Les Algériens ont les yeux tournés vers les détenus d’opinion à 48 heures du 60e jour de l’indépendance. La décision de les libérer fait la une depuis plusieurs semaines, mais le président Abdelmadjid Teboune semble ne pas avoir les idées claires.
Plusieurs personnalités ayant rencontré le président de la République, lors des rencontre organisées par la présidence au profit de différents organisation et partis politiques, ont affirmé son intention de «résoudre définitivement la question des détenus d’opinion », sans dévoiler les propos exacts qu’il leur a tenus.
Cependant, une autre personnalité partisane a révélé sur « Radio M » que le président Tebboune lui avait explicitement dit qu’il « voulait aller vers une amnistie générale ». Pour quelles catégories de prisonniers? cette même personnalité nous dit « s’il s’agit de gracier les membres de l’issaba emprisonnés pour des actes de corruption, nous sommes contre».
Une troisième catégorie serait concernée par l’amnistie, à en croire les invités de Teboune. Ce sont des dossiers qui pendent dans les tribunaux depuis la crise des années 1990. Des sources ont toujours cité Tebboune comme exprimant son intention de « régler les dossiers des anciens du Fis établis à l’étranger et qui ne présentent aucun danger ». Mais il n’a jamais mentionné les détenus des années 1990 qui n’ont pas bénéficié des procédures de réconciliation nationale. Un dossier mis en avant par plusieurs organisations et des avocats pendant et après les manifestations du Hirak.
Quant aux détenus du mouvement populaire, on peut distinguer deux sous-dossiers. Ceux qui sont incarcérés en raison de leurs publications sur les réseaux sociaux et leur participation à des rassemblements populaires. Et les détenus en raison de l’article 87 bis, que les organisations des droits de l’homme condamnent. L’opposition appelle à accélérer son abolition parce qu’elle constitue une menace pour le multipartisme et les acquis démocratiques inscrits dans la Constitution. Cela a amené les rapporteurs des Nations unies à demander aux autorités algériennes d’expliquer cette large accusation inscrite dans le Code pénal.
Plus de 266 détenus d’opinion et les arrestations se poursuivent
Dans un récent appel aux autorités algériennes, Amnesty International a recensé plus de 260 personnes qui croupissent encore dans les prisons algériennes du fait de leur activité dans le Hirak. « En mai 2022, des observateurs locaux ont signalé qu’au moins 266 militant·e·s et manifestant·e·s languissent dans les prisons algériennes pour avoir seulement exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion » a déclaré Amnesty Internationale. Exhortant les autorités à « abandonner sans délai toutes les charges retenues contre ces personnes ».
Mais les autorités algériennes ne semblent pas pressées de clore ce dossier. Puisque les agents de la police de la wilya de Boumerdès, ont procédé le 30 juin dernier, à l’arrestation d’un enseignant de langue française au lycée Chaabet Elameur, et son placement en garde. Baghdadi Muhammad, dont le domicile a été perquisitionné et ses livres, ordinateur et journaux confisqués, se trouve toujours en garde à vue.
Un autre activiste dans la même wilaya, le dénommé Omar Khouni, a été arrêté le même jour et transféré au groupement de la gendarmerie, sa maison également perquisitionnée.
M. Iouanoughene