Peu préparée à la lutte antiterroriste, la Tunisie poursuit son expérience démocratique. Elle bénéficie d’une conjoncture favorable, avec un consensus international pour lui éviter basculer dans la violence.
Face au chaos libyen et à la menace d’un Etat islamique au Maghreb, la Tunisie bénéficie d’une attention particulière qui lui permet de bénéficier d’un large appui politique et militaire international. Un consensus s’est dégagé aussi bien au sein des pays occidentaux que chez les voisins de la Tunisie pour soutenir vaille que vaille l’expérience démocratique tunisienne et éviter que le pays ne sombre, ce qui ajourerait à la précarité de la situation de l’ensemble du Maghreb.
Les Etats-Unis, plutôt discrets jusque-là, ont affirmé leur détermination « à soutenir les capacités opérationnelles de l’armée tunisienne » dans sa lutte contre les groupes terroristes. L’ambassadeur américain, Jacob Wales, a déclaré à l’issue d’une rencontre avec le ministre tunisien de la Défense Ghazi Jeribi, que son pays « interagit avec les exigences de l’étape et l’engagement de la Tunisie à lutter contre le terrorisme ».
L’aide américaine à la Tunisie comprend la livraison d’équipements, ainsi que « le renforcement des exercices militaires conjoints, l’échange d’informations et l’élargissement de la coopération dans le domaine du renseignement, conformément à la loi tunisienne et aux conventions internationales y afférentes », selon un communiqué du ministère tunisien de la Défense. M. Jeribi a salué « le soutien des Etats-Unis à la Tunisie notamment en matière de formation militaire, d’échange de compétences et d’aide logistique ».
Rattraper les erreurs du passé
La semaine dernière, les Etats-Unis avaient annoncé la livraison « sous peu » de douze hélicoptères à la Tunisie, afin de « l’assister la Tunisie dans ses efforts de lutte contre le terrorisme ». Les Etats-Unis fournissent également une assistance à la police et à la garde nationale tunisiennes.
Autre partenaire important de la Tunisie, la France affirmé sa « volonté de coopérer avec la Tunisie dans la lutte contre la propagation du terrorisme ». Cette coopération comprend les mêmes terrains liés à la fourniture d’équipements, la formation de militaires et de cadres des services de sécurité.
La France et les Etats-Unis, qui avaient activement participé à la chute de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, se sont engagés dans un virage très délicat, après les déboires que cette opération a provoqués. Les Etats-Unis ont perdu un ambassadeur, assassiné à Tripoli part les « révolutionnaires » qu’ils avaient soutenus, alors que la France s’est rendue compte qu’elle a allumé un brasier dans le Sahel, désormais menacé dans son ensemble par les groupes djihadistes qui se sont approvisionnés en armes en provenance de Libye. « Paris et Washington tentent de de rattraper le coup, en apportant une assistance appuyée à la Tunisie, où se déroule une expérience démocratique intéressante », estime un ancien diplomate algérien.
Rôle discret de l’Algérie
Plus discrète, l’armée algérienne n’en surveille pas moins avec une attention particulière l’évolution de la situation en Tunisie, d’autant plus que le principal foyer de terrorisme en territoire tunisien se trouve au mont Chaambi, près de la frontière algérienne. L’Algérie apporte aussi une aide, peu évoquée en public, alors que des rumeurs persistantes font état d’une implication directe de l’armée algérienne dans la lutte antiterroriste en Tunisie.
L’armée algérienne intervient en Tunisie http://bit.ly/1llh5lX
Terrorisme : l’armée algérienne débarque en Tunisie http://bit.ly/1q4F2fX
Les échanges de délégations entre les deux pays se sont notoirement densifiés, et une coopération étroite a été lancée dans le domaine de l’information et du renseignement, notamment en vue de contrôler les frontières et de surveiller l’afflux de réfugiés et de contrôler les djihadistes en provenance de Libye. Toutefois, aucune information vérifiée sur la participation de militaires algériens aux opérations antiterroristes en Tunisie n’a pu être obtenue.