Dans un rapport publié hier mardi et largement relayé par les médias français, l’ONG américaine de défense des droits humains, Human Rights Watch (HRW), a accusé les forces armées maliennes, suppléées par des «soldats étrangers», probablement en référence à des combattants russes, d’avoir sommairement exécuté, fin mars, quelque 300 personnes, dont certains seraient de présumés terroristes.
Human Rights Watch a indiqué que « les forces armées maliennes et les soldats étrangers associés auraient sommairement exécuté environ 300 hommes civils, dont certains seraient des combattants islamistes présumés, dans la ville de Moura, dans le centre du Mali, fin mars 2022 ».
Selon le document, « les hommes faisaient partie des personnes arrêtées lors d’une opération militaire qui avait débuté le 27 mars », ajoutant que « l’incident est la pire atrocité signalée dans le conflit armé qui dure depuis une décennie au Mali ».
Le communiqué explique que « les enquêtes de Human Rights Watch ont révélé qu’au cours de plusieurs jours, fin mars, les forces de l’armée malienne et des soldats étrangers « identifiés par plusieurs sources comme étant des Russes », ont exécuté par petits groupes plusieurs centaines de personnes qui avaient été rassemblées à Moura », soulignant qu’un communiqué du ministère malien de la Défense datant du 1er avril avait indiqué que du 23 au 31 mars, l’armée avait tué 203 « terroristes » et arrêté 51 autres.
Et d’ajouter que le communiqué indiquait que l’armée a agi sur la base de renseignements suggérant que des hommes armés prévoyaient une « réunion avec différents Katibats [bataillons] » à Moura.
Corinne Dufka, directrice à Human Rights Watch pour la région du Sahel, a déclaré que « les exactions commises par des groupes islamistes armés ne justifient en rien le massacre délibéré de personnes en détention par l’armée », ajoutant que « le gouvernement malien est responsable de cette atrocité, la pire au Mali depuis une décennie, qu’elle soit perpétrée par les forces maliennes ou des soldats étrangers associés ».
Elle affirme, en outre, que « Human Rights Watch s’est entretenu avec 27 personnes au courant des meurtres, dont des témoins de la région de Moura et des commerçants, des dirigeants communautaires, des diplomates étrangers et des analystes de la sécurité ».
Le communiqué annonce que « la grande majorité des personnes tuées par l’armée malienne et les forces alliées étaient des hommes de l’ethnie pastorale Peul ou Fulani », affirmant que « les villageois ont déclaré que Moura était sous le quasi-contrôle de combattants islamistes liés à AQMI qui imposaient régulièrement des impôts (zakat) aux villageois, menaçaient les civils refusant d’adhérer à leur code de conduite strict et imposaient la charia (loi islamique) devant des tribunaux qui ne l’ont pas fait respecter les normes d’un procès équitable ».
L’affaire a provoqué moult réactions, dont celles des Etats-Unis et de l’Union européenne, appelant à l’ouverture d’une enquête impartiale pour établir les faits et situer les responsabilités.
Notons que pour l’heure, Bamako n’a pas encore réagi à ces graves accusations.
R.I./Agences