Sonatrach veut rattraper son retard dans la pétrochimie. Elle prévoit des investissements de 36 milliards de dollars sur dix ans pour devenir un géant du secteur.
Sonatrach affiche ses ambitions dans le domaine de la pétrochimie. Le géant pétrolier algérien prévoit un plan d’investissement de 36 milliards de dollars en dix ans, fractionnés en deux grandes étapes, selon M. Abderrezak Harkat, directeur exécutif pour la pétrochimie à Sonatrach.
Le plan de Sonatrach répond à deux grandes questions : que produire pour répondre aux besoins de l’industrie nationale, et selon quel timing ? Cela a débouché sur un plan en deux phases. La première s’étend jusqu’à 2020, et prévoit des investissements de 18 milliards de dollars. Le projet phare en sera ce que Sonatrach appelle CPNK bis. Il comprendra près de vingt unités de production, pour produire 16 produits de base, totalisant 2.5 millions de tonnes par an.
Le second volet comprendra des produits à partir du gaz, dont le méthanol et ses dérivés, le polypropylène, le caoutchouc synthétique, destiné notamment à une usine de pneumatiques. Le projet phare, dont les études sont en voie de finalisation, sera installé à Skikda. Ce second plan coûtera lui aussi 18 milliards de dollars, mais il sera affiné quand les échéances seront plus proches, a indiqué M. Harkat au cours d’une émission de radio.
Quatre milliards de dollars d’importations
Ces investissements sont destinés à produire les matières de base nécessaires pour une relance de l’industrie de transformation dans le pays. L’Algérie importe actuellement pour quatre milliards de dollars de produits chimiques et pétrochimiques. Avec ces projets, elle vise à équilibrer sa balance en devises pour les produits pétrochimiques, avant de dégager des excédents quand les nouveaux produits trouveront leur place sur le marché international.
Cet impératif d’exportation a dicté le choix des partenaires pour ces projets, selon M. Harkat. Comme les capacités du marché algérien sont limitées, il faudra aller à l’exportation, ce qui a motivé le choix des partenaires, a-t-il dit. Ceux-ci doivent non seulement avoir le volume nécessaire pour participer aux projets, mais ils doivent être présents sur le marché international pour y placer ces produits.
M. Harkat a tenu des propos tranchés. Il faut « des partenaires fiables », qui soient déjà « présents sur le marché international », et qui sont « en mesure d’organiser l’exportation ». Ce choix exclut de fait les petits opérateurs algériens, qui n’ont pas l’envergure nécessaire.
Diversifier les produits
En parallèle, de grands projets sont en cours de réalisation. L’un, avec l’égyptien Orascom, pour la production d’ammoniac, le second, avec un groupe omanais, pour l’urée. Les deux projets coûteront quatre milliards de dollars, et devraient dégager un chiffre d’affaires de 450 millions de dollars par an, selon M. Harkat.
Reconnaissant que l’Algérie a accusé du retard dans le domaine de la pétrochimie, M. Harkat a déclaré qu’il espère une « excellente balance devises » à la fin du processus. Cela passera par le développement d’une pétrochimie de base, pour offrir aux opérateurs algériens des produits actuellement importés, et d’aller, dans une seconde étape, à une « chimie fine », avec des produits destinés aux nouvelles industries.
Par ailleurs, ces annonces de Sonatrach interviennent alors que le gouvernement développe un discours sur la réindustrialisation du pays, pour arriver à une croissance de 7 % à l’horizon 2017 et faire entrer l’Algérie dans le club des pays émergents.