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Rapport 2018 du PNUD et de la banque mondiale sur l’indice du développement humain : urgence pour l’Algérie de s’adapter à la  quatrième révolution  économique mondiale 2020/2030

Par Abderrahmane Mebtoul
octobre 13, 2018
Rapport 2018 du PNUD et de la banque mondiale sur l’indice du développement humain : urgence pour l’Algérie de s’adapter à la  quatrième révolution  économique mondiale 2020/2030
Deux rapports 2018 traitent de l’indice du développement humain, qui ne  donnent  pas les mêmes résultats (utilisant certainement des méthodes de calcul différentes) celui du PNUD et récemment le 11 octobre 2018 celui  de la banque mondiale.

Ces deux rapports montrent l’urgence de l’adaptation aux nouvelles mutations géostratégiques mondiales, étant  à l’aube de la quatrième révolution économique mondiale ,qui sera largement  dominée  par le primat de la connaissance  et de la bonne gouvernance, fondement du développement du XXIème

1.- L’indice du PNUD

Les derniers rapports du Programme des Nations Unies pour le développement  (PNUD), examinent les liens, positifs et négatifs, entre le travail et le développement humain dans un monde en rapide évolution, où la globalisation rapide, les transitions démographiques, les défis écologiques  et beaucoup d’autres facteurs créent de nouvelles opportunités, mais présentent aussi des risques, ce qui génère des gagnants et des perdants .Dans sa récente publication du rapport sur l’indice de développement humain 2018 ,  ce rapport consacre une fois encore le faible positionnement de l’Afrique. Les 10 pays les moins bien classés sur un total de 179 évalués par le rapport sont africains. Le Programme des Nations Unies pour le Développement révèle qu’au-delà de l’amélioration générale constatée dans les conditions de vie des peuples, de nombreux défis subsistent. Les hommes vivent peut-être plus longtemps, mais cela ne change pas grand-chose à leurs qualités de vie.

De centaines des milliers de jeunes achèvent des programmes scolaires et supérieurs et pourtant, ils n’ont aucune garantie quant à la possibilité de trouver un travail décent. Selon le PNUD pour  l’année 2017, (édition de 2018) , les niveaux d’IDH moyens ont considérablement augmenté depuis 1990 – de 22 % à l’échelle mondiale et de 51 % dans les pays les moins développés  Un examen plus poussé des éléments constituant l’IDH livre des données sur la répartition inégale des résultats en matière d’éducation, d’espérance de vie et de revenu au sein des pays. L’Indice de développement humain ajusté aux inégalités permet de comparer les niveaux d’inégalités internationales : plus ce niveau est élevé, plus l’IDH d’un pays diminue. Des variations considérables de la qualité de l’éducation, des soins de santé et de nombreux aspects essentiels de la vie sont observées d’un pays à l’autre. Une classe du cycle primaire compte en moyenne 39 élèves pour un enseignant en Afrique subsaharienne et 35 en Asie du Sud, mais 16 à 18 dans les pays de l’OCDE, en Asie de l’Est et Pacifique, ainsi qu’en Europe et Asie centrale. D’autre part, tandis que 28 et 27 médecins respectivement soignent 10 000 personnes dans les pays de l’OCDE et d’Europe, et dans les pays d’Asie de l’Est et Pacifique, ces chiffres sont réduits à huit seulement en Asie du Sud et moins de deux en Afrique subsaharienne. La Norvège, la Suisse, l’Australie, l’Irlande et l’Allemagne dominent le classement des 189 pays et territoires du plus récent Indice de développement humain (IDH) diffusé ce jour par le Programme des Nations Unies pour le Développement, tandis que le Niger, la République centrafricaine, le Soudan du Sud, le Tchad et le Burundi occupent le bas du tableau des résultats nationaux en matière de santé, d’éducation et de revenu.

Le passage d’un grand nombre de pays à la catégorie supérieure de l’IDH traduit une tendance globale à l’amélioration continue du développement humain : sur les 189 pays pour lesquels l’IDH est calculé, 59 appartiennent aujourd’hui à la catégorie « développement humain très élevé » et 38 seulement à la catégorie « développement humain faible », par rapport à 46 et 49 respectivement il y a huit ans (2010). L’indice de développement humain ou IDH a été développé en 1990 par l’économiste pakistanais Mahbub ul Haq et l’économiste indien, prix Nobel d’économie Amartya Sen. L’IDH est un indice composite, compris entre 0 (exécrable) et 1 (excellent), calculé par la moyenne de trois indices.

