Hafez Ghanem, Vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA, estime que l’Algérie peut bénéficier des expériences d’autres pays en développement, notamment certains grands pays d’Amérique latine, comme le Mexique ou le Brésil, qui sont passés à un autre mécanisme, celui des transferts en liquide.
Devant l’incapacité de certains pays à effectuer des transferts en liquide bien ciblés, surtout dans les pays en développement, la plupart d’entre eux, dont l’Algérie, ont mis en place un système de subventions aux prix de certaines matières, pour s’assurer que tout le monde y aura accès. Ce système a des inconvénients relève le Vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA, Hafez Ghanem, dans un entretien paru aujourd’hui dans El Watan. Le plus gros inconvénient étant qu’il est porteur d’injustice. « Celui qui consomme le plus, donc le plus riche, tire le plus de profit de ces subventions, notamment celles liées aux prix des produits énergétiques », a ainsi fait remarquer le cadre de la BM. Pour Hafez Ghanem, la réflexion sur la protection sociale et les subventions a été menée par de nombreux pays. Il affirme que l’Algérie peut bénéficier des expériences d’autres pays en développement, surtout certains grands pays d’Amérique latine, comme le Mexique ou le Brésil, qui sont passés par la même réflexion. « Ce sont des pays qui dépendaient des subventions comme mécanisme de protection sociale. Ils sont passés aujourd’hui à un autre mécanisme, celui des transferts en liquide », a-t-explicité. Et d’insister : « Ce n’est pas juste une question d’équilibre budgétaire, mais une question d’équité sociale ». C’est ainsi que le Mexique a mis en place le système Progresa, qui est un système de transfert de liquide aux familles pauvres. Il en est de même au Brésil où l’on a mis en place un système qui s’appelle Bolsa Familia, un programme qui a apporté un soutien direct aux familles les plus nécessiteuses.
Réduire les investissements publics
La réduction par l’Algérie des investissements publics sur fond de crise est une mesure à laquelle recourent tous les pays qui doivent faire face à la baisse des recettes budgétaires, a estimé Hafez Ghanem. Selon lui, l’impact de cette réduction dépend de deux choses. Il s’agit, en premier lieu, des projets dont l’exécution devra être différée. Il faut pouvoir prioriser les projets. Les pays qui prennent ce genre de mesure doivent choisir les projets qu’ils continueront d’exécuter et les projets qui seront différés. Comment faire ce choix ? Ce tri est très important et cela risque d’affecter la croissance de l’emploi, a-t-il souligné. Si l’on choisit de maintenir les projets prioritaires porteurs de croissance et d’emploi, on réduit l’impact. Le deuxième aspect important est celui qui concerne l’investissement privé. La croissance économique, dans la plupart des pays du monde, dépend non pas des investissements publics, mais des investissements privés, a encore déclaré Hafez Ghanem. Et d’ajouter « si, en parallèle à la réduction des investissements publics, on met en place un programme pour encourager l’investissement privé, cela affectera de manière positive la croissance et l’emploi ». Le vice-président de la BM pour la région MENA pense que qu’on peut réduire les dépenses d’équipement de l’Etat et en même temps maintenir le taux de croissance, et même l’accélérer.