La tension monte entre l’Algérie et l’Espagne. La mise en garde du ministère de l’Energie de rompre le contrat gazier avec l’Espagne, dans le cas où le gaz algérien est livré au Maroc, a fait réagir le gouvernement de Pedro Sánchez.
La vice-présidente de la transition écologique, Teresa Ribera, a assuré ce jeudi 28 avril, que « pas une seule molécule du gaz qui arrive au Maroc n’est en provenance d’Algérie ».
Pour Ribera, l’Algérie est « un pays fiable et digne de confiance » avec lequel l’Espagne entretient « une relation appréciée et de très longue date, qui doit continuer à l’être ».
En affirmant encore une fois que pour l’Algérie « il est extrêmement pertinent que son gaz n’atteigne pas le Maroc », Ribera a estimé par contre qu’ « il est nécessaire de répondre à l’appel du Maroc pour chercher une alternative à ses besoins électriques et industriels, mais en garantissant qu’il ne s’alimente pas en gaz algérien ».
«Le gaz qui sera envoyé au Maroc proviendra d’autres producteurs»
Par ailleurs, selon le quotidien espagnol El Mundo, des sources gouvernementales ont affirmé que le gaz qui sera envoyé au Maroc « ne proviendra en aucun cas d’Algérie, mais d’autres producteurs internationaux ». Les mêmes sources expliquent que le gaz (qui provient d’autres producteurs que l’Algérie) « atterrit en Espagne sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL) et de là, il passe par le gazoduc ».
« En toute transparence, le Maroc pourra acquérir du GNL sur les marchés internationaux, le décharger dans une usine de regazéification de la péninsule et utiliser le gazoduc maghrébin pour rejoindre son territoire », expliquent les sources du quotidien espagnol.
Pour le gouvernement espagnol, « cette mesure répond à la demande du Maroc d’un soutien espagnol pour garantir sa sécurité énergétique sur la base de ses relations commerciales, à laquelle l’Espagne a positivement consenti comme elle devrait le faire avec tout autre partenaire ou voisin ». Les autorités espagnoles ajoutent, à ce propos, que « l’activation de ce mécanisme a été discutée avec l’Algérie ces derniers mois et aujourd’hui, elle a été communiquée au ministre algérien ».
Un argument difficile à justifier !
Face aux explications du gouvernement Sánchez, le quotidien espagnol s’est demandé comment serait-il possible de garantir que le gaz qui entre par l’une des usines de regazéification situées dans les ports espagnols, n’est pas le même que celui qui finit par être transféré par le gazoduc GME vers le Maroc ?
Dans ce cas de figure, l’opérateur espagnol Enagás, dont le capital est contrôlé par l’État, devra veiller à certifier l’origine du gaz revendu au Maroc, afin d’éviter une montée des tensions avec l’Algérie. « Ce qui pourrait affecter la principale voie d’approvisionnement de l’Espagne en gaz », souligne le média espagnol.
Rappelons que le ministère de l’Énergie a indiqué dans un communiqué publié par l’APS, qu’il avait appris par un courriel envoyé par la vice-présidente de la transition écologique, Teresa Ribera, que l’Espagne rouvrira le Gazoduc Maghreb Europe (GME) dans les prochaines heures dans son sens inverse, pour livrer du gaz au Maroc.
« Tout transport de gaz naturel algérien livré en Espagne, dont la destination n’est autre que celle prévue dans les contrats, sera considéré comme un manquement aux engagements contractuels, et par conséquent, pourra entraîner une rupture du contrat qui lie Sonatrach à ses clients Espagnols », a prévenu le département de Mohamed Arkab.
Il est à noter que les deux pays traversent une crise diplomatique après que l’Espagne ait accepté le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental basé sur l’autonomie de ce territoire.