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Quelles perspectives pour le cours du pétrole lors de la 10e réunion Comité ministériel conjoint de l’OPEP et non OPEP (JMMC) 22/23 septembre 2018 à Alger?

Par Maghreb Émergent
septembre 18, 2018
Quelles perspectives  pour le cours du pétrole lors de la 10e réunion Comité ministériel conjoint de l’OPEP et non OPEP (JMMC) 22/23  septembre 2018 à Alger?
le cours du pétrole était en demi journée du 18 septembre 2018 à 79,00 dollars le Brent et 69,58 le Wit. La 10e réunion Comité ministériel conjoint de suivi de l’accord de réduction de la production pétrolière des pays de l’OPEP et non OPEP (JMMC)  étant  composé de quatre pays membres de l’OPEP (Algérie, Arabie Saoudite, Koweït et Venezuela) et de deux pays non membres de l’OPEP  (Russie et Oman)  se tiendra en principe les 22/23  septembre 2018 à  Alger.

Elle examinera les développements récents du marché et le rapport fourni par le comité technique mixte concernant le suivi des niveaux de conformité globaux des pays participants .Cette réunion  se tiendra dans une conjoncture particulière à savoir  le déclin des exportations du Venezuela, de la Libye , des tensions au  Nigeria, des sanctions US contre  l’Iran, de cette guerre commerciale entre les USA, l’Europe et la Chine   visée par les surtaxes pouvant influer  sur un éventuel  ralentissement de l’économie mondiale.

1.-Rappel de l’Accord de Vienne du 30 novembre  2016

 

Avant de décider d’une réduction de la production de 1,2 millions barils/ jour, l’OPEP  représentait seulement 33% de la production mondiale commercialisée mondiale, les 67% restants se faisant hors OPEP, n’ayant  plus le même impact sur le marché que dans les  années 70. .  Bon nombre d’experts  s’interrogent  sur la tentation pour les producteurs de «maquiller» des déclins naturels, liés à l’épuisement de certains gisements et déjà intégrés aux prévisions, afin de les faire passer pour des réductions volontaires. Suite aux travaux du comité de haut niveau, qui a permis d’aplanir les tensions notamment entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, la dernière réunion à Vienne de décembre 2016 a permis aux pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et certains pays non-OPEP dont le plus important est la Russie de parvenir à un accord de réduction et ce pour la première fois depuis 2008 de l’offre de pétrole de 1,8 million de barils/jour. Selon l’Accord de Vienne de décembre 2016, cet accord ayant  été prolongé jusqu’à fin 2018,  les limites de production prévues par l’accord touchent 11 des 14 pays membres de l’OPEP. L’essentiel de l’accord du 30 novembre 2016 est porté par les plus gros producteurs du cartel : Arabie Saoudite, Irak, Émirats arabes unis, Koweït, tandis qu’Iran, Nigeria et Libye en ont été exemptés. Seule l’Iran a bénéficié de la référence la plus favorable avec un volume de 3,97 Mb/j retenu (contre un niveau de 3,69 Mb/j, bien que l’Iran ait souhaité à cette période  que sa production remonte à 4,2 Mb/j. L’Arabie saoudite premier exportateur mondial de pétrole, a accepté de ramener sa production à 10,06 millions de barils par jour (bpj) et donc de réduire sa production de 500 000 barils. Les pays non-OPEP présents ont convenu d’une réduction de 558.000 barils/j qui s’ajoute à la réduction de 1,2 million de bpj des pays OPEP. Pour les non OPEP, la Russie sera le plus important de ces contributeurs avec une réduction de 300 000 bpj.

 La répartition des quotas de l’Opep a été la suivante :

-L’Algérie dispose d’un quota de 1,089 million de barils jour, avec une réduction de 50.000 barils/jour son quota passe à 1,039 million barils/j,

-L’Angola  passant de 1,751 million barils/jour à 1,679 barils/j,

-L’Arabie Saoudite passant de 10, 544 million barils/j à 10,058 barils/j,

-Les Emiraties Arabes Unies passant de 3,013 barils/j à 2,874 barils/jour,

-L’Equateur passant de 548.000 barils/jour à 522.000 barils/j,

-Le Gabon de 202.000 barils jour à 193.000 barils/jour,

-L’Iran de 3,975 millions barils/jour à 3,797 millions barils/j,

 L’Irak de 4,561 millions barils/j à 4,351 millions barils/j,

-Le Koweït de 2,838 millions barils/j à 2, 707 millions barils/j,

-Le Qatar (pays essentiellement gazier 3ème réserve mondiale de gaz traditionnel après la Russie et l’Iran), 648.000 barils/j à 618.000 barils/j,

-Le Venezuela, paradoxe le premier réservoir de pétrole mondial avant l’Arabie Saoudite mais un pétrole lourd actuellement en semi-faillite, de 2,067 millions de barils/j à 1,972 millions de barils jour.

