La sécurité sociale en Algérie, a réalisé une prouesse extraordinaire en modernisant les procédures de gestion des assurances sociale.
Le système d’information CHIFA, de la sécurité sociale en Algérie, produit depuis 2007, des données d’une valeur inestimable. Forte de cette expérience, la sécurité sociale, est la seule entité en mesure de fournir une telle information de qualité dans notre pays. Si ce big data venait à être exploité, il serait possible de connaitre en temps réel, l’état de santé de la population algérienne assurée sociale dans les 48 wilayas à travers la consommation des médicaments, quotidiennement transmises par près de 10.000 pharmacies.
Le rapport annuel du ministère de la santé sur l’état de santé des algériennes et des algériens d’avril 2002, dans les priorités pour le court et le moyen terme (p52), rapportait la difficulté à laquelle se sont heurtés les rédacteurs, à savoir le manque de disponibilité de données actualisées et fiables sur la morbidité et la mortalité.
Le rapport recommandait que les études épidémiologiques pour les pathologies non transmissibles soient intégrées en développant la dimension « économie de la santé ». Une autre recommandation était celle de la mise en place de passerelles effectives entre le secteur public et le secteur privé et notamment l’implication du privé dans la mise en œuvre de la politique sanitaire du pays. La même année, le Conseil National de la Réforme Hospitalière, dans sa réunion d’octobre sous le dossier 4 « Ressources Matérielles », piloté par les Pr Benlatreche, Hassani et Mansouri, proposait la méthode du recueil de l’information et de l’exploitation des données en vue d’identifier les priorités et de les intégrer aux six autres dossiers.
La sécurité sociale en Algérie, a réalisé une prouesse extraordinaire en modernisant les procédures de gestion des assurances sociale. Le système d’information CHIFA, unique en Afrique, alimenté par près de 10 000 pharmacies réparties sur l’ensemble du pays, a produit depuis 2007, des données d’une valeur inestimable. Forte de cette expérience, la sécurité sociale, est la seule entité en mesure de fournir une telle information de qualité dans notre pays. Si ce big data venait à être exploité, il serait possible de connaitre en temps réel, l’état de santé de la population algérienne assurée sociale des 48 wilaya à travers la consommation des médicaments, quotidiennement transmises par les officines.
Des données d’une valeur sanitaire et économique inestimable
La codification utilisée est celle de la nomenclature nationale des produits pharmaceutiques du ministère de la santé. Elle permet d’établir le profil épidémiologique de la population et son évolution à travers l’analyse des données agrégées des classes et sous classes thérapeutiques, en fonction de l’âge et du sexe des assurés sociaux et de la région du pays. Ces informations pourraient permettre de cibler la priorité des services médicaux hospitaliers nécessaires en fonctions des besoins précis de la population, ainsi que l’affectation des spécialités médicales.
Du point de vue économique, les prix des médicaments seraient mieux évalués et des stratégies visant par exemple des remboursements modulables pourraient voir le jour à la lumière de données fiables. Dans un contexte de restriction budgétaire avec le difficile exercice du maintien de l’accès aux soins pour la population, l’ensemble des données aideraient à une prise de décision éclairée rationnelle et sécurisée.
Investir dans la mise en place d’un système d’information
Les recommandations en matière d’exploitations nécessaires de données de santé restent nombreuses. La revue des dépenses publiques du 15 août 2007, de la banque mondiale rapportait dans son chapitre 8 (p162) intitulé « amélioration de l’efficacité des dépenses de santé », que « pour bien gérer son système de santé, l’Algérie doit beaucoup investir dans le renforcement de ses capacités en matière de ressources humaines et d’équipement, aussi bien que dans la mise en place d’un système d’information, de suivi et d’évaluation pour faciliter la prise de décision ».
La revue ajoutait que les données fiables sur l’incidence et la prévalence des maladies non transmissibles étaient peu nombreuses et dans un contexte ou des pathologies comme l’hypertension et le diabète étaient de plus en plus répandues ces données deviennent de plus en plus importantes afin de rationaliser les investissements et d’améliorer les dépenses futures.
Par ailleurs, la 3ème Chambre Nationale de la Cour des Comptes algérienne, en charge de la santé, intégrait dans ses rapports annuels de 2011 et 2012, des notes d’insertion portant sur l’évaluation des structures d’audit interne de la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Il serait intéressant d’exploiter ces notes qui ne doivent pas manquer de souligner l’apport des systèmes d’information pour améliorer les performances de gestion de la PCH.
(…) En rendant possible un suivi précis et en temps réel de la consommation des médicaments, l’amélioration de la surveillance épidémiologique – qui se fera désormais à l’échelle d’une population entière et non plus sur des échantillons restreints de populations – permettra de détecter plus tôt les dérives d’usage d’un médicament et assurera une meilleure transparence en pharmacovigilance. Les retombées économiques, du fait d’un meilleur contrôle et d’une meilleure rationalisation des dépenses, sont également incontestables.
(*) Pharmacien, ancien SG du SNAPO et fondateur du Courrier du pharmacien. Actuellement journaliste médical. L’étude complète est disponible sur ce lien.