En cette période de vaches maigres qui caractérise le secteur des hydrocarbures, le groupe pétrolier national, Sonatrach, a engagé une série de signatures de Mémorandums d’entente (MoU) avec de nombreuses sociétés étrangères.
Ces protocoles d’entente (MoU) (Memorandum of Understanding), annoncés par Sonatrach en grande pompe, ne sont en vérité que des déclarations d’intention à la suite d’échanges totalement formels et amicaux, sans aucune conséquence économique, dans la mesure où ils n’engagent en rien l’entreprise publique avec ses partenaires, en matière de projets concrets ou d’investissements.
Fin juillet, Sonatrach a annoncé avoir signé deux Mémorandums d’entente, l’un avec la société pétrolière et gazière (OMV) et l’autre avec le groupe espagnol CEPSA. Des documents qui engageraient Sonatrach ‘’en discussion’’ avec les partenaires étrangers, en vue d’identifier les possibilités de réaliser des investissements conjoints.
Toujours dans la catégorie « effets d’annonce », le P-DG de Sonatrach, Toufik Hakkar n’a pas manqué de déclarer dans une interview publiée ce début du mois d’août, que le groupe public a procédé de la même manière avec ExxonMobil, Chevron, Lukoil, Zarubezhneft et TPAO, et que d’autres suivront.
Hakkar confie que « c’est pour encadrer tout le processus et définir les termes, les conditions, les domaines et les méthodes de coopération, que Sonatrach signe des protocoles d’entente avec ces partenaires potentiels ».
Des textes de loi qui tardent à venir
Mais peut-on parler d’engagement avec les entreprises étrangères au moment où l’Algérie n’a toujours pas pondu les textes d’application relatifs à la loi sur les hydrocarbures ? Des textes qui permettront la relance des investissements et du partenariat étranger, et de renouer avec la croissance et la productivité.
Le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, avait indiqué en juillet dernier, que sans les textes d’application de la loi sur les hydrocarbures, « nous ne pouvons pas développer des partenariats. La mise en œuvre de cette loi permettra une plus grande attractivité du marché malgré la crise financière actuelle aggravée par la pandémie du Covid-19 », a-t-il souligné.
Pour sa part, le P-DG de Sonatrach a indiqué que cette nouvelle loi prévoit des mesures incitatives qui ont vocation à attirer les investisseurs étrangers, notamment celles relatives à la diversité des formes contractuelles, et à la fiscalité simplifiée et allégée. Il a même révélé qu’« un nombre non négligeable de grandes sociétés pétrolières ont manifesté un intérêt à venir investir en Algérie sous le régime de cette loi ».
Les grandes compagnies pétrolières accusent des pertes gigantesques !
Mais dans le contexte actuel, il est très difficile de parler d’investissement étranger. Les grandes compagnies pétrolières mondiales, très peu habituées à perdre de l’argent, sont en train d’essuyer la plus grave déconvenue financière de leur histoire, qui se chiffre en plusieurs dizaines de milliards de dollars, en raison de la chute des cours du brut engendrée par la pandémie du coronavirus.
Le manque à gagner des géants pétroliers américains et européens, tels que Chevron, ExxonMobil, Royal Dutch, BP, Shell et Total, culmine à plus de 50 milliards de dollars nets au total, au deuxième trimestre, selon les résultats que les majors ont publiés ces derniers jours.
Le géant américain ExxonMobil a subi plus d’un milliard de dollars de pertes au deuxième trimestre de l’année en cours. Son compatriote Chevron a, quant à lui, annoncé une baisse de ses revenus de l’ordre de 8,3 milliards de dollars.
Une situation assez pénible pour ces entreprises, qui se sont vues forcées d’adopter des mesures urgentes pour réduire leurs coûts et leurs investissements.
Selon le cabinet spécialisé Rystad Energy, les approbations de nouveaux projets pétroliers et gaziers devraient ainsi chuter de plus de 75% cette année.
Des difficultés qui ne font qu’accélérer la diversification des activités des géants du secteur, qui s’orientent vers les énergies propres, dont les perspectives sont prometteuses.
Une tendance qui pourrait, néanmoins, remettre en cause la politique de partenariat étranger de Sonatrach qui reste, elle, fixée sur l’exploitation, le développement et la production des énergies fossiles.
La crise du coronavirus n’a, apparemment, pas encore dit son dernier mot et les répercussions de cette pandémie pourraient chambouler toutes les prévisions.