Les  autres pays hors OPEP concernés par l’accord conclu sont :

-la Russie 300.000 barils jour de réduction dont la production russe de pétrole

-le Mexique (2,1 Mb/j en octobre/novembre 2016)

-le Kazakhstan (1,7 Mb/j) ;

-Oman (1 Mb/j) ;

-l’Azerbaïdjan (0,8 Mb/j) ;

-la Malaisie (0,7 Mb/j) ;

-la Guinée équatoriale (0,2 Mb/j),

-le Soudan du Sud (0,1 Mb/j) ;

-le Soudan (0,1 Mb/j) ;

-le Brunei (0,1 Mb/j).

Dans les faits, l’essentiel de cette baisse est assuré par les deux plus grands producteurs de ce groupe hétérogène : la Russie (- 0,3 Mb/j) et le Mexique (- 0,1 Mb/j)

2.-L es  neufs facteurs déterminants le cours du pétrole 

 

 Quelles sont les raisons.  Je recense neuf   facteurs déterminants interdépendants   des cours  du pétrole 2018/2020/2030, facteurs essentiellement exogènes dont l’Algérie  a une  marge d’action limitée.

-La première raison, sont les tensions géostratégiques au Moyen Orient   les sanctions  position des USA  contre  l’Iran, qui  bouleverse toute la stratégie de l’OPEP, certes timidement atténué par la position européenne.  La donne géostratégique dont les tensions avec l’Iran, qui reproche d’ailleurs à la Russie et à l’Arabie Saoudite de vouloir lui prendre des parts de marché,  la situation  sécuritaire en Irak, Syrie, au Nigeria  et  au Yémen, le déclin de la production vénézuélienne,  dans cette conjoncture particulière a fait hausser le cours d’au moins 7 à 9 dollars par baril, le prix d’équilibre arrangeant tant producteurs que les consommateurs selon les avis des experts russes et saoudiens étant de 70 dollars.

-La deuxième raison, comme vient de le souligner le FMI et la Banque mondiale   est la croissance qui risque de chuter avec les rivalités  à la fois américano -européennes et américano  chinoise sur les mesures protectionnistes US ayant un  impact négatif sur le commerce international, certains   organismes comme la Morgan Bank avertissant sur les possibilités d’une crise équivalente à celle de 2008 avec le ralentissement de l’économie mondiale.   Mais l’on doit être attentif également aux nouvelles mutations du mode de croissance du fait de la quatrième révolution économique mondiale impliquant un nouveau  modèle économique et  énergétique  (efficacité et mix)

-La troisième raison, est le respect, globalement, du quota des membres de l’Opep décidé en décembre 2016 à Vienne,

-La quatrième raison, est l’introduction du pétrole-gaz schistes américain qui a bouleversé toute la carté énergétique mondiale. Selon  les observateurs internationaux, le cours souhaitable ne devrait se situer à pas 70 dollars pour ne pas pénaliser la croissance mondiale  et  afin d’éviter l’entrée massive du pétrole et du gaz de schiste US dont les gisements marginaux, qui sont les plus nombreux, deviennent rentables à un cours supérieur à 60 dollars.

 -La cinquième  raison, est l’entente hors Opep entre l’Arabie saoudite et la Russie, ces deux pays produisant plus de 10 millions de baril/ jour

.La sixième  raison, est la situation politique en Arabie saoudite, les Bourses ne voyant pas encore clair de l’action du prince héritier dans la lutte contre la corruption, avec la crainte de tensions politiques internes, mais surtout de la vente de 5% d’actions d’une partie de la grande société Aramco, afin de maintenir l’action à un niveau élevé, vente qui a été reportée pour 2019 .

 -La septième  raison, est la tension au Kurdistan, cette zone produisant environ 500000 barils/jour, la baisse de la production vénézuélienne, les tensions en Libye et au Nigeria

 -La huitième   raison, est la baisse ou la hausse du dollar par rapport à l’euro.

– La  neuvième  raison,  est la baisse ou la hausse  des stocks américains tout en n’oubliant pas les stocks chinois

3- Quelles perspectives ?

 

