L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait confirmer sa stratégie de maintien de sa production à des niveaux élevés, lors de sa réunion à Vienne ce vendredi, l’Arabie saoudite ayant indiqué aux autres membres du cartel qu’elle ne comptait pas proposer de baisse du plafond.
Trois délégués de l’Opep et d’autres sources rapportent que le plafond de production sera maintenu à 30 millions de barils par jour (bpj), le cartel s’en tenant à sa stratégie de défense de sa part de marché plutôt que de chercher à faire remonter les cours, qui sont tombés à leur plus bas niveau en près de sept ans.
Interrogé sur la probabilité que l’Opep laisse sa politique inchangée, le ministre angolais du Pétrole, Jose Botelho de Vasconcelos, a dit : « Je le pense, je le pense. Mais il vaut mieux attendre parce que nous allons analyser la situation. »
L’Opep devrait même repousser sa décision de procéder à un relèvement technique du plafond de production pour prendre en compte jusqu’à l’an prochain le retour de l’Indonésie au sein du cartel. L’organisation pourrait toutefois relever le plafond officiel pour l’aligner sur la production effective, qui dépasse le plafond d’environ 1,5 million de bpj.
Il est peu probable, dit-on de mêmes sources, que l’Arabie saoudite présente une proposition formelle de baisse de la production que Ryad conditionne à une décision similaire des pays non-Opep.
L’Iran d’avant les sanctions
Lors d’une réunion ministérielle informelle tenue jeudi, le ministre saoudien du pétrole, Ali al Naïmi, a dit que le royaume « ne propose pas une réduction d’un million de bpj », selon une source rapportant les propos d’un des ministres.
« (Le ministre) a dit que l’Arabie saoudite resterait ferme sur sa position de refus de toute réduction de la production qui n’aurait pas été préalablement coordonnée avec les pays non-Opep, ce qui vise à l’évidence la Russie. »
La revue spécialisée Energy Intelligence rapportait jeudi que Ryad était disposé à défendre une réduction d’un million de bpj à condition que l’Irak accepte de geler sa production, que l’Iran contribue et que les pays hors Opep réduisent eux aussi leur production. Une source saoudienne a dit à Reuters que cette information était « sans fondement ».
La Russie et l’Irak ont rapidement réagi en disant qu’ils n’avaient aucun projet de réduction de leur production et l’Iran a signalé qu’il se réservait la possibilité de relever fortement la sienne dès que les sanctions occidentales qui pèsent sur lui seraient levées, sachant que les autres membres de l’Opep profitent depuis trop longtemps des sanctions qui ont maintenu son offre à des niveaux artificiellement bas.
Le ministre saoudien du Pétrole a déclaré vendredi matin que la croissance de la demande mondiale pourrait absorber la hausse prévisible de la production iranienne et son homologue iranien, Bijan Zangeneh, a fait savoir que Téhéran ne serait disposé à discuter de quotas dans le cadre de l’Opep, ou d’autres dispositions, qu’une fois que le pays aura retrouvé ses niveaux de production d’avant les sanctions.
S’adapter à la réalité
Le ministre irakien du Pétrole, Adel Abdel Mahdi, a annoncé de son côté que son pays augmenterait encore la production l’an prochain, après l’avoir fortement relevée en 2015, tout en ajoutant que l’Iran avait également le droit de produire davantage une fois les sanctions occidentales levéées.
« Aucune action ne sera prise parce qu’il y a d’énormes désaccords entre les membres, encore plus importants maintenant que l’excédent d’offre ne vient plus seulement des pays du Golfe, mais de l’Iran, qui est disposée à se battre pour récupérer sa part de marché », a observé la source informée par l’un des ministres de l’Opep.
L’issue de la réunion est claire mais on ne peut exclure l’éventualité que l’Opep reconnaisse que la production est de facto nettement supérieure au plafond officiel, qui serait ainsi relevé à 31,5 millions de bpj pour s’adapter à la réalité.
L’Opep a renoncé à faire respecter les quotas il y a plusieurs années de cela et la plupart de ses membres produisent autant qu’ils veulent.
Le ministre russe de l’Energie, Alexander Novak, a estimé jeudi que l’Opep devrait porter ses niveaux de production au plus près de la réalité. Un ajustement du plafond pourrait contribuer à rapprocher l’Opep des pays non-Opep. La dernière collaboration entre les deux blocs remonte à près de quinze ans : ils avaient limité la production et soutenu les cours à la suite de la crise financière de 1998.
Le prix du baril a baissé de plus de moitié en 18 mois, passant de 115 dollars à environ 45 dollars. Le relèvement des taux d’intérêt américains, attendu pour la mi-décembre, pourrait accentuer cette baisse des cours, qui s’explique principalement par l’excès de l’offre face à une demande atone.