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Maghreb

Une ‘’blasklist’’ du Quai d’Orsay ravive la tension entre Rabat et Paris

Par Yazid Ferhat
octobre 24, 2014
Une ‘’blasklist’’ du Quai d’Orsay ravive la tension entre Rabat et Paris

De nouveau, les relations franco-marocaines se cabrent. L’inclusion du Maroc dans une liste de 40 pays les moins  »fréquentables » par les ressortissants français, selon une note aux voyageurs rendue publique fin septembre par le Quai d’Orsay, a fait désordre à Rabat.

 

Cette note du ministère français des affaires étrangères, qui a porté à 40 le nombre de pays où les ressortissants français doivent faire preuve de grande vigilance, a ravivé la tension entre les deux capitales, après la brouille diplomatico-judiciaire de février dernier à la suite de plaintes pour tortures d’ONG contre le chef des services du contre espionnage marocain, Abdelatif Hammouchi. Dans un entretien paru jeudi sur les colonnes du quotidien l’Economiste, le ministre marocain de l’Intérieur Mohamed Hassad ne cache pas sa colère.  « Nous avons été très surpris que le Maroc soit mis sur une liste de vigilance. Nous sommes mieux que plusieurs pays européens, y compris la France », a souligné le ministre marocain. Avant sa mise à jour après l’assassinat du ressortissant français Hervé Gourdel en Algérie et la menace du groupe Etat Islamique contre la France, le Maroc figurait déjà dans cette  »blacklist »  à laquelle Paris a ajouté l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Ouzbékistan, les Comores, le Burundi, la Tanzanie, la Somalie et l’Ouganda. A Rabat, les milieux diplomatiques estiment en réalité que la sortie du ministre marocain de l’Intérieur est une sorte de rappel à la France pour recadrer ses relations avec le Maroc, passablement altérées par l’épisode de plaintes d’une ONG française contre le directeur du contre espionnage marocain (DGST) pour tortures. 

Rabat  toujours crispé

Pis, le Maroc a vigoureusement protesté en février dernier et qualifié l’incident de  »grave » après la remise à l’ambassade du Maroc à Paris par sept policier français d’une convocation devant un juge parisien à Abdelatif Hammouchi, alors présent dans la capitale française avec une délégation officielle marocaine. Cette convocation faisait suite à une plainte pour torture de l’ACAT (Association des chrétiens contre la torture). L’Association avait en fait actionné une plainte pour  »complicité de torture » contre Hammouchi, sur des soupçons de torture dans le centre de détention de la DGST (ex: DST) à Temara (6 km au sud de Rabat). Trois ressortissants marocains ont déclaré à l’ACAT en France avoir subi des actes de torture dans le centre de détention, après leur arrestation par des agents de la DST.

L’ombre de Ben Barka

Un crime de  »lèse majesté », estimait-on alors dans la capitale marocaine. Le patron de la DGST a été alors rapatrié immédiatement à Rabat par un avion spécial et le Maroc a officiellement protesté contre cette « atteinte grave aux règles élémentaires de la coopération entre les deux pays ». Le mercredi 26 février, le Maroc annonce alors la suspension de “tous les accords de coopération judiciaire avec la France ». Le gouvernement marocain espère ainsi “évaluer leur impact et les actualiser dans le but de remédier aux dysfonctionnements qui les entachent », soulignait alors un communiqué du ministère de la Justice. Dans la foulée,  le magistrat marocain de liaison en France a également été rappelé dans son pays. Me Pierre Bréham, un des avocats des plaignants contre Abdelatif Hammouchi, avait relevé que la décision marocaine  »va avoir de lourdes conséquences civiles pour des milliers de Franco-Marocains ». « Par exemple, plus aucun acte de mariage ou de filiation ne pourra être exécuté dans les deux pays. Et au niveau pénal, cela signifie qu’on ne peut plus faire de demandes d’extradition, d’auditions de témoins, ou de transfèrements », explique l’avocat. Toujours suspendues, les relations judiciaires entre Paris et Rabat font l’objet actuellement  »de discussions toujours en cours ».  »J’espère que cela va aboutir bientôt », a t-il précisé à l’Economiste. Plusieurs hauts gradés marocains, soupçonnés d’être impliqués dans des cas de torture avérée, ne sortent plus du pays, dont le commandant de la gendarmerie royale, Hosni Benslimane, un des protagonistes encore vivants de l’affaire Ben Barka.

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