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Pourquoi la réindustrialisation de l’Algérie ne peut pas commencer sous Bouteflika (Opinion)

Par Maghreb Émergent
novembre 7, 2014
Pourquoi la réindustrialisation de l’Algérie ne peut pas commencer sous Bouteflika (Opinion)

Algérie Economie

 

L’idéal pour l’Algérie serait d’avoir à la fois la démocratie tunisienne et l’attractivité économique marocaine. C’est la lecture économique de la semaine d’El Kadi Ihsane.

Le gouvernement algérien veut réindustrialiser le pays. Il organise pour cela des assises avec comme horizons la diversification de l’économie. Le risque est réel que cela soit une fois de plus un coup pour rien. La théorie économique au sujet du syndrome hollandais a déjà tout expliqué. Un niveau important de revenus d’exportations énergétiques provoque des biais en série. Sur la balance des paiements, sur le taux de change, sur le niveau général des prix. L’Algérie nage dans le syndrome hollandais depuis la remontée des cours du brut en 2004-2005. L’incitation à produire algérien est barrée par la compétitivité des importations. Pour réindustrialiser l’Algérie, il faut commencer par rendre les importations plus chères, notamment celles des biens finis. Il faut ensuite, comme aime à le rappeler le professeur Abdellatif Benachenhou depuis deux ans, changer l’allocation des ressources budgétaires. Moins de subventions à la consommation. Plus de soutien à l’investissement productif. Cela correspond en gros à un programme politique impopulaire : dévaluation du dinar et réduction des subventions. Personne sous Bouteflika ne le fera. C’est entendu. Donc pourquoi des assises sur la compétitivité  de l’Algérie et sa réindustrialisation ? Peut être parce que  la diversification devient enfin une urgence, même si la capacité politique à la mettre à l’œuvre n’est toujours pas là. L’automne est la saison des grands arbitrages économiques. Plus lourds de conséquence cette année. Les assises sur la compétitivité de l’Algérie vont alimenter les discussions sur  le prochain plan quinquennal est encours d’élaboration. Connexion évidente. L’investissement public ne sera plus le seul moteur de la croissance algérienne les prochaines années. Ou alors la croissance sera atone. Comment alors faire émerger une autre croissance basée sur la valeur ajoutée des entreprises ? Les pistes sont heureusement nombreuses. Le temps perdu ces dix dernières années oblige à des mesures audacieuses.  Un bond en avant des investissements directs étrangers en Algérie est clairement nécessaire aujourd’hui pour réduire les gaps nombreux. Toutes les conditions sont réunies pour se fixer comme objectif 10 milliards de dollars d’IDE par an en Algérie à partir de 2018. La Pologne l’a fait durant dix ans avant la crise des subprimes. La aussi le verrou est politique. Mais peut être que celui-ci va sauter plus facilement que les autres. La diversification économique ? Il faut bien commencer un jour quelque part.

 

Le Maroc a connu une grève générale le 29 octobre dernier. Les deux centrales syndicales ont appelé à une journée de protestation soutenue par une cohorte d’organisations et des partis de l’opposition politique. Cible principale du mécontentement, un projet de réforme de la retraite qui rallonge la durée des années de cotisations pour réduire le déficit des deux caisses publiques d’assurance sociale.  2014 aura été une année difficile pour la conjoncture marocaine. Une clôture de la croissance sans doute plus près des 2,5% (Centre marocain de la conjoncture) que des 3% (FMI) ; un taux de chômage qui est symboliquement repassé le printemps dernier au dessus de la barre des 10% et un ralentissement  du rythme de réduction de la pauvreté enregistré la décennie précédente. Le Maroc a pourtant mieux résisté à la crise de la zone Euro que la Tunisie. Sa croissance est restée régulièrement supérieure à 3,5% depuis 2010, dernière année avant le printemps arabe. En réalité le Maroc vit, avec ses moyens de pays à revenus intermédiaires, le scénario de la diversification que cherche à atteindre timidement l’Algérie. La balance commerciale est régulièrement « sauvée » depuis deux ans par la croissance des exportations dans l’automobile et l’électronique. L’OCP, la Sonatrach du Phosphate, reste la première entreprise du pays, mais le Maroc est sortit de l’économie primaire. Celle d’un pays exportateur net de matière première. La conjoncture devrait même s’éclaircir pour lui en 2015 avec un soulagement de la balance des paiements grâce à des importations de pétrole moins chères et à une poursuite des effets de la politique d’attraction des investissements étrangers couplés au dynamisme du privé Marocain. Le CMC prévoit un rebond de la croissance à 4,9%  en 2015. Une année où pourtant l’opposition accuse le gouvernement Benkirane de vouloir faire voter un budget d’austérité. Tout l’inverse  de l’Algérie.

 

La Bourse de Tunis a salué l’issue de l’élection législative du 26 octobre dernier. Une croissance de 5 points sur les quatre premiers jours de l’indice Tunindex qui révèle un regard optimiste des investisseurs sur l’avenir du pays. La côte de la « start up Democracy » a gagné en valorisation. Grâce à des élections libres. La ou d’autres pays ont engagé un virage vers leur enfer. Cependant tout est loin d’être réglé dans un pays qui peut évoquer ce que sera l’Algérie dans dix ans si elle rate le virage de la diversification.  Des déficits publics importants, une balance des paiements négative, un taux de chômage supérieur à 15% et un processus démocratique pour réguler autrement la vie publique. L’idéal à dix ans pour l’Algérie serait donc d’avoir à la fois la démocratie tunisienne et l’attractivité marocaine adossées à des revenus extérieurs ou le pétrole et le gaz auront connu un sort indonésien. Un idéal est un programme en politique.

 

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