Je connais Ihsane depuis longtemps et on a été complices (j’utilise le mot à dessein) dans plusieurs aventures éditoriales autonomes, dont celle de Radio M conçue dans la cuisine d’un appartement, rue Larbi Ben M’hidi. Je le connais tellement que j’éprouve de la gêne à en parler, comme la gêne que j’éprouve à parler de moi-même. Mais voilà, alors qu’aucune accusation officielle ne lui est encore signifiée, on entend un bruit de fond d’attaques de grande bassesse. Elles sont le fait d’anonymes programmés ou de courageux Algériens vivant tranquillement dans les capitales de l’empire qui en rajoutent en leçons de nationalisme à ceux qui se battent ici avec de faibles moyens pour faire avancer leur pays, pour le sortir des anachronismes et le préparer à un monde de plus en plus dur. Ce que ne savent pas ces tristes individus c’est qu’en cas d’atteinte à leurs droits, Ihsane El Kadi sera parmi les premiers à les défendre, ceux-la même qui jouent aux petits procureurs, qui lui reprochent tantôt d’être un gauchiste, un libéral ou un islamiste, ou encore un makhzénien, lui qui a toujours défendu le droit des Sahraouis à l’autodétermination.
Tout cela est bien sûr ridicule, ceux qui connaissent Ihsane savent qu’il a un amour passionné de ses compatriotes, qu’il connaît l’histoire de la violence infligée à son peuple et dont les traumatismes ne cessent de se transmettre, qu’il a une admiration profonde pour ceux qui ont déclenché le processus de libération du pays. Et cela le rend très exigeant en matière de revendication des droits individuels et collectifs. Dans notre société, les individus passent par des moments puissants de revendication suivis de périodes d’abattement. Ihsane, même durant ces périodes de reflux reste un passionné de la liberté, des libertés, pour les Algériens, y compris pour lui-même. Certains lui reprochent d’être téméraire mais lui considère que le plus grave c’est la stagnation du pays, c’est la perpétuation du discours essentialiste selon lequel les Algériens ne sont pas “prêts” pour les libertés et la démocratie. C’est au fond, l’estime profonde qu’il a de l’Algérie, de son histoire et son immense respect pour ses femmes et ses hommes, qui l’ont toujours animés. Il aime son pays et son peuple avec une passion vivante qu’aucune épreuve, qu’aucune rancœur ne pourront altérer.
Liberté à toi, mon ami.