Le bail du chef du gouvernement Abdelaziz Djerad et sa formation arrive à échéance au moment où commence celui de de la nouvelle représentation nationale. En économie, le moins que l’on puisse dire, c’est que le premier staff de ministres post-Hirak n’a pas brillé par ses réalisations autant que par ses couacs.
La déception et la frustration qu’ont engendrées 18 mois de déclarations creuses et d’absence de solutions aux nombreux problèmes qui se sont posés à l’Algérie au lendemain du grand mouvement populaire et à l’aune de la pandémie Covid-19.
A commencer par le pouvoir d’achat qui a sensiblement baissé entre (2019 et 2021), concomitamment avec la hausse galopante de l’inflation d’une part, et la baisse de la valeur monétaire d’autre part. En effet, le dinar est aux abois depuis deux ans, avec des dévaluations systématiques planifiées dans la Loi de Finances 2021, qui n’ont eu de cesse de fragiliser l’économie nationale. La loi de finances 2021 table, en effet, sur une dépréciation progressive du dinar sur trois ans : un taux de 142 dinars pour un dollar américain en 2021, 149,71 dinars en 2022 et 156 dinars en 2023. Le dinar, qui a perdu plus de 10% de sa valeur, s’échangeait fin décembre, à près de 220 dinars sur le marché informel (et peut monter à 240 DA début 2021), et, officiellement selon la Banque d’Algérie, à 161 dinars.
Le chômage, poussé par la Covid-19 a de son côté augmenté de manière significative. Les chiffres officiels évoqués par l’ancien département de la statistique et la prospective font état d’un demi-million de postes d’emplois perdus en une année. parmi les secteurs les plus touchés, le BTPH, le tourisme, l’industrie et les services.
Par ailleurs, le gouvernement Djerad a eu tout le mal du monde à stabiliser les finances de l’Etat et à maintenir le niveau des réserves de changes au-delà des 50 milliards de dollars. En cause, la chute drastiques des revenus de la fiscalité pétrolière, consécutivement à la baisse des prix du pétrole, principale source de financement du budget, faut de diversification économique. Toutefois, cette diversification avait été annoncée comme l’un des chevaux de bataille du gouvernement, notamment via la relance des investissements locaux étrangers, la libération de l’acte d’investir et la promotion des PME et des startups.
Sur le volet socio-économique, les algériens ont fait face à une série de pénuries qui ont plombé leur moral déjà affecté durement par la Covid-19. La plus sérieuse, celle du manque de liquidité financière, sévit toujours. Un dossier qui a été si mal géré par le gouvernement, qu’il aura fallu sacrifier le ministre de la Poste Brahim Boumzar. Cette gestion à « la méthode Coué » a été caractérisée par une fuite en avant dont beaucoup de ministres ont été les protagonistes, à l’instar du ministre du Commerce, dont chacune des sorties médiatiques a été source de polémiques en tout genre.
Le même sort a été réservé à cinq autres ministres phares, dont les « fausses notes » répétées, amplifiées et disséquées par la presse sur la place publique. L’ancien ministre de l’Industrie Ferhat Ait Ali, qui s’est noyé dans un verre d’eau, en l’occurrence le dossier de la réforme du secteur Automobile qu’il n’a pas pu mener à bon port, a dû céder son fauteuil à Mohamed Bacha en cour de route. Idem pour Abdelmadjid Attar, remplaçant éphémère de Mohamed Arkab à la tête du ministère de l’Energie. Attar dont les déclarations jugées « impertinentes » lui ont couté sa place au sein du sérail gouvernemental.
Néanmoins, quelques satisfactions sont à mettre au crédit du gouvernement Djerad, à l’image de la réduction des importations (en dehors de certaines matières premières à l’image du blé), la réduction du déficit de la balance commerciale, la stratégie visant la promotion des startups ou encore l’amélioration de la production agricole.