Fortement affaiblis par les répercussions de la pandémie de COVID-19, dont la courbe de la propagation ne cesse de s’amplifier (1.200 infections journalières, en moyenne), les équilibres des finances publiques se sont fortement ressentis des retombées de la crise sanitaire, affichant un déficit de plus de 13% du PIB en 2020, portant ainsi la dette publique à des niveaux sans précédents pouvant mettre en péril sa soutenabilité, a t-on appris auprès de la Banque centrale de Tunisie (BCT).
Des chiffres officiels de la BCT prévoient une baisse significative attendue des ressources propres de l’Etat tunisien, dont un repli de 5.652 millions de dinars (un dinar vaut 0,36 dollar) des recettes fiscales par rapport aux prévisions de la loi de finances de 2020, en dépit de la mobilisation d’importantes ressources provenant de dons extérieurs, soit 1.057 millions de dinars.
Lors de son passage, au parlement face à la Commission des finances, de la planification et du développement, le gouverneur de la BCT, Marouane Abassi, a insisté sur la hausse non anticipée de 2.833 millions de dinars du poste « interventions », en dépit de l’espace budgétaire dégagé, grâce à la baisse des prix internationaux du pétrole (41 USD attendu pour 2020 contre 65 USD prévu dans le cadre de la loi de finances 2020) et à la bonne tenue du dinar, notamment, vis-à-vis du dollar américain.
Le chef de la BCT a, par ailleurs, exposé les grandes lignes de sa politique monétaire dans le cadre de la Loi des finances rectificative pour l’exercice 2020 avec, entre autres, la révision à la hausse des dépenses au titre de rémunérations dans le secteur public, portant la masse salariale à 19.247 MDT ou à plus de 17% du PIB, soit le niveau le plus élevé jamais atteint.
Selon le gouverneur de la BCT, le besoin de financement du trésor tel qu’avancé dans la loi des finances de 2020 « porterait le taux d’évolution de la masse monétaire, en cas de financement monétaire, à plus de 15% et celui des créances nettes sur l’Etat (CNE) au double du taux de progression des crédits à l’économie », lit-on dans un document statistique transmis à Xinhua.
Afin d’aider le gouvernement à mobiliser des ressources nécessaires pour mitiger l’impact de la crise sanitaire COVID-19 sur l’économie nationale tunisienne, la BCT a contribué dans la mobilisation de ressources extérieures, notamment, du Fonds monétaire international (745 millionsde dollars).
Dans ce sens, pour l’année 2020, les émissions du Trésor en Tunisie ont été portées en octobre à 6.102 millions de dinars, dont 3.400 millions de dinars, soit 55,7%, ont été achetées par la Banque centrale de Tunisie.
Selon la Banque centrale de Tunisie, le scénario adopté dans le projet de loi de finance de 2020 comporte des risques élevés se reflétant dans des équilibres globaux tels que un risque inflationniste très élevé et une spirale prix-salaire.
Il y aura également un risque de nuire à la croissance économique, éroder le pouvoir d’achat du consommateur et sa capacité à épargner, sans oublier le fait d’entraver les décisions d’investissement.