Au Maroc, l’intrusion des NTIC dans la publicité a radicalement changé les mentalités. Et va créer une demande plus orientée vers le digital, estime un panel de spécialistes marocains de l’économie numérique.
Des experts estiment que l’investissement total du marché d’achat d’espace publicitaire serait au Maroc évalué à 3,4 milliards de dirhams. C’est du moins les estimations des opérateurs marocains du marché du marketing et de la publicité. Au cours d’une conférence mardi dernier à Casablanca, organisée par l’Association marocaine du marketing et de la communication, sous le thème ‘’Le marché publicitaire au Maroc, entre contraintes et transformations’’, des intervenants ont relevé que ‘’le Maroc est l’un des marchés les plus dynamiques en Afrique du Nord. Cet investissement est dominé par la télévision et l’affichage à 30% chacun, la radio draine 25% et la presse moins de 15%.’’ La publicité digitale a fait une croissance impressionnante depuis cinq ans, avec un taux à deux chiffres. Grosso modo, les publicitaires estiment que le total des investissements en achat d’espaces dans le digital oscille entre 200 à 300 millions de dirhams. Selon un communiqué diffusé lors de cette rencontre, ‘’le Maroc est dans la même configuration mondiale qui veut que Facebook et Google drainent 60 à 68% de cet investissement’’. En tout cas, cette évolution de la publicité vers le digital est ‘’plus favorisée par la possibilité de traitement et d’exploitation des données que n’offrent pas la presse écrite et difficilement les autres médias, et qui permettent de toutes nouvelles libertés pour les annonceurs, y compris la possibilité de créer des dispositifs immersifs et non-agressifs pour l’utilisateur’’, affirment des experts lors de cette rencontre.
La Data va bouleverser la publicité au Maroc
Le marché publicitaire marocain a drainé au cours des deux premiers mois de 2015 près de 6,4 milliards de dinars (640 millions d’euros environ). Des données compilées par la société Impérium Médias (IM) indiquent qu’au cours de l’année 2014, ce secteur a investi près de 1,35 milliard de dirhams en publicité, tous supports confondus: plus de 63 millions de dirhams consacré à l’affichage, 35,8 millions pour la presse écrite, environ 151 millions pour la radio, 507 millions pour la TV et 11 millions pour le cinéma. Maroc Télécom, Méditel et Inwi ont ainsi généré plus de 21% des revenus publicitaires drainés par les médias en 2015. Pour autant, ce n’est que durant ces deux dernières années que le digital commence à pénétrer le marché publicitaire. Selon un sondage « Digital Trends Morocco 2016 » présentée lors la 2e édition de l’African Digital Summit, organisée les 17 et 18 décembre 2016 à Casablanca, 40% des entreprises (banques, assurances, agroalimentaire) accordent aux publicités digitales un budget inférieur à 5% de leurs dépenses marketing/communication. Seulement 10% des annonceurs accordent plus de 25% de leur budget au digital, explique le Groupement des Annonceurs du Maroc (GAM), qui a réalisé cette étude. Sur les 600 annonceurs interrogés lors de ce sondage, 50% d’entre eux déplorent « le manque de budget », et 46% déplorent « la rareté des ressources humaines spécialisées ».
Baisse du CA en 2016
Pour autant, le début de l’année 2016 a été morose. Le marché s’est contracté de 6% au 1er trimestre 2016 par rapport à la même période en 2015, à 1,123 milliard de DH, indique le GAM selon lequel les recettes publicitaires de la presse ont fondu de 16,19%, tandis que celles de la radio ont chuté de 11,73% contre +2,85% pour la télévision et +138% pour le Cinéma. Pour le digital, le chiffre d’affaires réalisé serait, selon une moyenne établie par le GAM, de l’ordre de 102 millions de DH. ‘’Nous restons prudents car pour ce support nous sommes dans une logique annuelle et non trimestrielle comme pour les autres supports’’, précise M. Jazouli. Les télécoms sont toujours en tête des annonceurs au Maroc avec 276 MDH, suivis des banques et finances avec 121 millions de DH, en baisse cependant de 8,63%. Les investissements du secteur du divertissement et loisirs ont aussi fléchi de 9%, à 97 MDH, et ceux de l’alimentaire de 13%, à 80 millions.