Face à une consommation électrique en croissance continue, le gouvernement marocain a amendé la Loi relative aux énergies renouvelables afin d’attirer les investissements dans le secteur de l’énergie solaire et éolienne.
Les objectifs d’efficacité énergétique établis par la Stratégie énergétique nationale de 2008 visent à porter la part de l’électricité renouvelable à 42 % d’ici l’horizon 2020 et à 52 % d’ici à 2030. Pour y parvenir, le gouvernement a amendé à la fin de l’année dernière la Loi relative aux énergies renouvelables initialement promulguée en 2010.
Ces réformes devraient renforcer la participation des investisseurs privés à la filière grâce à un système de facturation nette de l’énergie des centrales solaires et éoliennes raccordées au réseau à haute tension.
Si les modalités exactes de ce système restent à fixer, les investisseurs ayant misé sur l’électricité verte pourront revendre leur production excédentaire, à condition de ne pas dépasser le seuil de 20 % de leur production annuelle.
Ces évolutions législatives ont également ouvert l’accès au réseau basse tension du pays, ce qui devrait encourager le développement des petites et moyennes installations d’énergie renouvelable.
Une moindre dépendance aux importations
Bien que les cours bas du pétrole aient permis de réduire la facture énergétique nationale de 28 % en 2015 (soit 6,6 milliards de dollars), et d’abaisser le déficit extérieur courant de près de deux points de pourcentage (soit 2,1 % du PIB), la dépendance du pays aux marchés mondiaux de l’énergie est globalement considérée comme une faiblesse.
La consommation électrique augmente de 5 à 6 % par an depuis 1991, et alors que l’activité industrielle et la population continuent de croître, le Maroc devrait voir sa demande énergétique multipliée par cinq d’ici à 2050.
Le royaume répond déjà à 97 % de ses besoins énergétiques par le biais d’importations. La production nationale ne pourra donc que bénéficier du développement des énergies renouvelables du pays.
Exploitation de l’énergie solaire
Pour se donner les moyens d’atteindre ses objectifs, le Maroc s’est doté en 2009 d’un Plan solaire pour tirer parti de l’important potentiel solaire du pays, dont le rayonnement se chiffre à environ 2,6 MWh par mètre carré.
Le royaume a ainsi alloué 9 milliards de dollars au développement de projets photovoltaïques et de centrales solaires thermodynamiques à concentration. Au fil de leur déploiement, le solaire devrait représenter 14 % du mix énergétique d’ici à 2020, soit 2 GW.
Le plus important et le plus avancé de ces projets est celui de Noor, situé à Ouarzazate, dans le Sud du Maroc. Ce site de 2 000 hectares sera doté d’une capacité de 580 MW d’ici à son achèvement en 2018.
La première phase du projet, baptisée Noor I, a été lancée en février. D’une capacité de 160 MW, cette centrale peut stocker jusqu’à trois heures de production et alimenter en électricité 650 000 habitants depuis l’aube jusqu’à trois heures après le coucher du soleil.
Seules quelques centrales de ce type existent dans le monde. Mais cette technologie intéresse de plus en plus, car elle permet de produire de l’énergie même en l’absence d’ensoleillement, d’où des mécanismes tarifaires plus compétitifs que ceux des panneaux solaires.
La seule autre centrale thermo-solaire en service au Maroc est celle d’Ain Beni Mathar (470 MW). Achevée en 2010, elle combine énergie solaire et thermique. Son développement a été financé à hauteur d’environ 75 % (381 millions de dollars) par des prêts de la Banque africaine de développement.
Le vent en poupe
Le gouvernement ne compte pas s’arrêter au solaire pour compléter son mix énergétique. La capacité éolienne du pays devrait passer de 800 MW en 2015 à 2 GW en 2020, selon l’agence d’investissement Invest in Morocco.
Avec ses 3 500 kilomètres de côtes le long de l’Océan atlantique et de la Méditerranée, ses montagnes de l’Atlas et du Rif, le Maroc enregistre des moyennes annuelles de vitesse de vent élevées en différents points de son territoire. Les zones aux alentours de Tanger et de Tétouan se prêtent particulièrement bien au développement de parcs éoliens, vu leur proximité au réseau électrique national et la vitesse du vent de 8,11 mètres par seconde à 10 mètres au dessus du niveau du sol.
Les capacités marocaines seront également renforcées grâce à une filiale de l’entreprise énergétique nationale d’Abu Dhabi (TAQA), appelée TAQA Morocco. Elle devrait prochainement entamer la construction d’un parc éolien de 140 MW près de Tanger. Une première phase de 60 MW devrait voir le jour en 2017.
Le Marocain Nareva est à la tête de la plus grande réalisation éolienne du Maroc, appelée Tarfya, situé près de la ville éponyme dans le sud du pays. A son achèvement en 2014, ce parc fournissait une capacité supplémentaire de 300 MW, en sus des 200 MW générés par les trois autres parcs éoliens déjà exploités par cette entreprise dans le royaume.
Selon les estimations officielles, le site de Tarfya permet d’économiser 900 000 tonnes en émissions de dioxyde de carbone, et environ 200 millions de dollars en importations d’hydrocarbures chaque année.
Grâce à ces projets énergétiques de grande envergure, ainsi qu’à l’organisation de la 22ème édition de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, le Maroc a pu gagner en visibilité en tant que producteur d’énergie renouvelable.
Alors que l’UE envisage sérieusement de signer avec le Maroc un accord d’importation d’électricité renouvelable en vue d’intégrer les deux marchés énergétiques, le royaume a toute latitude pour asseoir sa bonne réputation en la matière.