Le premier aspect ( A) quantifie la santé/longévité (mesurées par l’espérance de vie à la naissance), qui permet de mesurer indirectement la satisfaction des besoins matériels essentiels tels que l’accès à une alimentation saine, à l’eau potable, à un logement décent, à une bonne hygiène et aux soins médicaux adopté par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en 1990. Il est plus fiable que l’indicateur précédent utilisé, le PIB par habitant, qui ne donne pas d’information sur le bien-être individuel ou collectif quantifiant que la production économique.

Le deuxième aspect (B) est le savoir ou niveau d’éducation mesuré par le taux d’alphabétisation des adultes (pourcentage des 15 ans et plus sachant écrire et comprendre aisément un texte court et simple traitant de la vie quotidienne) et le taux brut de scolarisation (mesure combinée des taux pour le primaire, le secondaire et le supérieur). Il traduit la satisfaction des besoins immatériels tels que la capacité à participer aux prises de décision sur le lieu de travail ou dans la société.

Le troisième aspect ( C) est le niveau de vie (logarithme du produit intérieur brut par habitant en parité de pouvoir d’achat), afin d’englober les éléments de la qualité de vie qui ne sont pas décrits par les deux premiers indices tels que la mobilité ou l’accès à la culture donnant ainsi IDH = A D E/divisé par trois.  .

2.-L’indice de la banque mondiale

Dévoilé dans le cadre des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI en ce mois d’octobre 2018, , l’indice du capital humain fait partie des enjeux abordés dans l’édition 2019 du Rapport sur le développement dans le monde intitulé The Changing Nature of Work, qui traite de l’importance d’investir dans le capital humain pour se préparer au travail de demain Pour 126 des 157 pays couverts par l’indice, les données ont pu être ventilées par sexe.

Le nouvel indice du capital humain montre que 56 % des enfants nés aujourd’hui dans le monde seront privés de plus de la moitié de leurs revenus potentiels à l’âge adulte parce que les États ne font pas les investissements nécessaires pour produire une population éduquée, résiliente et bien portante, prête pour le monde du travail de demain.  L’indice du capital humain mesure le niveau de capital humain qu’un enfant né aujourd’hui est susceptible d’atteindre d’ici ses 18 ans, compte tenu des services de santé et d’éducation dans son pays. Il mesure la distance qui sépare un pays d’une situation optimale de scolarisation et de santé. Selon ce rapport que je cite « « le capital humain est souvent le seul capital des personnes les plus pauvres. C’est un des facteurs essentiels d’une croissance économique durable et inclusive.

Pourtant, les investissements dans la santé et l’éducation n’ont pas reçu l’attention qu’ils méritent. Cet indice établit un lien direct entre l’amélioration de la santé et l’éducation des populations, la productivité et la croissance économique. Espèrons qu’il encouragera les pays à prendre des mesures urgentes et à investir plus et mieux dans leur population. Tous les pays, peu importe leurs niveaux de revenus, doivent développer leur capital humain pour pouvoir soutenir la concurrence dans l’économie du futur ».

Ainsi,  cette mesure intègre trois facteurs :

– Survie : un enfant né aujourd’hui atteindra-t-il l’âge d’aller à l’école ?

Scolarité : quelle sera la durée de sa scolarité et quels seront ses acquis ?

Santé : cet enfant sortira-t-il du système scolaire en bonne santé, prêt à poursuivre ses études ou à entrer sur le marché du travail à l’âge adulte

3..-Et le classement de l’Algérie ?

