L’engagement de la Chine en Algérie remonte à l’époque coloniale, lorsque Pékin a soutenu le mouvement d’indépendance de ce pays d’Afrique du Nord. Aujourd’hui, les relations de la Chine avec l’Algérie sont parmi les plus fortes en Afrique et dans le monde arabe, englobant les sphères politiques, économique, énergétique, militaire et culturelle.
Les relations bilatérales entre la République populaire de Chine (RPC) et l’Algérie remontent aux années 1950, lorsque le gouvernement de la RPC a établi des liens étroits avec les mouvements de libération nationale algériens. La conférence de Bandung de 1955, également connue sous le nom de conférence afro-asiatique, à laquelle ont participé le premier ministre chinois Zhou Enlai et des délégations du Front de libération nationale (FLN) algérien, a constitué une étape importante à cet égard.
Ceci dit, malgré l’amitié historique qui lie les deux pays, les échanges économiques entre les deux pays profitent Pékin au désavantage d’Alger.
Déficit commercial significatif
La Chine est passée du statut de partisan de l’indépendance de l’Algérie à celui de l’un de ses principaux partenaires économiques. Si les relations diplomatiques entre la Chine et l’Algérie remontent aux premiers jours de la création de la RPC, les relations économiques ne se sont développées qu’au tournant du XXIe siècle. En Afrique du Nord, l’Algérie entretient les relations commerciales les plus fortes avec la Chine et constitue le premier marché de la construction pour les entreprises chinoises.
Échanges commerciaux : les échanges entre l’Algérie et la Chine ont augmenté de manière significative dans les années 2000, faisant de la Chine le premier fournisseur de l’Algérie, dépassant la France en 2014. Reflétant les principales caractéristiques des échanges commerciaux de la Chine avec le reste du continent africain, ses exportations vers l’Algérie sont dominées par des produits manufacturés finis tels que l’électronique, l’automobile, la téléphonie mobile et l’habillement, tandis que le pétrole brut constitue la majeure partie des exportations de l’Algérie vers la Chine.
Il est important de noter que, contrairement aux relations commerciales avec les États du Golfe, les données sur le commerce sino-algérien indiquent un déficit commercial important pour l’Algérie. Par exemple, en 2020, les importations de l’Algérie en provenance de la Chine s’élevaient à environ 5,6 milliards USD, tandis que ses exportations vers la Chine ne dépassaient pas 1 milliard USD. Le déficit commercial s’élève donc à 4,6 milliards d’USD pour la seule année 2020. Globalement, si les consommateurs algériens ont bénéficié de la compétitivité des prix des produits chinois, le secteur manufacturier algérien a souffert de l’afflux de produits chinois, ce qui a accéléré la désindustrialisation du pays.
La Chine n’investit pas en Algérie
Suite à la stratégie « Going Out » de Pékin à la fin des années 1990, de nombreuses entreprises chinoises, tant publiques que privées, se sont aventurées à investir à l’étranger, et l’Algérie a été témoin d’une augmentation de la présence des multinationales chinoises. Selon le bulletin statistique annuel du ministère chinois du Commerce sur les investissements directs étrangers chinois (IDE), le stock d’IDE chinois en Algérie est passé de 34,5 millions d’USD en 2004 à 2,45 milliards d’USD dix ans plus tard. Une confluence de facteurs a conduit à une diminution du stock d’IDE chinois dans le pays, à 1,64 milliard USD, en 2020.
L’un de ces facteurs est lié à l’incertitude politique en Algérie à la suite du Hirak, le soulèvement social qui a commencé en février 2019 par une série de manifestations contre l’ambition du président Abdelaziz Bouteflika de briguer un cinquième mandat présidentiel et qui s’est ensuite transformé en un mouvement à grande échelle exigeant un changement politique significatif.
Les investissements chinois en Algérie restent marginaux, compte tenu du volume des échanges commerciaux et des contrats attribués aux entreprises chinoises dans le pays. La distinction entre la prestation de services et l’IDE est importante, car ces deux types de transactions génèrent des flux financiers opposés.
L’autoroute est-ouest, le nouvel aéroport d’Alger et la Grande Mosquée d’Alger, souvent décrits par les médias comme des « investissements » chinois, sont en fait de juteux contrats attribués par le gouvernement algérien à des entreprises de construction chinoises.
L.B.