Sur ordre du Ministère de l’Intérieur, l’association « Racines » a été dissoute par la justice marocaine il y a deux jours à cause de la diffusion d’une émission web sur l’état des libertés publiques au Maroc.
Cette association basée à Casablanca est une structure à but non-lucratif oeuvrant pour l’intégration de la culture dans les politiques publiques de développement humain, social et économique. « Racines est née de la volonté d’acteurs culturels marocains, convaincus que la problématique de la culture est commune aux pays africains et arabes : faiblesse d’implication de l’État en terme de politiques culturelles, non reconnaissance de la culture comme un droit humain, faibles industries créatives, protection insuffisante des droits des artistes, insuffisance de l’offre de formation aux métiers de la culture, etc » peut-on lire dans sa présentation. et d’ajouter « Les projets développés par Racines s’articulent autour de différents thèmes et engagements : politiques culturelles, arts et culture pour le développement social, entreprenariat, formation et renforcement des capacités des acteurs, liberté d’expression artistique, droits et statut de l’artiste » Rien de bien « révolutionnaire ou subversif » dans l’absolu.
Pourtant, la justice marocaine a eu la main lourde. Selon des sources citées par le HuffPost Maroc, cette décision a été prise suite à une plainte du Gouverneur de Casa-Anfa contre Racines pour « incompatibilité des opinions politiques de l’association avec ses statut ». Or, Racines n’a jamais inscrit d’opinions dans ses statuts.
La vrai raison de la répression à son encontre est d’avoir hébergé, en août dernier, l’émission web satirique « 1 dîner 2 cons » (1D2C), dont le numéro avait pour titre « l’épopée des nihilistes », en référence au terme choisi par le roi Mohamed 6 pour qualifier les manifestants du « Hirak » du Rif.
L’émission qui en était à son sixième numéro était un des rares espaces de débats libre dans le champs audiovisuel marocain. Elle avait defrayée la chronique à cause de la liberté de ton de ses invités qui ont évoqué sans détours des sujets sensibles comme la sexualité, la religion ou la politique.
Le directeur général de l’association Mehdi Azdem a confirmé samedi à des médias marocains que Racines été dissoute ce mercredi 26 décembre. Azdem a toutefois déclaré que l’association ne va pas communiquer pour l’instant sur sa mise en liquidation, vu qu’elle n’a pas «le détail du jugement».
La décision de justice a provoqué un véritable tollé sur les réseaux sociaux au Maroc.