Comment combler les exportations de l’Iran  d’environ 2,7 millions de barils jour avec les risques du développement d’un marché informel inférieur au prix du marché ?  Qu’en sera t-il en cas de vives tensions du fait que l’Iran contrôle le détroit d’Ormuz situé dans une zone stratégique à l’extrémité des eaux du Golfe, entre l’Iran au Nord, Oman et les Emirats arabes unis au sud ,ou transite environ 30% des exportations mondiales d’hydrocarbures ? Telle est l’équation   géostratégiques échappant aux fondamentaux qui peut avoir des incidences sur le cours  du pétrole. Le 16 septembre 2018 selon plusieurs quotidiens et agences internationales l’hebdomadaire Der Spiegel, le quotidien économique Handelsblatt. et l’AFP  les Européens envisagent d’instaurer un circuit commercial alternatif, une sorte de troc à grande échelle, pour contourner les sanctions américaines et permettre à l’Iran de continuer à exporter du pétrole vise par des canaux de paiement indépendants du dollar. Si par exemple l’Iran vendait du pétrole à une entreprise espagnole, et qu’un fabricant allemand de machines-outils équipait une installation à Téhéran, la somme correspondant à la livraison du pétrole servirait directement à payer le fournisseur allemand. C’est selon ces infirations,  du troc sophistiqué,  l’acheteur payant  des droits de compensation qui donnent à l’Iran  un droit d’achat de biens de première nécessité », précisant que des pays tiers comme la Chine ou l’Inde pourront y être associés. Pour l’instant l’Iran les seuls marchés potentiels se trouvent en Asie et notamment en Chine : pour preuve, le retrait de Total a été comblé par le géant pétrolier chinois. L’investissement massif de la Chine, en n’oubliant pas l’Afrique,  en Iran risque de bouleverser toute la carte géostratégique de la région.  Selon l’OPEP la différence entre 102 dollars et 45 dollars  depuis juin  2014  avant le redressent des cours  a occasionné une perte de 1.000 milliards de dollars en termes de revenus et 1.000 milliards de dollars en termes de pertes d’investissement.  Une étude de l’OPEP montre en moyenne que la rentabilité pour bon nombre pays OPEP  pour équilibrer leur budget, le prix  qui couvre les frais et une marge de profit raisonnable,  doit se situer entre 70/90 dollars, variant selon les pays et la durée de vie  des gisements et des couts.  Le grand problème sera de revoir la politique des subventions des énergies fossiles qui pénalisent la transition énergétique. Chaque année dans le monde, 5. 300 milliards de dollars (10 millions de dollars par minute) sont dépensés par les Etats pour soutenir les énergies fossiles, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI) rapport pour la COP21. Or, il semble bien que la majorité des dirigeants du monde ont pris conscience de l’urgence d’aller vers une transition énergétique. Car si les Chinois, les Indiens, le continent Afrique, avaient le même modèle de consommation énergétique que les USA, il faudrait cinq fois la planète terre. En cas d’une mutation du modèle de consommation énergétique au niveau mondial, (l’avenir à l’horizon 2030  étant hydrogène), cela pourrait  influencer horizon   2025/2030/2040,  le niveau des prix des énergies fossiles vers le bas au profit d’autres sources d’énergie.

3.-Et l’Algérie ?

 Pour l’Algérie, en ce mois de septembre  2018, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach et encore pour bien longtemps procurant directement et indirectement 98% des recettes en devises du pays, facteur principal de la dépense publique qui détermine  le taux de croissance, le taux de chômage,  le niveau des réserves de change et l’audience internationale tant politique qu’économique. Tout en n’oubliant pas  que les  recettes de Sonatrach sont représentés à environ 33% par le gaz dont le prix de cession sur le marché libre est  coté le 18 septembre 2018  à seulement à 2,81 dollars le MBTU d’une baisse de plus de 40% par rapport à 2010 alors que l’investissement dans le gaz  est très capitalistique  et à rentabilité à moyen et long terme. Qu’en s erat-il des nouvelles négociations lorsque les contrats dans leur majorité arrivent à expiration ? Toutefois, une satisfaction de court terme  pour l’Algérie suite à une conjoncture favorable pour 2018.  La loi de finances a été établie à 50 dollars le baril. Pour un cours moyen de 70 dollars durant toute l’année,  cela occasionnerai environ un gain de 12 milliards de dollars  par rapport à ce plafond, ce qui limiterai le recours important au financement non conventionnel  dont  montant des titres émis réalisée dans le cadre de l’article 45 bis de la loi relative à la monnaie et au crédit de 2003 modifiée et complétée en octobre 2017.Cette modification stipule que la Banque Algérie procède, à titre exceptionnel et durant une période de cinq années, à l’achat directement auprès du Trésor, de titres émis par celui-ci, à l’effet de participer, notamment à la couverture des besoins de financement du Trésor, au financement de la dette publique interne et au financement du Fonds National d’Investissement (FNI) Le montant s’est établi à 3.585 milliards de dinars jusqu’au 31 mai 2018. Mais attention aux dérives  car  contrairement aux discours démagogiques, cela  a un effet inflationniste, lorsque  ces montants ne sont  pas  destinés aux  segments non créateur de valeur  ajoutée dans le cadre des valeurs internationales.  C’est une loi universelle, loin des slogans démagogiques des politiques et l’expérience récente  la plus vivante est celle de la faillite vénézuélienne, première réserves pétrolières au monde, près de 300 milliards de barils contre 10/12 pour l’Algérie  D’où l’importance pour l’Algérie des décisions lors de la prochaine du JMMC les 22/23 septembre 2018 à Alger surtout après les sanctions américaines contre l’Iran où toute transaction en dollars avec ce pays est interdite. .. [email protected]

Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane  Mebtoul –Directeur d‘études Ministère Energie-Sonatrach  1974/1979- 1990/1995-2000/2007

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