Tandis qu’il représente plus que la moitié du commerce du pays avec la Libye, le niveau de commerce informel entre l’Algérie et la Tunisie est plus dur à évaluer car plus répandu et clandestin. Telle est l’une des conclusions d’une étude de la Banque mondiale (BM) sur le commerce frontalier en Tunisie.
Présentée mercredi 5 février au siège de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) lors d’une journée sous le thème de la contrebande et du commerce parallèle en Tunisie, l’étude de la Banque mondiale, intitulée « L’estimation du commerce informel à travers les frontières terrestres de la Tunisie », relève cependant, qu’il était possible d’évaluer que « grossièrement 25 % des carburants consommé en Tunisie » sont sous forme d’importations informelles à partir de l’Algérie. « Les raisons principales derrière ce commerce informel à grande échelle sont les différences des niveaux de subventions de chaque côté de la frontière », souligne l’étude. Le commerce informel de carburant est devenu « significatif » ces derniers temps, conséquence des deux dernières augmentations du prix d’essence à la pompe en Tunisie, « qui a élargi l’écart dans des prix entre les deux pays voisins ». Par exemple, le carburant coûte en Algérie un dixième du prix à la pompe en Tunisie. « Si nous formulons une hypothèse selon laquelle 60 % des 3000 camions impliqués dans le commerce informel entre l’Algérie et la Tunisie portent sur le carburant et que chacun fait seulement un voyage chaque jour avec une charge moyenne de 1.6 m3 au cours d’une année de 320 jours, nous pouvons déduire que la quantité de carburant importé soit d’une façon informelle en Tunisie à partir de l’Algérie, serait de l’ordre de 921,600m3 par an, avec les valeurs marchandes d’autour de 882m DT (à 95 $ par baril) », avance l’étude de la BM.
Marges substantielles sur les prix des produits alimentaires
En termes de prix, le rapport de la BM met en exergue des marges substantielles des prix des marchandises de part et d’autre des frontières. A titre d’exemple, le kilogramme de gruyère vendu l’équivalent de 10 Dinars tunisiens en Algérie (488.71 DA) est cédé en Tunisie trois fois plus cher (30 DT, 1466,14 DA). Le café torréfié cédé en Algérie l’équivalent de 4 DT (195,49DA) en Algérie est vendu de l’autre côté des frontières à 9 DT le kilogramme (439,84 DA). Le gasoil et l’essence sont cédés respectivement en Tunisie à 2 DT (97,74 DA) et 1 DT (48,87 DA). Les boissons fruitées à 1 DT en Algérie (48,87 DA) se vendent en Tunisie à 2 DT le litre (97,74 DA). Par ailleurs, l’étude de la BM révèle que la grande majorité des contrebandiers opérant aux frontières algéro-tunisiennes, seraient originaires du Gouvernorat Kasserine (71 % des personnes interrogées par les rapporteurs de la BM ont dit qu’ils ont vécu dans Kasserine). La plupart des personnes interrogées affirment que le commerce transfrontalier était leur source principale de revenus.