Partager les moyens logistiques, opérer des achats groupés, baisser les coûts et garantir une étroite collaboration avec l’université pour favoriser l’innovation : tels sont les objectifs recherchés par les entreprises activant dans le domaine des TIC à travers leur volonté de se regrouper en Cluster. Une démarche appuyée par le Ministère de l’Industrie.
L’idée d’un regroupement des PME des TIC en Cluster a émergé à l’occasion de la dernière conférence sur les importations organisée par l’Agence algérienne de promotion des importations ALGEX. « Cette idée n’est pas venue par hasard », affirme Omarouayache Ahmed Mehdi, patron de la PME Connext et cofondateur des webdays. Pour ce jeune chef d’entreprise, reconnu personnalité web de l’année par Algeria Web Awards, c’est avec le directeur des PME au ministère de l’Industrie que cette question a été abordée, partant du constat partagé que seul un regroupement en Cluster pouvait rendre notre économie TIC plus compétitive à l’international. « Donc, si nous allons aujourd’hui vers cette direction, c’est avec le soutien engagé du ministère de l’Industrie », affirme M. Omarouayache. A ce jour, une quarantaine d’opérateurs du secteur ont déjà émis le vœu de faire partie de ce cluster, dont les principaux membres sont les opérateurs de la téléphonie mobile. L’adhésion de la l’Agence Nationale de Valorisation de la Recherche Scientifique (ANVREDET) est également à noter. « Pour concrétiser ce projet, nous avons comme référence l’expérience du Cluster « Boisson Soummam » de la filière Boisson qui vient d’obtenir son registre de commerce en tant que groupement d’intérêts communs », explique notre interlocuteur.
Booster l’exportation
Le cluster bénéficie de l’accompagnement de l’organisme allemand « GIZ » chargé de la coopération. Il est destiné à développer les exportations hors hydrocarbures, soutenir la compétitivité et assurer un meilleur accès aux marchés dans un contexte économique mondial extrêmement difficile et compétitif. Pour le directeur de Connext, « les PME qui fonctionnent isolément ont du mal à se développer et à arracher des parts de marché dans le contexte actuel. Quand elles se regroupent pour des intérêts communs, elles ont plus de capacités à se développer et à produire des plus-values en productivité, à améliorer leur compétitivité et à trouver tous les appuis nécessaires ». « S’agissant de notre secteur, poursuit M. Omarouayache, nous avons un potentiel intéressant à faire valoir notamment en matière de services, de développement de logiciels et de plateformes et aussi en matière de conseil. Il nous manque que l’organisation adéquate pour pénétrer de nouveaux marchés à l’image de ce que font déjà nos voisins tunisiens et marocains. C’est un défi qui est largement à notre portée avec à la clé l’opportunité d’exporter 100% de matière grise ».
L’Afrique, un marché qui « nous tend les bras »
Pour Omarouayache, l’Afrique est pour l’Algérie un marché qu’on pourrait qualifier de naturel. Une relation qui dépasse la proximité géographique, à travers une riche histoire et des défis communs de développement. L’Algérie a toujours ouvert ses universités aux étudiants africains pour faire face aux défis d’émancipation du continent. Une partie non négligeable de l’élite africaine, chargée aujourd’hui de conduire la locomotive du développement a fréquenté les bancs des universités algériennes et en gardent de très bons souvenirs. Pour résumer, souligne Omarouayache, l’Algérie jouit d’une très bonne image auprès des pays du continent, et il serait dommage de ne pas capitaliser cette image pour se déployer dans un marché africain qui nous tend les bras. Un marché plus que prometteur, comme le prédit le cabinet de consulting Deloitte, dans une étude récente sur les tendances 2015 du secteur des TIC. « C’est l’année de l’accélération des ventes de smartphones, associée à un fort développement de l’accès au haut débit ainsi qu’à une prolifération de la consommation des technologies et contenus numériques tels que le commerce électronique, le paiement mobile et la numérisation des contenus. » A titre d’exemple, le marché BtoB africain des TIC représente, selon l’étude Deloitte, plus de 12 milliards de dollars dont 80% concernent une dizaine de pays. Ce marché devrait croître de plus de 25% en 2015 grâce à une population de plus en plus équipée et connectée. La capacité en data center devrait tripler d’ici 2016 au niveau du continent, estime la même source.