L’Algérie, le Maroc et la Tunisie disposent des compétences humaines jeunes et qualifiées, des infrastructures technologiques évolutives, des champions nationaux ainsi que des politiques publiques ambitieuses dans le domaine des TIC.
Dans une étude, commandée par l’Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen (Ipemed), pour cerner concrètement la mise en place d’une filière euromaghrébine des technologies de l’information, six principaux axes ont été identifiés et qui développés, pourraient favoriser l’émergence de la filière. Il s’agit du financement, de l’innovation, de la mobilité, du développement d’une infrastructure numérique mutuelle, du soutien à l’export euromaghrébin et international et de la mise en réseau TIC privé et public.
Toutefois, cette mise en place ne peut se passer de l’élément catalyseur qui serait l’adoption d’une nouvelle vision des relations entre les pays du Maghreb, basée sur une synthèse intelligente qui évolue de la compétition à la coopération. Sur le plan opérationnel, aujourd’hui, les trois pays du Maghreb disposent de plusieurs prérequis humains, techniques et d’infrastructures pour faire du numérique un levier de croissance de leur économie en partenariat avec les pays de la rive Nord de la Méditerranée.
L’Algérie, le Maroc et la Tunisie disposent en effet des compétences humaines jeunes et qualifiées, des infrastructures technologiques évolutives, des champions nationaux ainsi que des politiques publiques ambitieuses dans le domaine des TIC. Autant d’atouts qui permettent la mise en place d’une filière d’avenir, en rupture avec la logique de compétition qui a prévalu jusqu’à présent entre les pays du Maghreb.
Selon l’étude, pour dynamiser l’interconnexion entre les pouvoirs publics et le secteur privé, fluidifier et renforcer la mobilité des professionnels maghrébins du secteur TIC, le potentiel de l’écosystème coopératif existant exige, pour son efficacité, un savant dosage entre le volontarisme des pouvoirs publics et la dynamique du secteur privé des deux rives de la Méditerranée.
Une feuille de route toute tracée
La première mesure préconisée dans l’étude est la mise en place des mécanismes de financement et des fonds par les pays du Maghreb, et ce autant à travers les fonds de capital-risque que les Business Angels tout en adoptant un cadre fiscal et législatif incitatif pour les solutions de financement innovantes, le tout conjugué à une seconde initiative qui serait la promotion de l’innovation, de la R&D par le biais d’un fonds de soutien à l’innovation « Euro-Maghreb innova ».
En troisième position, la mobilité est donnée comme une urgence afin de faciliter les déplacements des professionnels du secteur TIC, et par extension l’interconnexion des écoles et des instituts universitaires maghrébins à vocation technologique notamment, à travers l’alignement des niveaux de qualification et la reconnaissance mutuelle des diplômes.
La mutualisation régionale des infrastructures exige également des pays du Maghreb l’exploration des opportunités du cloud computing pour développer une infrastructure technologique robuste de «data centers», en vue de réduire les coûts de la bande passante et augmenter la vitesse d’accès aux ressources. Cette mutualisation doit s’accompagner de la mise en réseau des parcs de recherches des technopoles et des organismes représentatifs des professionnels TIC dans la zone euromaghrébine.
Dans cette dynamique vertueuse, le rôle du secteur privé qui opère dans le numérique est important, notamment à travers sa capacité à accéder aux marchés d’Afrique et du Moyen-Orient. Le Maghreb est déjà une base d’implantation des acteurs mondiaux du secteur des TIC qui s’intéressent à ces marchés à fort potentiel de croissance. Il peut l’être davantage, sous réserve d’une meilleure intégration Sud-Sud.
Enfin, l’amélioration de la connectivité et la large diffusion des téléphones mobiles et des réseaux sociaux, ainsi que la croissance des applications et des plateformes sur le continent africain ajouté aux développement d’opérateurs télécoms et de banques-assurances constituent une opportunité sur laquelle le tissu des PME TIC maghrébine peut capitaliser pour explorer les gisements de l’export à l’international.
Les experts qui ont réalisé l’étude concluent en appelant de tous leurs vœux à la création d’un espace numérique euromaghrébin qu’ils qualifient de choix de survie. L’enjeu que cet espace constitue autant pour la région maghrébine et son intégration dans une perspective méditerranéenne peut permettre aux économies des trois pays de faire face au défi de la croissance et de l’emploi.
(*)Synthèse de Maghreb Emergent d’une Tribune publiéesur Econostrumpar Rachid Jankari, expert IPEMED.