La conférence africaine sur l’économie verte à Oran est restée conforme aux usages avec des interpellations classiques. Pourtant, quelques voix ont essayé de perturber le « consensus ». Retour sur un évènement qui n’entrera pas dans l’histoire.
La lecture de la très longue résolution-déclaration de la conférence africaine sur l’économie verte tenue à Oran les 22 et 23 février 2014 tend à montrer que l’on n’est pas sorti des classiques interpellations des pays riches et des instances internationales pour les financements et le transfert de la technologie en faveur des pays du continent. Pourtant, plusieurs chefs de délégations ont battu en brèche ce « consensus » classique et critiquant les politiques nationales des pays africains. Achim Steiner, le directeur exécutif du programme des nations unies pour l’environnement (PNUE) a donné le ton : l’économie verte est avant tout une volonté et un programme national. Achim Steiner n’hésite pas à nommer les bons élèves de l’économie verte. Il citera l’Afrique du sud, le Maroc, la Tunisie, le Kenya, l’Ethiopie, le Sénégal ou l’Egypte qui dans des secteurs variés comme l’énergie solaire, le biogaz, l’afforestation et l’agriculture, entreprennent d’adosser le développement au paradigme de économie verte. De quoi susciter un froid dans la salle. Que Nicolas Hulot, envoyé spécial du président français, François Hollande, s’est cru obligé, d’essayer de faire oublier en insistant sur l’activisme de l’Algérie au plan international et les actions qu’elle entreprend selon lui dans le domaine de la lutte contre les concentrations de gaz à effet de serre.
Le temps joue contre nous !
Mais dans le débat, tous ne sont pas rester dans le langage diplomatique de remerciement aux organisateurs. Le représentant tunisien s’interroge sur la capacité de nos pays à produire leur propre technologie. « Nous allons nous échiner à demander des fonds pour des projets pilotes un peu partout et ce n’est pas de cela dont nous avons besoin mais d’une véritable gestion de la demande.». Pour le Sénégal « les contextes de chacun de nos pays sont tres différents, rien ne se fera si chacun de nous ne met pas au point une stratégie, c’est à cette condition qu’on peut ensuite envisager des regroupements régionaux cohérents ajoute celui du Burkina. Le chef de la délégation ougandaise a piqué un coup de colère à l’écoute des tableaux parfois idyllique de certains orateurs. « Le temps joue contre nous, l’écrasante majorité de notre population n’a pas accès a l’électricité à tel point que les gens dorment dès 19 heures et ne sortent qu’après 7h du matin faute de lumière et vous voulez qu’on rivalise avec des gens qui ne dorment jamais et qui sont au travail H24 !, avec notre démographie c’est pour nous une question de survie »
Une feuille de route déjà « convenue »
Si les exposés introductifs à chacune des tables rondes sont restés trop généraux pour susciter des controverses, la déclaration finale et les conclusions du rapporteur des trois tables rondes ne restituent ces problématiques aussi. On a préféré revenir sur la genèse de la prise de conscience des dangers inhérents aux impacts des concentrations des gaz à effet de serre jusqu’à remonter à la conférence de Stockholm en 1974, rappeler les impacts désastreux des changements climatiques –maintes fois répétés déjà-avec leur lot d’avancée des déserts, de la perte de la biodiversité, du rétrécissement des terres fertiles et de la déforestation. Il a même était question de la nécessité d’une transition démocratique pour instaurer la paix –la guerre impacte sur l’environnement- et les habituels slogans sur la responsabilité historique de l’occident. Quant au programme à mettre en œuvre c’est l’aide financière internationale et le transfert de la technologie comme consigné dans la déclaration finale lue à la fin de la conférence.
Dès la fin de la première journée, un ministre africain– qui a fait l’université algérienne dans les années 1980- habitué de tels forums lâche : « de nos jours aucune réunion multilatérale n’échappe à la mainmise de puissantes ONG, les recommandations et les résolutions qui sortiront de la conférence ont déjà fait l’objet de discussions dans ces cercles restreints et quel que soit le débat il ne faut pas s’attendre à grand-chose sur le texte de synthèse du rapporteur ». Pour cette personnalité, ni la question de l’accès à l’énergie, ni la problématique de l’eau ni l’exploitation des gaz de schistes ne seront abordées dans leur dimension stratégique avant de s’interroger sur le poids du lobbying d’Arnold Schwarzenegger, le président du R20. L’événement prendra-t-il date ? Pas si sûr.