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Ni Pyramide de Khéops, ni Muraille de Chine (contribution)

Par Maghreb Émergent
septembre 2, 2018
Ni Pyramide de Khéops, ni Muraille de Chine (contribution)
Les circonstances ne sont jamais favorables pour agir, c’est notre décision et notre détermination ainsi que la mise en œuvre d’une nouvelle forme de gouvernance à laquelle toute l’Algérie aspire, qui rendront les circonstances idéales.

Plus que jamais la nécessité d’un projet mobilisateur pour l’Algérie s’impose. Il ne s’agit ni de la construction de la pyramide de Khéops, ni de bâtir la grande muraille de Chine, c’est certainement bien plus complexe encore puisqu’il s’agit de restaurer la confiance entre le citoyen et le monde politique qui le gouverne. Ou plus précisément le pouvoir en place.

Outre la faible compétitivité de notre économie, la société Algérienne dans son ensemble, ploie sous le poids grandissant du fondamentalisme et de la bigoterie, générateurs d’archaïsmes et véritables freins au développement socioéconomique. L’émancipation des femmes et l’emploi féminin en sont l’une des illustrations. Raison de plus pour mobiliser la société tout entière et la jeunesse en particulier autour d’un projet qui fasse rêver, porteur d’espoir pour cette jeunesse en mal de perspectives et qui ne conçoit son avenir qu’au-delà des mers ; si elle n’a pas sombré dans les bras de l’informel, du terrorisme ou du grand banditisme. Cette confiance retrouvée devra être l’élément central, la clé de voute, d’une économie attractive aux fondamentaux plus équilibrés loin de la malédiction des hydrocarbures dont nous sommes frappés, loin du populisme et de la démagogie ravageurs, loin d’un patriotisme économique irréfléchi et étriqué qui a fait de la loi 49/51 un dogme de souveraineté.

Confiance et économie attractive vont de pair. En effet malgré la faible diversification de notre économie qui laissait entrevoir de réelles opportunités d’investissements, force est de constater que la non consécration du droit de propriété, l’insécurité juridique (la vie moyenne d’un texte de loi dans la sphère économique n’excède pas 18 mois ce qui est bien inférieur aux délais de réalisations d’un projet), le népotisme et l’arbitraire (le cas CEVITAL en est la parfaite illustration et ce n’est pas un cas isolé), ont largement contribués à ébranler la confiance des investisseurs matérialisée aussi par un réel désintéressement de la destination Algérie.

Dans un de ses ouvrages Raymond Barre soulignait que la principale source d’attractivité est le « Traitement réservé à l’investisseur local ». Dans le cas de figure de l’Algérie, le pays traite mal ses investisseurs locaux. C’est un fait. D’ailleurs le qualificatif « secteur privé » demeure péjoratif et la discrimination avec le « secteur public » est systématique. Alors que c’est le secteur privé qui depuis plusieurs années porte la valeur ajoutée de l’économie Algérienne. Quant aux IDE (Investissements Directs Étrangers), la Loi de Finance complémentaire 2009 avait amorcé un virage à 180° à leur égard et le nouveau code des investissements a fini de sceller leur sort en réduisant à sa plus simple expression la notion d’attractivité. En un mot ils ne sont pas en odeur de sainteté.

Plus concrètement la convertibilité du Dinar pourrait être ce grand projet mobilisateur catalyseur de confiance au sein de la société. Certes, d’un point de vue purement technique un tel choix serait discutable. En effet les indicateurs macroéconomiques et microéconomiques ne sont pas complètement au rendez-vous. Cependant, et là réside notre chance, nous ne sommes pas encore sortis de la fenêtre d’opportunité qui nous permettrait à travers ce choix, d’imaginer et de concrétiser le rêve d’une Algérie prospère, actrice du grand échiquier de l’économie mondiale au bénéfice de toutes les parties prenantes.

Comment ne pas croire que le citoyen serait captivé par l’histoire du billet de mille dinars Algériens qu’il aurait dans la poche, qui aurait une valeur « hic et nunc » ; qui s’apprécierait ou se déprécierait en fonction de la compétitivité de l’économie et donc de la valeur « travail » et de la mobilisation de tous, mais aussi du sens qui serait donné à la notion d’Etat de droit, ainsi qu’à la notion de démocratie.  Il deviendrait de facto un citoyen, responsable à part entière, conscient de l’impact de ses droits et devoirs sur son quotidien ainsi que sur l’économie de son pays.

Alors que les Capitaux Algériens s’expatrient massivement depuis des années, certainement l’indicateur le plus probant de cette absence de confiance, comment ne pas croire qu’un tel projet ne serait pas susceptible de remobiliser les citoyens en redonnant un sens à leur vie, un sens aux valeurs de respect, de dignité et de travail. Comment ne pas anticiper le fait qu’un tel projet, de par son impact sur le code des investissements et le contrôle des changes, serait perçu comme un signal fort à l’attention des investisseurs internationaux.

Je propose donc d’annoncer la convertibilité du dinar au 1er Janvier 2022. Soit trois années pour mener, sur les chapeaux de roue, cette réforme structurelle majeure du régime des changes qui nécessitera une maitrise des équilibres macroéconomiques ; tels qu’un niveau suffisant de réserves de change, un secteur bancaire solide, une inflation maitrisée, un déficit budgétaire contenu et certainement bien d’autres prérequis que les experts n’auront aucun mal à identifier. Ce sera donc trois années de travail titanesque certes mais réalisable et nous ferions de cette date un moment phare de l’histoire de l’Algérie contemporaine.

Nous entendons, ici-et-là, inlassablement que les conditions ne sont pas favorables à une telle décision. Les circonstances ne sont jamais favorables pour agir, c’est notre décision et notre détermination ainsi que la mise en œuvre d’une nouvelle forme de gouvernance à laquelle toute l’Algérie aspire, qui rendront les circonstances idéales. C’est à ce prix-là que nous protègerons notre souveraineté.

Slim Othmani

 

 

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