L’Algérie n’est pas à l’abri de problèmes de livraison de céréales depuis les pays européens. D’une part, les livraisons depuis l’Europe de l’Est sont tributaires de l’évolution de la guerre russo-ukrainienne et d’autre part, elle pourrait être impactée par une nouvelle problématique, phytosanitaire, qui vient de surgir en France, un des principaux fournisseurs de l’Algérie en blé dur.
En effet, selon le média français, « L’Opinion », l’agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), a interdit, en octobre 2022 « la technique de fumigation des céréales dans les cales de bateaux, avec un produit appelé phosphine ». Un insecticide que les exportateurs de céréales utilisent, mais qui présente des risques sanitaires en cas de son inhalation.
Inhalée à fortes doses, la phosphine peut provoquer des troubles respiratoires, neurologiques et gastro-intestinaux.
« Cette décision de l’ANSES entrera en vigueur à partir du 25 avril prochain et risque d’avoir de lourdes conséquences sur les exportations françaises de céréales, notamment en Algérie, Maroc et Tunisie », affirme la même source. Il assure pourtant que l’usage de la phosphine est autorisé par l’Union européenne. Une mesure que le gouvernement français compte utiliser pour contourner l’interdiction de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation.
Intervenant mardi devant le parlement, le ministre français du Commerce, Olivier Becht, a assuré qu’il « n’y a rien à craindre pour les exportations françaises de céréales, celles-ci vont continuer ». Il a ajouté que « des mesures seraient prises d’ici au 25 avril lorsque la décision de l’ANSES prend effet », a rapporté mardi l’agence Reuters.
Ce sont les pays importateurs qui le demandent pour assurer leur sécurité alimentaire, déclare mardi le ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau. Il a indiqué également que les pays européens, comme l’Allemagne et la Bulgarie utilisent cet insecticide dans leurs exportations vers l’Algérie.
La France va continuer d’exporter des céréales auprès des pays tiers.
— Marc Fesneau (@MFesneau) April 11, 2023
Elle va le faire dans le cadre du droit européen, à la demande des pays d’import et au nom de la vocation exportatrice de notre pays !
👉 Ma réponse à la députée @FelicieGerard à sa question sur les… pic.twitter.com/kUNMsVQxzB
Que pense l’Algérie de l’utilisation de la fumigation à la phosphine dans les bateaux qui importent ses céréales ? Pour le journal « l’Opinion », « l’Algérie, premier client de la France en blé, la fumigation à la phosphine est inscrite dans le cahier des charges établi par le gouvernement qui achète les céréales ». Autrement dit, sans fumigation dans les pays exportateurs, pas de débarquement.
Jusque-là, l’Algérie a assuré la diversification de ses fournisseurs de céréales pour assurer sa sécurité alimentaire, en attendant le développement de la filière localement, dont le gouvernement espère atteindre l’autosuffisance à l’horizon 2030.
Pour rappel, en 2021 et 2022, la France est le premier fournisseur de blé tendre de l’Algérie, avec 7,2 millions de tonnes, ce qui représente 19% du total des importations algériennes. Une tendance à la hausse, notamment depuis l’invasion russe en Ukraine, deux autres pays aussi fournisseurs de céréales de l’Algérie. Durant la campagne 2022/2023, l’Algérie a importé 6,6 Mt de blé tendre depuis la France.
Le gouvernement français n’est pas le seul à être contrarié par la décision de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation. Dans une déclaration à Reuters, Eric Thirouin, patron du groupement des céréaliers français AGPBn a estimé que la France se prive « d’un quart des débouchés des céréales « , et la Russie, premier exportateur mondial de blé, « sera le principal bénéficiaire si l’interdiction est confirmée en France », selon lui.