La ferme éolienne d’Adrar, repère chétif du retard du renouvelable en Algérie - Maghreb Emergent

La ferme éolienne d’Adrar, repère chétif du retard du renouvelable en Algérie

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Venus découvrir des champs solaires dans l’immense Sahara, les experts allemands de l’énergie renouvelable ont été agréablement surpris par la présence d’une petite ferme éolienne au milieu du désert. Détail invisible, c’est la seule en Algérie. Et elle a un an de retard.

 

La ferme éolienne de Kabertène à 75 km au nord est de Adrar « devrait entrer en activité vers la mi-avril prochain » selon un des ingénieurs algériens d’une des filiale du groupe Sonelgaz rencontré sur place. Les 12 éoliennes de 850 kwh chacune sont en place sur les 30 hectares de périmètre de la ferme visitée mercredi dernier par une délégation algéro-allemande en marge d’une conférence sur les énergies renouvelables organisée par le groupe Red Med avec l’université africaine d’Adrar. La livraison de cette ferme éolienne expérimentale de seulement 10 MW a pris une année de retard, sur un délai initialement prévu de 18 mois, au moment de son lancement le 30 octobre 2011. Le chantier de Kabertène illustre le décalage qui est entrain de s’installer dans la conduite du plan algérien des énergies renouvelable lancé à la fin de l’année 2011 et supposé générer 22 GW en 2030, à partir de sources renouvelables dont 1,7 GW en éolien.

Sur le site de Kabertène, le gros des travaux est fini. Les installations de générations électriques terminés et les équipements de la salle technique de contrôle installés. La connexion en flux direct sur le réseau de transport mitoyen est également achevée. Les prochaines semaines verront l’entrée en phase d’essai des éoliennes, sur ce site sélectionné pour garantir régulièrement une vitesse de vent supérieure à 4m/s à partir desquelles se déclenche le mouvement de l’hélice à trois palettes de l’aérogénérateur. Les éoliennes fournies par l’Espagnol Gamesa délivrent leur 10 MW de puissance à la vitesse de 8 m/s du vent. Le contrat d’étude et de réalisation a été remporté par le français Cegelec, qui a agit en partenaire développeur du projet. La partie électrique a été confiée, selon les équipements, au français Schneider et à une entreprise portugaise – le Portugal a atteint 70% de son énergie en renouvelable en 2013. Les filiales de Sonelgaz pour le génie civil et pour l’Ingénierie ont également participé à la réalisation de la ferme, de même que le logisticien privé algérien Red Med, spécialiste des travaux spécifiques dans le Sahara.

Paul Van Son, seul face au vent

Le niveau d’intégration national très faible des équipements de la ferme éolienne de Kabertène, « peut passer pour un premier projet expérimental », aux yeux des experts algériens qui ont visité le site. La suite du programme en éolien devrait être l’occasion de réaliser par des acteurs algériens quelques uns des modules de l’usine, notamment dans sa partie électrique. « Le fait est que la conduite de ce projet, ne permet pas de penser que le taux d’intégration va s’améliorer sur les prochains contrat de réalisation de fermes éoliennes », estime Abdelmadjid Attar ancien président de Sonatrach. La jeune équipe restreinte d’ingénieurs algériens en charge du suivi du chantier parait être un fil ténu pour garantir une dissémination sur les futurs projets d’un savoir-faire local, garantissant une maîtrise des besoins et des process dans une telle réalisation. Le volet formation sur site paraissait négligé sur une telle expérience pionnière en Algérie. Les deux prochains projets éoliens, deux fermes de 25 MW chacune, sont programmés toujours dans cette partie du sud ouest algérien, à Bechar et à Tindouf. Prévus pour être livrés dans la période 2014-2015, ils sont déjà en retard dans leur mise en œuvre, signe du peu d’empressement que prête la gouvernance du secteur énergétique à ces sources renouvelables.

Le Centre de développement des énergies renouvelable CDER a établi un Atlas des sites venteux en Algérie. Son dynamique directeur, Nourredine Yassaa, qui a intervenu trop brièvement à la conférence d’Adrar, a affirmé que son centre poursuivait une étude sur l’hybridation éolien-solaire en photovoltaïque (pv), une combinaison qui améliorer le ratio coût-rendement à la fois de l’éolien et du solaire en pv. La taille moyenne des fermes éoliennes dans le monde est de 400 MW. Aucun responsable de Sonelgaz ou de la filiale en charge des énergies renouvelable n’a fait le déplacement à la conférence d’Adrar. Le président hollandais de Desertec II, Paul Van Son, faisait partie de la délégation allemande qui a visité la ferme éolienne de Kabertène. Depuis l’arrivée de Youssef Yousfi à la tête du ministère de l’énergie et des mines, la mission du développement des énergies renouvelables a été confiée au groupe Sonelgaz. Le programme algérien des énergies renouvelables prévoyait 110 MW de production électrique en 2013 et 650 MW en 2015. Les sources renouvelables produisent moins de 40 MW en ce mois de janvier 2014.

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