L’Algérie doit aller vers « de profondes réformes structurelles » en s’attaquant en priorité à la réforme de la fonction publique, a plaidé, mardi sur Radio M, l’invité du direct, le Professeur Abderahmane Mebtoul. « Tel est le défi qui attend l’équipe post-élections », a-t-il estimé.
«A la veille d’une élection présidentielle, le gouvernement ne peut se permettre de prendre des mesures impopulaires », constate le Professeur Abderahmane Mebtoul. C’est ainsi que les principales réformes sont bloquées et que les décisions ne cessent d’être retardées à l’après-élection, comme l’ont prouvé, une fois de plus, les discussions de la Tripartite de dimanche qui ont abouti au report de l’abrogation de l’article 87 bis du Code de Travail à 2015. Une Tripartite qui s’est d’ailleurs tenue sans les syndicats autonomes, a déploré l’invité du direct pour qui il serait « souhaitable à l’avenir d’introduire la pluralité syndicale si on veut avoir des interlocuteurs crédibles ».
Face à cette situation, le Professeur Abderahmane Mebtoul « plaint l’équipe qui va venir à partir de 2014 [NDRL après les élections présidentielles du 17 avril] ». Car les réformes structurelles sont devenues une priorité pour l’Algérie. « C’est ça le défi futur du pays », déclare le Professeur qui estime que la réforme la plus essentielle est celle de la fonction publique. Avec deux millions de fonctionnaires, auxquels viendront s’ajouter 200.000 postes supplémentaires annoncés par le gouvernement, l’Algérie à une productivité de travail parmi les plus faibles de la région MENA, selon un rapport de l’OCDE, a rappelé le Professeur Mebtoul qui déplore que le pays privilégie « les emplois de rente aux emplois productifs ».
«Lancer un grand débat sur les subventions»
Reprenant les propos du Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Lakasci, qui « a mis en garde de manière claire contre les subventions massives », lors de la présentation du dernier rapport de la Banque centrale, l’invité du direct a attiré l’attention sur les dangers de la dérive inflationniste et le problème des prix subventionnés de la farine, de l’huile, du sucre, du blé, du lait et des énergies. « En 2013, l’Algérie a importé 3, 5 milliards de dollars d’hydrocarbures au prix international qu’elle revend à des prix subventionnés », a-t-il déclaré en appelant à un « grand débat sur la question des subventions ».
«S’il n’y pas de réformes structurelles accompagnées de l’édification d’un Grand Maghreb, tous les gouvernants maghrébins seront balayés», a conclu le Professeur Abderahmane Mebtoul avant de fixer deux priorités pour le pays : une nouvelle gouvernance et un Etat de droits.