Pour l’auteur de cette contribution, la riposte à la candidature de M. Bouteflika à un 4e mandat pourrait être aussi… médicale. Les médecins algériens, écrit-il, doivent exiger la radiation de ce collègue anonyme qui a délivré au chef de l’Etat un faux certificat de bonne santé. C’est à ce prix, écrit-il, qu’ils rétabliront l’honneur de leur profession perdu par un toubib véreux fût-il présidentiel.
Mon ami Abbès, professeur de son état, a fait une très pertinente remarque. Il s’est demandé si nous n’étions pas à la veille d’un « 7-11-87 » à l’algérienne… Tout en rappelant que face à la détérioration de la santé mentale et physique de feu le président Habib Bourguiba, paix à son âme, les patriotes tunisiens avaient réuni un panel de sept médecins au-dessus de tout soupçon…Ces médecins avaient rendu un verdict qui est rentré dans l’histoire… Durant un très bref instant, je me suis mis à rêver, puis je me suis vite ravisé, me souvenant qu’en Algérie, il manque toujours quelque chose…et d’abord un général Ben Ali, qui aurait la bonne idée d’aller réunir ces sept médecins au-dessus de tout soupçon.
Pourtant, il va bien falloir passer par là car l’affaire est par essence médicale.. Qui oserait remettre en cause le verdict d’un collège de médecins algériens scrupuleux et jaloux de leur patriotisme et, surtout, inamovibles défenseurs du serment d’Hippocrate ? Après l’éventualité d’une validation de la candidature de Bouteflika par le conseil constitutionnel, la forfaiture viendrait certainement du certificat médical que l’un de leurs collègues aura commis.
Je reconnais que je n’y comprends rien en matière d’AVC, mais au vu des images du candidat lors du dépôt de dossier entre les mains de Mourad Medelci, le président du Conseil constitutionnel, le doute n’est plus de mise. Je me demande lequel parmi les braves pères de familles de ce pays confierait la garde de ses enfants à un monsieur qui a perdu l’usage d’une partie importante de ses fonctions. C’est pourquoi, si forfaiture il y a, elle sera médicale ou ne sera pas.
Ce qu’un médecin hésitant aura commis seul, un collège de médecins choisis par leurs pairs sera à même de le récuser en toute déontologie, afin de rétablir l’honneur perdu de la profession. Autrement, je suggère que les milliers de médecins que compte ce pays s’expriment à travers une prise de position claire et sans bavures. D’abord pour dénoncer la dérive de leur collègue, ensuite pour demander sa radiation pour exercice hasardeux voire déshonorant de la médecine et, enfin, pour démontrer à la face du monde que malgré des conditions de travail exécrables et des salaires minables, les toubibs de ce pays ont une haute conscience de leur statut et de leur place dans la société. Pour cela, ils se doivent de mettre au ban des accusés le ou les toubibs qui auraient émis un certificat de bonne santé à M. Bouteflika. Je suis persuadé qu’il en existe et qu’ils ne tarderont pas à s’exprimer aussi clairement que possible.
Notre élite n’a pas le droit de se débiner face à son devoir. Elle pourrait même constituer un comité d’éthique médicale ad hoc pour ausculter le candidat Bouteflika en toute sérénité et en toute objectivité. Je ne peux pas croire que nos toubibs soient aveugles à ce point. Je ne veux pas croire que nos éminents spécialistes accepteront de laisser faire un collègue véreux. La honte médicale ne peut pas exister en Algérie. Ceux et celles qui ont stigmatisé l’attitude de leur collègue Bougharbal (l’autre synonyme de Boussayar!), l’auteur du fameux accident ischémique sans gravité du 27 avril dernier, nous doivent une piqure de rappel, celle de l’honneur d’une profession dont tout Algérien est fier à raison. Alors même avec votre graphisme exécrable, mesdames et messieurs les toubibs, c’est à votre tour de descendre dans l’arène. Rien ne dit que le verdict sera différent mais pour éviter à l’Algérie d’autres malheurs, il serait sage que les médecins prennent la parole. Nul doute qu’elle sera entendue et qu’ils auront gagné notre estime éternelle.