Tenter une percée dans la sphère numérique, un secteur largement dominé par les hommes, est déjà un exploit. C’est celui de Imane Haddad, jeune entrepreneur et directrice de « GetFar Agency », une agence de communication « 100% digitale ». Portrait.
Le retard de l’Algérie en matière d’entreprenariat féminin n’a pas empêché Imane Haddad de persévérer jusqu’à la concrétisation d’un rêve en réalité. Il s’agit de la création de sa propre agence de communication « GetFar Agency ». Quoi de particulier ? Outre le fait qu’elle soit fondée et gérée par une jeune femme d’à peine 25ans, cette agence présente plusieurs particularités. La principale, est qu’elle est 100% digitale. Elle a pour ambition de réinventer la communication et la publicité sur le web et mobile en « accompagnant le client depuis la conception de son projet marketing digital, jusqu’à sa mise en ligne ». La motivation et le caractère font le reste.
Imane Haddad a su percer la sphère numérique algérienne dominée par les hommes et s’imposer. Seulement un mois après la création de sa start-up, la jeune fille lance une série de workshops, qu’elle a baptisé « Ciworks ». Animés par une équipe dynamique composée de cinq personnes, ces ateliers portent sur une large panoplie de sujets liés au domaine des nouvelles technologies comme le graphisme, la vidéo, et les différents langages de programmation. Plusieurs formations ont été déjà dispensées depuis la mi-avril 2016, comme l’indique la page Facebook de Ciworks. Elles concernent le célèbre logiciel de retouche photo, Photoshop, et toujours dans la famille Adobe, le logiciel de dessin, Illustrator, mais également des formations aux « Fondamentaux du HTML et CSS » et à l’outil « Google Web Designer », ou encore une initiation à la modélisation, d’animation et de rendu 3D avec « 3DS MAX ».
Passionnée depuis son jeune âge de graphisme et de communication numérique, Imane Haddad décide de franchir le pas et de réaliser son rêve, de lancer son agence de communication, dont l’idée a commencé à germer dans sa tête depuis l’obtention de son diplôme à l’Institut National des Arts et Industries Graphiques en 2011. Ne manquant pas de discernement, elle prend d’abord le temps de se former dans d’autres agences de communication, avant de franchir le pas. Sa carrière professionnelle débute chez MMC Digital en tant que webdesigner. Un an plus tard, elle occupe le même poste chez Med&Com. Elle finit ce tour d’horizon des principales agences de communication avec un passage à El Watan Etudiant, où elle occupa le poste de maquettiste.
Des facilités arrivées au bon moment
Riche de cette expérience cumulée au fil de ces quatre années, Imane commence les démarches pour lancer sa propre start-up « GetFar Agency ». Elle avoue que l’allègement des démarches par les pouvoirs publics « ont accéléré le processus ». En effet, le capital exigé actuellement est de 1DA symbolique, cette nouvelle mesure l’a beaucoup encouragée, puisqu’elle part de rien. « L’Etat a facilité les démarches pour lancer une entreprise. Ce sont ces allègements qui m’ont poussée à franchir le cap », dit-elle. Le manque de moyens n’a pas dissuadé cette jeune entrepreneure à mener à terme son projet. Pour y arriver, elle a mobilisé toute sa famille et son entourage. Tout le siège de l’agence « GetFar Agency» a été aménagé grâce à de la récupération. Tout le monde y a contribué, et tout le monde a mis la main à la pate. La moitié des meubles a été fabriquée, et l’autre moitié restaurée.
« On a l’impression que c’est compliqué, mais en réalité, nous perdons énormément de temps parce que nous sommes mal informés », affirme Imane. C’est justement le reproche, de manque de communication, qu’elle tient à l’encontre du Centre National du Registre de Commerce (CNRC). De par sa petite expérience, Imane Haddad pense que le CNRC devrait mettre à la disposition des jeunes, qui entames des démarchent de création d’entreprise, un bureau de conseil au sein pour accompagner ces futurs chefs d’entreprises. Ce bureau conseil, à installer au sein du CNRC et de ses représentations aurait pour but, dit-elle, de faire gagner du temps en éviter les aller-retour pour dossiers incomplets. Alors que son contrat de location était en cours, les reports d’une semaine à l’autre à cause de ces coquilles qui se glissent dans les documents lui ont fait perdre deux mois de loyer. Chose qu’un jeune entrepreneur « ne peut pas se permettre, surtout pour un début », nous confie-t-elle.
Des débuts prometteurs, mais pas que…
Une fois, la paperasse terminée, et le registre de commerce en poche, Imane Haddad lance immédiatement la machine de la prospection des clients pendant la semaine, ainsi que la série de workshops lors des week-ends. Ayant déjà travaillé pour de prestigieuses marques, dans différents secteurs comme l’agroalimentaire, la téléphonie, et l’automobile, elle n’a pas eu trop de difficultés à décrocher ses premiers clients.
Mais la difficulté n’est pas là où elle l’attendait. C’est d’abord au niveau des ressources humaines qu’il a fallu bien chercher. « L’industrie digitale en Algérie manque de compétences, alors qu’il y a de plus en plus de demande », déclare la timide jeune fille. L’autre problème, et qui n’est pas un des moindres, pour une jeune entreprise qui démarre à peine, c’est que « les clients ne payent la prestation qu’après son accomplissement ». En plus, « ils mettent du temps », ce qui « freine l’évolution de l’agence qui est encore dans la phase d’investissement ».
En plus de ces retards de payement, Imane Haddad fait face aussi à des « annulations de dernières minutes » des participants aux workshops. « Bien que le concept des Ciworks séduit beaucoup de gens, ceux-ci peinent à sacrifier leur week-end pour y prendre part ». Ce qui met un gros coup au moral de Imane mais qui ne la décourage aucunement. Ceci l’a d’ailleurs poussé envisager de préparer des offres à destination des entreprises afin d’aboutir à des conventions pour la formation de leur employés.