi, Abdeslam Seddiki, qui avait reçu en janvier dernier les représentants de l’observatoire national des droits de l’enfant (ONDE). Mais, le projet, laissé pour la prochaine session parlementaire, est descendu en flèche par les ONG de protection de l’enfant. L’ONDE a appelé l’Etat à prendre les mesures nécessaires pour mettre en place un programme en vue d’assurer l’intégration, la protection et la formation des enfants travailleurs domestiques ainsi que leurs tuteurs. Khadidja Rouissi, députée du Parti Authenticité et modernité (PAM, opposition) et vice-présidente du parlement marocain, fustige l’instauration d’un salaire minimum « inférieur au Smic », sous prétexte que cela inciterait les employeurs à déclarer leur personnel ». Son inquiétude est également que ce texte autorise de fait le travail des enfants. »L’urgence est d’interdire le travail des mineurs. La place d’une fille de cet âge est à l’école », souligne Mme Rouissi.