Selon l’indice du PNUD, entre 1990 et 2017, l’IDH de l’Algérie est passée de 0,577 à 0,754, soit une augmentation de 30,6%, selon le rapport du PNUD. L’indice a maintenu une courbe ascendante progressant de 0,644 en 2000 à 0,749 en 2015 puis à 0,754 en 2017 dans la catégorie des pays ayant un niveau de développement humain élevé. L’Algérie est venue en 2017 à la 85ème place de ce classement des pays  en hausse comparé au 0,752 obtenue en 2016 mais qui avait, alors, placé l’Algérie à la 83ème place de ce palmarès qui évalue les efforts de 189 pays et territoires en la matière. L’Algérie a amélioré sensiblement son classement au niveau africain et pointe ainsi à la deuxième place, juste après les Seychelles  près avoir figuré cinquième dans l’édition de 2016. Au plan maghrébin, l’Algérie devance de le Maroc (123ème place), la Tunisie (95ème place), la Libye (108ème place), la Mauritanie (159ème place) et l’ ’IDH de l’Algérie en 2017 demeure supérieur à la moyenne de 0,699 obtenu par les pays arabes, selon la note explicative qui lui a été consacrée. L’espérance de vie à la naissance en Algérie a enregistré une légère progression de 76,1 ans en 2016 à 76,3 ans en 2017, mais avec une légère différence de 77,6 ans pour les femmes et 75,1 ans pour les hommes. Suivant la même tendance, la durée attendue de la scolarisation est passée de 14,3 ans à 14,4 ans, alors que la durée moyenne est restée la même pour  ces deux années à 8 ans. La scolarisation est un peu plus élevée chez les femmes que les hommes s’affichant l’année dernière à 14,6 ans contre 14,1 ans. L’écart entre les deux sexes se creuse concernant l’indice PNB par habitant où les hommes cumulent 23.181 dollars contre seulement 4.232 pour les femmes. L’indice global pour le PNB par habitant s’est chiffré à 13.802 l’année dernière dollars contre 13.809 dollars en 2016. Selon l’indice de la banque mondiale  de 2018, les  28 pays « pionniers » sont l’Arabie saoudite, l’Arménie, le Bhoutan, le Costa Rica, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie, la Géorgie, l’Indonésie, l’Iraq, la Jordanie, le Kenya, le Koweït, le Lesotho, le Liban, le Malawi, le Maroc, l’Ouzbékistan, le Pakistan, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Pérou, les Philippines, la Pologne, le Rwanda, le Sénégal, la Sierra Leone, la Tunisie et l’Ukraine. Mais l’Afrique est en bas de l’échelle.  Dans ce tableau de 157 pays, les pays pour les africains, les  Seychelles  43ème mondial réalisent un indice national de 0,68 point. Ce qui signifie pour la Banque, que le «potentiel économique» futur de la population (et du pays dans son ensemble) est amputé de 32%. Ce qui suppose également de lourdes pertes économiques, et une réduction annuelle de la croissance du PIB dans les années à venir. Les Seychelles sont suivies de l’Île Maurice (52ème mondiale avec 0,63), l’Algérie (93ème mondial avec 0,52), du Kenya (94ème mondial avec 0,52), la Tunisie (96ème mondial avec 0,51) et du Maroc (98ème mondial avec 0,50). Quant autres grands du Continent, ils n’ont pas de meilleurs indices et sont perdus au fond du classement. C’est l’exemple de l’Egypte (104ème mondial avec 0,49), l’Afrique du sud (126ème mondial avec 0,41) ou du Nigeria (152ème mondial avec 0,34).

 En résumé, il faut le reconnaitre en Algérie, en majorité, beaucoup d’efforts dans l’éducation en termes d’investissement mais  la baisse alarmante du niveau  ayant misé sur la quantité et non la qualité, tant de l’école que des universités, une inadaptation de la formation professionnelle aux nouvelles mutations, une importante déperdition du primaire au secondaire, puis du secondaire aux universités, , excepté pour environ 20% ( dont une partie  s’expatrie –fuite des cerveaux ). C’est le  constat   en fonction de mon  expérience en tant que professeur des universités de 1974 à 2018.   Et c’est dans ce cadre qu’il  faut prêter une attention mondiale   particulière aux indices du développement humain  du PNUD et de la banque qui  constituent une percée importante dans le domaine de l’utilisation d’indicateurs plus crédible que le produit intérieur brut (PIB). Mais selon de nombreux experts internationaux ces indicateurs comportent des lacunes importantes dont principalement : le choix et la pondération des indicateurs retenus  ; la qualité et la fiabilité des données servant à les calculer qui sont très variables d’un pays à l’autre ;l’utilisation  des moyennes, sans tenir compte des inégalités tant socio professionnelles que spatiales, voilant donc la concentration du revenu national au profit d’une minorité rentière ; le niveau tant de la scolarisation que de la santé, varient considérablement selon les pays et enfin  certains indicateurs sociaux sont difficilement quantifiables faussant les comparaisons d’un pays à l’autre. Aussi, l’analyse qualitative doit suppléer nécessairement à la déficience quantitative.

Il est par ailleurs souhaitable tant pour l’indice du PNUD que celui de la banque mondiale , de compléter cet indice par de nouveaux indicateurs qui prennent en compte la participation, le genre, la jouissance des droits de l’homme, les libertés publiques, l’intégration sociale la durabilité environnementale et pour les pays du tiers monde le poids de la sphère informelle, tout cela supposant un appareil statistique performant et adapté aux situations sociales. En bref , il devrait inclure les normes de la bonne gouvernance dont notamment  les indices de corruption et de transparence dans al gestion de la Cité renvoyant d’ailleurs à déclaration officielle le 12 octobre 2018 de  l’ambassadeur des Etats Unis d’Amérique Mr John Desrocher, qui ne fait que traduire d’ailleurs les préoccupations des investisseurs tant nationaux qu’étrangers  pour qui en Algérie «  attirer d’autres investissements nécessitera plus de transparence, plus de prévisibilité et un meilleur accès aux marchés »

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Professeur des universités,  Abderrahmane MEBTOUL expert international

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