Dans son dernier rapport sur les salaires 2022-2023 publié aujourd’hui à Genève , l’Organisation internationale du travail ( OIT) met en garde contre la hausse de l’inflation et appelle à des mesures d’urgence bien conçues pour empêcher un accroissement des niveaux de pauvreté, des inégalités et des troubles sociaux.
Selon cette nouvelle étude, l’inflation affecte le pouvoir d’achat des classes moyennes et frappe de manière particulièrement sévère les ménages à faible revenu. Cette hausse rapide est l’une des principales préoccupations dans le monde. Elle s’est traduite, selon le rapport, par des tensions constatées sur les prix au cours des deux derniers trimestres de l’année 2022.
Cette tendance pourrait toutefois s’atténuer en 2023. Si les projections de l’OIT suggèrent que l’inflation pourrait continuer à progresser pour atteindre 8,8% au niveau mondial, d’ici à la fin de l’année, ce taux pourrait retomber à 6,5 % en 2023 et à 4,1 % en 2024. Mais, en l’absence d’indexation des salaires et autres types de revenu du travail en fonction de l’inflation, le niveau de vie de nombreux travailleurs et de leurs familles pourrait être amené à se détériorer. Et ce d’autant que pour la première fois, depuis plus de vingt ans, les salaires mensuels dans le monde sont tombés en termes réels à moins 0,9 % au premier semestre 2022.
En Afrique, par exemple, l’OIT relève une forte baisse de la croissance des salaires réels de 10,5 % en 2020, puis de 1,4 % en 2021 et de 0,5 % au premier semestre 2022. Dans les États arabes, le rapport évoque, selon les données récoltées, une faible croissance des salaires à hauteur de 0,8 % en 2020, de 0,5 % en 2021 et 1,2 % en 2022.
Cette crise du coût de la vie intervient, faut-il le noter, après les pertes salariales significatives subies par les travailleurs et leurs familles pendant la crise du COVID-19. En effet, dans de nombreux pays, la crise a touché plus lourdement les catégories à faible revenu.
D’ailleurs, selon le rapport, la hausse de l’inflation a des conséquences plus lourdes sur le coût de la vie pour les personnes à faible revenu qui dépensent une grande partie de leur revenu disponible pour des biens et des services essentiels, dont les prix augmentent généralement davantage que ceux des produits non essentiels. C’est le cas essentiellement pour les produits alimentaires de base, dont les prix ont fortement augmenté notamment en Algérie ou l’inflation a frôlé les 10% en septembre dernier.
Ajustement du salaire minimum
Résultat : cette pression inflationniste ne fait que grignoter de manière rapide selon la même source la valeur réelle du salaire minimum dans de nombreux pays. Une situation qui appelle à la mise en place d’un plan d’attaque efficace. Comment ? En réponse à cette préoccupation, les experts de l’OIT recommandent l’ajustement des taux de salaire minimum de manière adéquate à travers l’intensification du dialogue social tripartite et la négociation collective sur cette question.
Parmi les autres mesures, ils préconisent la distribution de bons pour les ménages à faible revenu afin de les aider à acheter des biens essentiels et la réduction de la TVA sur certains produits pour réduire le fardeau de l’inflation. «Nous devons prêter une attention toute particulière aux personnes ayant un emploi et qui se situent au milieu et au niveau inférieur de l’échelle des salaires. La lutte contre la détérioration des salaires réels peut contribuer à maintenir la croissance économique qui peut, à son tour, aider à revenir aux niveaux d’emploi observés avant la pandémie. Il s’agit là d’un moyen efficace de réduire la probabilité ou l’ampleur de récessions dans tous les pays et dans toutes les régions du monde », affirme dans ce cadre Rosalia Vazquez-Alvarez, l’une des auteurs du rapport.