Le ministre de la Justice marocain Mustapha Ramid, veut lutter contre la corruption, qui gangrène particulièrement l’administration et les institutions publiques. Cet ex-enfant terrible du barreau de Casablanca avant que son parti, le PJD, ne remporte les premières élections législatives de septembre 2011 dans la foulée de ‘’printemps arabe’’ veut traquer la corruption et les corrupteurs par un simple…coup de téléphone.
L’annonce de cette nouvelle initiative du gouvernement de Abdelilah Benkirane a étonné plus d’un. C’est le 5 janvier dernier, à l’occasion d’une rencontre sur la réforme de la justice, qu’il a rendu publique sa méthode de lutte anti-corruption au Maroc. Il s’agit, selon M. Ramid, d’une ligne téléphonique gratuite qui sera confiée à des hauts cadres relevant de la Direction des affaires pénales et de grâce. Selon Ramid, ‘’les appels les plus convaincants auront la chance d’être suivis par le Parquet général’’. Et, pour donner toute sa crédibilité à cette mesure, le ministre marocain de la Justice compte ainsi confier cette mission à de hauts cadres de son département, et non pas à des subalternes, ironise la presse électronique du Royaume. Ainsi, les ‘’appels les plus convaincants auront la chance d’être suivi par le parquet général, qui devrait mener des enquêtes sur des allégations de corruption’’, estime Ramid. Au début du mois de décembre et dans la foulée du rapport 2013 de Transparency Interbnational sur l’indice de corruption au Maroc, Abdelilah Benkirane avait annoncé la détermination de son gouvernement de ‘’prendre d’urgence les décisions efficientes pour lutter contre le phénomène de la corruption’’. Il ajoute en outre qu’en tant que ‘’gouvernement responsable, on doit admettre que notre pays n’a pas réalisé les progrès escomptés en matière de lutte contre la corruption (…)’’.
Réserves de TM
Du côté de Transparency Maroc, on reste bien sûr réservé sur la proposition du ministre marocaine de la justice. ‘’Ce projet (du ministre de la Justice) ne constitue en aucun cas une nouveauté. D’autres départements (Santé, enseignement…) ont annoncé, par le passé, le recours à ce genre de procédé sans réel succès’’, estime Rachid Filali Meknassi, Secrétaire Général de Transparency Maroc. Cité par le site marocain Yabiladi, il ajoute que ‘’le problème de la lutte contre corruption est assez délicat au Maroc pour qu’il soit résorbé par la mise en place d’une ligne téléphonique. Dans l’ensemble, la mesure est utile à condition d’être accompagnée par des mécanismes de suivi’’. Et puis, il s’interroge : ‘’Comment une simple plainte par téléphone d’un citoyen lambda fera-t-elle l’objet d’une enquête de la part du parquet général alors que de nombreux rapports de la Cour des comptes qui abondent en milliers d’infractions dûment constatées par des juges attendent d’être examinés par la justice ?’’ Le Maroc a été classé en 2013 à la 91éme position dans le classement mondial effectué par Transparency International sur un total de 177 pays. La Tunisie a été classée 77eme, l’Algérie 94eme, la Mauritanie 119 eme et la Libye à la 172éme position.