A l’occasion d’une journée d’étude sur «la réalité de la situation économique en Tunisie et les pistes de croissance» qui s’est ouverte ce mardi à Tunis, le ministre des finances, Slim chaker a évoqué des chiffres alarmants qui montrent un marasme continu de l’économie nationale.
50% du budget de l’Etat consacré au développement régional est encore bloqué, alors que le reste a déjà été investi dans des projets à l’échelle régionale, a déclaré le ministre des finances, Slim chaker. Ouvrant mardi à Tunis, une journée d’étude sur «la réalité de la situation économique en Tunisie et les pistes de croissance», il a expliqué ce blocage par « le faible pouvoir de l’Etat dans les régions, le manque d’investissements publics et l’effet négatif de cette situation sur le secteur privé », ainsi que par l’absence d’une vision globale du développement des régions ».
Chaker a évoqué des chiffres alarmants qui montrent un marasme continu de l’économie nationale. En effet, la production nationale des ciments a baissé de 10% au cours du premier trimestre de l’année 2015, parallèlement à celle du phosphate qui a chuté de 40% et des dérivés de phosphate qui ont régressé de 48%, à l’exception de la production de l’électricité qui a grimpé de 5%. Pour le tourisme, le nombre de nuitées a baissé de 11% au cours du premier trimestre de l’année actuelle, les arrivées aux frontières ont diminué de 14% et les recettes touristiques ont chuté de 7%.
Toutefois, les exportations globales ont légèrement évolué, au cours de la même période de l’année en cours, de 1,5%, tirées principalement par l’évolution des exportations de l’huile d’olive qui ont été multipliées par 10 par rapport à la même période de l’année écoulée. Les importations ont, quant à elles, baissé de 5%, ce qui a ramené le taux de couverture de la balance commerciale à 75%.
Optimiser la gestion des ressources financières
Le ministre des finances a reconnu que le pays passe par une période difficile et est dans l’obligation d’optimiser la gestion de ses ressources financières pour pouvoir mieux répartir les richesses, rappelant dans ce cadre que 50% du budget de l’Etat est accaparé par 5 ministères, ceux de l’éducation, la santé et l’enseignement supérieur mais aussi les départements de l’intérieur et de la défense. «Désormais, la loi de finances complémentaire pour l’année 2015 qui verra bientôt le jour, doit prendre en considération les changements de la conjoncture économique nationale et internationale ».a-t-il dit.
La Tunisie s’est fixée comme objectifs d’atteindre un taux de croissance annuel de 3% à la fin de l’année, et de maîtriser les dettes publiques qui dépassent actuellement la barre de 40,6 milliards de dinars, à condition que le taux de change se stabilise à 1,810 dinar par rapport au dollar et le prix du baril du pétrole ne dépasse pas les 60 dollars. Le membre du gouvernement a rappelé, dans ce cadre, que les besoins nationaux de financement pour l’Etat s’élèvent actuellement à 500 millions de dinars, alors que les dépenses de la fin de l’année sont estimées à 555 MD. L’Etat se trouve dans l’obligation d’engager des réformes structurelles aux niveaux du système financier, de la douane et de la fiscalité, afin d’atteindre un nouveau palier de croissance.
Recapitaliser les banques publiques
Au niveau du système financier, il est urgent de procéder à la recapitalisation des trois banques publiques, qui accaparent 35% du marché bancaire, en l’occurrence la STB (756 MD), la BNA (270 MD) et la BH (200 MD). Pour le ministre des finances, une nouvelle stratégie commerciale doit être mise en œuvre, parallèlement à la restructuration des ressources humaines à travers le recrutement des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur et la réorganisation interne des banques, en créant dans chacune un conseil d’administration constitué des représentants de l’Etat et du secteur privé. En plus, un partenaire technique doit être choisi pour aider les banques à se restructurer. S’agissant de la fiscalité, les nouvelles réformes seront mises en oeuvre à partir de l’année 2016. Leur finalité étant, selon Chaker, de lutter contre la contrebande et le blanchiment d’argent, mais aussi mettre en place une administration fiscale performante.
«La contrebande est un phénomène en recrudescence qui a gagné du terrain dans presque tous les secteurs commerciaux et dont les retombées se font sentir sur l’économie nationale », a-t-il souligné. «Le rôle de la douane est éminent dans ce cadre, dans la mesure où elle est en train de se doter des moyens techniques les plus sophistiqués (scanner, système d’information…), des ressources humaines compétentes et bien hiérarchisées mais aussi des procédures administratives simples en «passant au contrôle à posteriori, tout en se basant sur l’opérateur économique agréé pour faire l’autocontrôle», a-t-il conclu.