Les réserves algériennes de gaz ne dépassent pas les 3000 milliards de m3- A.Mebtoul sur Radio M (audio) - Maghreb Emergent

Les réserves algériennes de gaz ne dépassent pas les 3000 milliards de m3- A.Mebtoul sur Radio M (audio)

Facebook
Twitter

L’économiste et professeur Abderrahmane Mebtoul contredit les chiffres du gouvernement sur le volume des réserves algériennes en hydrocarbures. Face à l’optimisme béat des officiels qui avancent un chiffre de 4.500 milliards de m3 de gaz, Mebtoul les situe entre 2.000 et 3.000 milliards de m3.

 

Lors de son passage ce mardi sur l’émission hebdomadaire de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent, M. Mebtoul a révélé que le volume de 4.500 milliards de m3 de gaz conventionnel de réserves annoncé par les responsables du secteur de l’énergie pour rassurer sur l’avenir énergétique du pays, date de…2003.
Un chiffre qui n’a pas été mis à jour depuis, alors que peu de découvertes nouvelles ont été faites, a-t-il déclaré, ajoutant que ces réserves, conjuguées au rythme de la consommation domestique d’énergie électrique – qui provient essentiellement des centrales à gaz – se sont amenuisées. «Elles se situent actuellement entre 2.000 et 3.000 milliards de m3 », a-t-il précisé. Selon lui, les gisements de gaz de Hassi R’mel et Hassi Messaoud sont actuellement à 45 % de leur potentiel.
Son analyse est fondée sur les quantités d’hydrocarbures exportées et qui ne sont pas remplacées par les «petites» découvertes ainsi que la demande interne en gaz et en électricité qui ne cesse de croitre. Cette demande croît d’environ 12 % par an. Le Gouvernement, pour faire face à cette demande, a décidé en 2012 de doubler la capacité de production de l’électricité en optant pour les centrales à gaz. Le plan du gouvernement prévoit 12.000 MW supplémentaires qui proviendront des turbines à gaz en construction, les énergies renouvelables ne représentant que moins 5 % du total de la production.
«Avant cette annonce, la consommation de gaz était de 30 milliards de M3 de gaz, elle sera de 70 milliards de m3 en 2017 », a précisé M. Mebtoul qui met en garde contre le risque de se retrouver avec une consommation interne supérieure aux exportations d’ici 2017.
Agir de manière ciblée sur les subventions
Pour y remédier, le professeur Mebtoul, qui estime la durée de vie des réserves en hydrocarbures en place à une quinzaine d’années, préconise d’aller sans tarder d’aller vers un mix d’énergie électrique tout en agissant sur les subventions de manière ciblée. Car, selon lui, cette surconsommation d’énergie électrique est fondamentalement « liée au plafonnement du prix de l’énergie depuis 2005 ».
Selon les chiffres qu’il a présentés, Sonelgaz a enregistré un déficit de 41 milliards de DA en 2011 et 44 milliards en 2012, alors que l’Algérie a importé pour 3,5 milliards de dollars de carburants en 2013, «achetés au prix international et vendu au prix subventionné». L’invité de la radio, estime le prix réel de l’essence en Algérie se situe entre 70 et 80 DA/ le litre, contre 23 DA avec les subventions qui profite aussi aux pays voisins, à travers la contrebande qui ne s’est jamais estompée même avec la fermeture des frontières Ouest.
Le mix énergétique préconisé par Mebtoul doit inclure l’efficacité énergétique qui peut réduire, selon lui, la consommation domestique de 30 à 40 %.
L’Algérie perd du terrain en Europe
Evoquant les grand choix stratégiques en matière d’énergie, notamment l’exploitation des gaz et hydrocarbures de schiste, M. Mebtoul a déploré le fait que le Conseil national de l’énergie ne se soit pas réuni depuis au moins une décennie.
Il s’interroge à ce propos, sur la décision du Gouvernement d’investir 100 milliards de dollars dans des hydrocarbures dont l’amenuisement des réserves est annoncé pour 2030 et 100 milliards dans les énergies renouvelables, alors les exportations (les revenus pétroliers) sont en recul. Selon lui, l’Algérie est en train de perdre des parts dans ses marchés traditionnels, notamment en Europe où elle n’approvisionne 9 % de ce marché en gaz, contre 13 % il y a quelques années.
D’après son analyse, l’Algérie ne peut pas aller sur d’autres marchés, notamment asiatique, où elle n’a aucune chance devant le Qatar et la Russie. Même en Europe, son principal marché, elle éprouve du mal à se positionner. Selon lui, le projet du pipe Galsi qui doit relier l’Algérie à l’Europe via la Sardaigne est définitivement enterré, alors qu’il a englouti des millions d’euros dans les études. Ce projet a péché, selon lui, par son prix exorbitant, 25 % plus cher que le North-Stream du géant russe Gazprom qui commence à lui faire de l’ombre en Europe.

 Ecouter l’émission

 

 

Facebook
Twitter