Le président de l’Association Nationale des Exportateurs Algériens (ANEXAL), M. Ali Bey Nasri, dresse un état des lieux sans concession de nos exportations hors hydrocarbures et des handicaps dont elles souffrent.
Dans l’émission ‘’l’Invité du Direct’’ de Radio M, la web radio de Maghreb Emergent, le Président de l’Anexal a mis d’abord en cause les statistiques officielles des douanes qui annoncent en 2014 des exportations hors hydrocarbures de 2,6 milliards de dollars qui seraient en fait « gonflées » artificiellement par l’incorporation de près d’un (1) milliard de dollars d’exportations de dérivés des hydrocarbures effectuées par Sonatrach. Selon M. Ali Bey Nasri, les bons chiffres sont ceux que publient, en général assez tardivement, la Banque d’Algérie et qui ont fait état de seulement 1,6 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures au cours de l’année dernière. Une « performance » qui reste donc inférieure à l’objectif pourtant modeste de 2 milliards de dollars d’exportation non pétrolières affiché par les pouvoirs publics depuis maintenant près de 20 ans.
Des exportations hors hydrocarbures …. fortement énergivores
Tout aussi gênant pour le président de l’Association Nationale des Exportateurs Algériens, la présence dans les bilans des exportation au cours des dernières années de plusieurs centaines de millions de dollars de produits fortement énergivores comme les engrais et nitrates exportés par Asmidal, Fertial ou encore Sorfert dont « près des 2/3 de la valeur sont constitués par le gaz consommé ». Au total ce sont 5ou 6 entreprises qui réalisent plus de 80% des exportations algériennes. La seule à s’être vraiment affranchie de la dépendance aux hydrocarbures étant Cevital qui pointe à la 4ème place du classement national avec des exportations évaluées à 242 millions de dollars en 2014.
« La réglementation des changes doit se mettre aux standards internationaux »
Au chapitre des handicaps dont souffrent les exportateurs nationaux, Ali Bey Nasri mentionne en bonne place le retard accusé par notre pays du point de vue de son « indice de performance logistique ». Mais pour le Président de l’Anexal le blocage principal est un contrôle des changes orchestré par la Banque d’Algérie et son Conseil de la Monnaie et du Crédit et qui « ne tient pas assez comptes des règles et des contraintes du commerce extérieur auxquelles doivent faire face les opérateurs économiques ». M. Ali Bey Nasri dénonce une « approche névrotique de la devise » de la part des organes de régulation qui conduit au sens propre à une « pénalisation de l’acte d’exportation ». Il mentionne des cas de « condamnation pour défaut de rapatriement de recettes d’exportation pour des montants dérisoires » et plaide en faveur d’un « règlement commercial et non pénal » de ce genre d’ « infractions » qui sont dues le plus souvent « aux conditions du marché et non pas à une quelconque mauvaise volonté des exportateurs ».
De la même façon le président de l’Anexal juge assez sévèrement la récente réglementation de la Banque d’Algérie en matière d’investissement à l’étranger. Les conditions imposées, notamment celles qui concernent les « montants exportés au cours des 3 dernières années excluent de fait la quasi-totalité des entreprises exportatrices qui, de ce fait ne peuvent même pas financer leur approche des marchés extérieurs ». Ali Bey Nasri appelle dans ce domaine aussi les autorités financières algériennes à des « décisions audacieuses » qui doivent permettre à « notre réglementation des changes de se mettre aux standards internationaux ».
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