Elizabeth Moore Aubin (ambassadeur des Etats unis en Algérie)
« Le respect des droits de l’homme des individus dans les États est un élément essentiel d’une paix et d’une prospérité durables entre les États ».
À l’occasion de la Journée des droits de l’homme, nous commémorons et réfléchissons à l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Rédigée en 1948 à la suite de la dévastation causée par la Seconde Guerre mondiale, cette déclaration était un appel aux personnes de bonne volonté pour construire un monde fondé sur les droits qu’elle énumère.
Après dix mois en Algérie en qualité d’ambassadeur en Algérie (et trois ans auparavant en qualité de chef de mission adjoint), j’ai développé une estime profonde et durable pour de nombreuses personnes ici qui travaillent sans relâche pour promouvoir le respect des libertés fondamentales.
Je vois chez ces personnes le même espoir et la même détermination que je vois chez des personnages clés de l’histoire des États-Unis. S’appuyant sur les principes de la vie, de la liberté et de la poursuite du bonheur, les citoyens des États-Unis ont continuellement testé les limites, débattu les mérites, et redéfini la portée des droits de l’homme. Tout au long de notre histoire de près de 250 ans, nous avons remporté de nombreux succès. Nous avons également eu notre part de faux pas. Ce n’est qu’en reconnaissant ces expériences – à la fois bonnes et mauvaises – que nous pourrons travailler ensemble à l’échelle mondiale vers un avenir plus libre et plus égalitaire.
Une leçon que nous avons tirée de cette histoire est à quel point la liberté de la société civile est étroitement liée à l’autonomisation économique. La libre circulation des idées et des associations est essentielle pour soutenir un écosystème d’entrepreneuriat robuste. Nous voyons cela se reproduire à maintes reprises, à travers le monde – lorsque les sociétés s’ouvrent, le développement économique suit.
Alors que je pense aux droits de l’homme dans le monde, je me joins à d’autres ambassadeurs des États-Unis pour rédiger des contributions qui attirent l’attention sur les défis continus auxquels nous sommes confrontés. À l’échelle mondiale, la pandémie de COVID-19 a exacerbé les défis créés par les régimes autocratiques, avec certains gouvernements abusant des pouvoirs d’urgence pour restreindre les libertés fondamentales. Les dirigeants oppressifs utilisent des appels populistes nés de l’inégalité des revenus et au nationalisme pour consolider le pouvoir. Des institutions faibles permettent ces tactiques, soutenues par de nouveaux moyens de désinformation.
Aux États-Unis, la polarisation politique empoisonne le discours public. Partout dans le monde, les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes et d’autres membres de la société civile sont souvent victimes d’intimidations, de menaces, de détentions arbitraires, de disparitions forcées, d’exécutions extrajudiciaires, de torture, de violence sexiste et de procès inéquitables pour cela précisément. Les gouvernements répressifs lancent souvent des menaces et des représailles lorsque ces personnes participent à des dialogues internationaux sur les droits de l’homme- des dialogues destinés à aider à trouver des solutions aux défis collectifs.
Nous constatons également l’utilisation accrue des coupures ou ralentissements d’Internet, l’utilisation abusive des technologies de surveillance, y compris les logiciels espions, et l’application de restrictions onéreuses aux organisations de la société civile, y compris l’utilisation abusive des lois antiterroristes pour étouffer les voix de la société civile dans de nombreuses sociétés. Des organisations non gouvernementales ont rapporté que plus de 300 défenseurs des droits de l’homme et plus de 50 professionnels des médias ont été tués et plusieurs centaines d’autres injustement emprisonnés pour avoir exercé leurs droits humains et leurs libertés fondamentales en 2021.
L’Administration Biden-Harris est restée résolue dans son engagement à respecter, promouvoir et défendre les droits de l’homme pour tous. Lors du tout premier sommet pour la démocratie en décembre 2021, le président Biden a annoncé l’initiative présidentielle pour le renouveau démocratique – un ensemble historique d’efforts politiques et d’assistance pour soutenir les réformes démocratiques, défendre des élections libres et équitables, soutenir des médias libres et indépendants, lutter contre la corruption, et faire progresser la technologie au service de la démocratie. Grâce à cet effort, nous nous sommes engagés à protéger les journalistes contre les poursuites judicaires fallacieuses en utilisant à un financement initial pour le fonds international pour les médias d’intérêt public, et en élargissant le soutien à Lifeline, une initiative multilatérale qui aide les organisations de la société civile menacées ou attaquées.
L’initiative présidentielle démontre l’engagement des États-Unis à défendre les droits de l’homme et les efforts mondiaux pour renforcer la résilience démocratique et les sociétés respectueuses des droits. Les États-Unis s’emploient à renforcer les cadres institutionnels du monde entier pour la promotion des droits de l’homme, des systèmes de protection des défenseurs des droits de l’homme, l’état de droit, ainsi que les communications et la collaboration entre les gouvernements et la société civile.
Le Président Biden l’a clairement indiqué qu’avec nos partenaires et alliés, dans les forums multilatéraux et à travers le monde, nous devons appeler conjointement tous les pays à faire davantage pour promouvoir le respect des droits de l’homme et protéger les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes, et des militants civiques en première ligne activant pour la promotion de la démocratie et des droits de l’homme. Tous les gouvernements, y compris le gouvernement américain, devraient protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales des individus sous leur autorité. Ce concept est fondamental, pourtant nous devons continuellement le réitérer. Le respect des droits de l’homme des individus au sein des états est un élément essentiel d’une paix et d’une prospérité durables entre les Etats.
Je saisis également cette occasion pour féliciter l’Algérie pour son élection au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. C’est un honneur d’être élu ainsi qu’une importante responsabilité.
Cela a été un honneur pour moi, au cours des quatre années où j’ai vécu en Algérie, de rencontrer d’incroyables professionnels des médias, des acteurs de la société civile, des chefs de gouvernement et de jeunes femmes et hommes algériens qui assumeront un jour les responsabilités que nous assumons aujourd’hui. En cette journée des droits de l’homme, j’appelle mes compatriotes de bonne volonté – américains, algériens et internationaux – de se tourner vers nous-mêmes et de nous demander si nous en faisons assez pour respecter, promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales de tous.