Un ancien gouverneur de la Banque d’Algérie propose la transformation du FRR en "fonds d’investissement" - Maghreb Emergent

Un ancien gouverneur de la Banque d’Algérie propose la transformation du FRR en “fonds d’investissement”

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Le fonds d’investissement proposé, «  ne prendra de participations dans des sociétés étrangères qu’exceptionnellement et dans les cas où de telles participations auraient un impact certain sur ses actions internes ». 

 

 

« Pour sauver les ressources du Fonds et leur assurer une utilisation plus profitable à l’économie nationale, il serait hautement souhaitable de transformer le FRR en ‘’fonds d’investissement’’ qui aurait pour tâche de contribuer essentiellement au financement des investissements productifs à l’intérieur du pays dans tous les secteurs ».

C’est ce que propose Badreddine Nouioua, ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, dans une contribution parue ce mardi sur les colonnes du quotidien El Watan, pour sauvegarder les ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) qui ne cessent de s’amenuiser depuis 2009.

Pour lui, si les dépenses budgétaires restent au même niveau que ceux de 2012 et de 2013 et que le prix moyen du baril reste au niveau de 60 dollars, les déficits budgétaires de deux années seulement suffiront à absorber la totalité du montant du FRR. Ce fonds, explique-t-il, «  préservera les excédents de ressources pour qu’ils profitent aux générations futures, mais il investira ces ressources dans des projets à l’intérieur du pays de manière qu’ils contribuent à son développement économique et social ».

Mettre à l’abri les réserves de change

M. Nouioua n’omet pas de préciser que les investissements qui seront réalisés, dans le cadre de ce Fonds, « entraîneront  inévitablement des dépenses en devises pour importer les équipements et les services qui y sont liés. C’est pourquoi il serait sage, selon lui,  de convertir « en même temps  les montants du fonds en dollars » pour mettre « à l’abri une partie des réserves de change qui servira d’une manière utile à couvrir les dépenses en devises des investissements qui seront engagés au lieu d’être utilisées à financer l’importation de produits superflus et le déficit de la balance des paiements ».

L’ancien gouverneur de la BA explique  que la gestion du fonds d’investissement sera assurée par la Banque centrale ou sous son contrôle direct étant donné que les avoirs seraient en devises. Selon lui, le fonds d’investissement aura son conseil d’administration, sa direction, son contrôle interne et sera doté d’un bureau d’études. « Celui-ci emploiera les compétences internes et fera appel à des experts étrangers pour élaborer des études de faisabilité de projets d’investissement dans tous les domaines », précise-t-il.

Les domaines éligibles au financement du fonds d’investissement

S’agissant des projets éligibles au financement du fonds, M. Nouioua cite en premier lieu ceux « créant des industries de base » dans les filières de la sidérurgie, de la pétrochimie, des énergies renouvelables, des engrais, des matériaux de construction, de l’aluminium, de la mécanique, etc. « Des projets qui mettent notamment en valeur les matières premières disponibles dans le pays », résume-t-il.

En second lieu, le  fonds sera appelé à exploiter également des projets qui développent les technologies nouvelles, l’agriculture, le tourisme, le transport, etc. « La mise en œuvre de ces projets se fera dans le cadre de sociétés par actions créées avec des partenaires nationaux des secteurs privé et public et des partenaires étrangers susceptibles de faire des apports non seulement en matière de capitaux, mais également en technologie,  management et débouchés extérieurs », détaille-t-il.

Et de préciser que le fonds d’investissement proposé, « ne prendra de participations dans des sociétés étrangères qu’exceptionnellement et dans les cas où de telles participations auraient un impact certain sur ses actions internes ». 

Pour lui, le fonds d’investissement jouera le rôle de catalyseur pour susciter et mobiliser des initiatives internes qui participeront à la promotion des investissements productifs et pour attirer des associés étrangers choisis en tenant compte de leurs moyens et de leur savoir-faire, de façon qu’ils contribuent à la réalisation de ces investissements. Il sera également un facteur d’animation du marché financier en soumettant à l’achat du public une partie des actions des sociétés qu’il aura créées et en procédant à la mobilisation d’autres ressources en lançant des emprunts obligataires.

Donner de la crédibilité à la volonté politique

Le nouveau fonds proposé par M. Nuioua sera appelé à mener une politique « beaucoup plus dynamique en mettant en œuvre des projets d’investissement productif dont la réalisation et l’exploitation seront effectuées par des sociétés constituées avec la participation de partenaires recherchés et attirés d’une manière active ».

Pour M. Nouioua, une initiative des pouvoirs publics visant transformer le FRR en fonds d’investissements ne peut que donner « plus de crédibilité aux intentions des pouvoirs publics d’agir sérieusement et efficacement pour faire face à la nouvelle situation engendrée par la baisse du prix du pétrole-baisse qui risque de ne pas être à court terme- » et les incitera à « rationaliser effectivement les dépenses de fonctionnement, à mieux maîtriser les dépenses d’équipement, à contrôler et à réduire les importations, sans continuer à compter sur l’aisance que procurent l’existence du FRR et des réserves de change importantes ».

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