Selon une étude de OCP Policy Center, la croissance de l’économie marocaine au cours de la décennie passée a eu pour principale source l’expansion de la demande interne, associée à des hausses des salaires. Toutefois, la stratégie de croissance du Maroc a montré qu’elle a atteint ses limites, exacerbées notamment par la nature du régime de change.
Selon une étude intitulée « Maroc – Stratégie de croissance à l’horizon 2025 dans un environnement international en mutation » conduite par le think tank marocain OCP Policy Center, ce pays a connu une croissance rapide pendant la première décennie de ce siècle. Ainsi, écrivent les auteurs de l’étude Pierre-Richard Agénor Karim El Aynaoui, durant les périodes 1990-1999, 2000-2009 puis 2010-2013, le taux de croissance annuel du Produit intérieur brut (PIB) réel est passé en moyenne, respectivement, de 3,2 % à 4,7 % et 3,9 %. »
Dans un contexte où la stabilité macroéconomique a été préservée et l’environnement des affaires amélioré, le Maroc « a poursuivi une stratégie basée fondamentalement sur l’expansion de la demande intérieure, particulièrement au niveau des investissements publics », souligne encore l’étude. Et d’ajouter que cette stratégie a eu des effets positifs indéniables « tant sur le plan économique que sur celui du développement humain ». Elle a surtout, estime OCP Policy Center, permis au pays de « croître à un taux proche de son taux potentiel, d’améliorer l’accès aux services d’infrastructure de base (eau potable, électricité et routes, particulièrement en milieu rural), d’augmenter l’espérance de vie de ses citoyens et de réduire la pauvreté et la vulnérabilité – en dépit d’un chômage persistant –, tout en maintenant l’inflation à des niveaux relativement faibles ».
Un ratio investissement public/PIB élevé
La performance du Maroc en matière de croissance au cours de la décennie passée a eu pour principale source l’expansion de la demande interne, associée à des hausses des salaires réels – en partie liées à celle du salaire minimum initiée par les pouvoirs publics – ainsi que des ratios d’investissement public élevés par rapport à leur norme historique.
En effet, le ratio entre investissement public et PIB du pays a atteint l’un des niveaux les plus élevés au monde, explique l’étude. Bien qu’ayant eu un effet positif sur les capacités de production, les données disponibles semblent suggérer que ces investissements ont aussi souffert de problèmes d’efficience et ont atteint des rendements marginaux décroissants, au moins dans certains secteurs, du fait principalement de biais dans leur allocation sectorielle et géographique.
Par ailleurs, l’investissement privé productif, particulièrement dans le secteur manufacturier, n’a pas augmenté autant que prévu, ce qui peut avoir été, selon OCP Policy Center, la conséquence de plusieurs facteurs : un effet de complémentarité limité associé au capital public, des effets d’éviction non négligeables et des progrès insuffisants, bien que notables au niveau de l’environnement des affaires. Tous ces facteurs peuvent avoir contribué à réduire les incitations à investir dans des activités qui permettraient au Maroc d’accélérer sa transition vers le haut de la frontière technologique mondiale.
Les imposées par le régime de change
Toutefois, l’étude relève que « bien que cette stratégie de croissance se soit révélée bénéfique pour le pays à plusieurs égards, un certain nombre d’indicateurs suggèrent qu’elle a atteint ses limites ».
Ces limites sont exacerbées par la nature du régime de change, « qui continue à entraver les ajustements opportuns du taux de change réel – notamment en réponse aux chocs sur les termes de l’échange – et contribue à détériorer la compétitivité du Maroc et à freiner sa capacité à diversifier la gamme de produits exportés par le pays, tout en encourageant les importations ». Cette hausse des importations contribue non seulement, observe l’étude, à accroître le déficit du compte courant de la balance des paiements à court terme mais également à favoriser la désindustrialisation à moyen et long termes.