Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a plaidé hier jeudi en faveur d’une force africaine au Mali, avec un «mandat robuste» de l’ONU, afin d’empêcher le pays de s’effondrer.
Le Conseil de sécurité doit se pencher en juin sur le renouvellement du mandat de la Minusma qui, créée en 2013, déploie environ 13.000 soldats et des milliers de policiers et personnels civils dans ce pays secoué par les violences, jihadistes notamment.
Le débat aura lieu à la lumière des développements observés depuis le renouvellement de la force en juin 2021 pour un an: annonce du retrait des forces françaises et européennes, arrivée de centaines de Russes présentés par Bamako comme des instructeurs, maintien du régime actuel malgré son engagement initial à organiser des élections en février 2022…
« La situation réelle, c’est que, sans la Minusma, le risque d’écroulement du pays serait énorme », a dit Antonio Guterres, auquel la radio française RFI demandait, dans un entretien diffusé mercredi et jeudi, s’il demanderait le renouvellement du mandat de la Minusma.
« Je ne vais pas proposer qu’on termine cette mission, parce que je crois que les conséquences seraient terribles. Mais elle se déroule dans des circonstances qui, vraiment, demanderaient, (non) pas une force de maintien de la paix mais une force robuste d’imposition de la paix et de la lutte antiterroriste », a dit M. Guterres.
« Il faut que cette force robuste soit une force africaine, de l’Union africaine, mais avec un mandat du Conseil de sécurité sous chapitre 7 et avec un financement obligatoire », a-t-il dit. Le chapitre 7 de la Charte des Nations unies permet le recours à la force armée en cas de menace contre la paix.
Vers des prérogatives plus fortes de la Minusma
Les pays africains sont les plus gros contributeurs de la Minusma en soldats. Celle-ci est critiquée pour les limites de son mandat et différents dirigeants africains réclament des prérogatives plus fortes.
M. Guterres concède que la tâche est ardue. Constater que la Minusma a perdu à elle seule en 2021 plus de Casques bleus que toutes les missions de l’ONU à travers le monde, « c’est pour nous vraiment une situation (…) très dure », a-t-il admis.
Quelque 170 membres de la Minusma ont été tués depuis 2013 dans des assauts menés par des jihadistes ou des explosions de bombes artisanales.
M. Guterres a reconnu une « coopération très difficile » entre la Minusma et l’armée malienne sur les droits humains. Elle attend toujours la permission des autorités pour dépêcher ses experts à Moura (centre), théâtre en avril d’un massacre de 300 civils.
R.I./Agences