Après plusieurs semaines de controverse, la taxe payée par les étrangers quittant la Tunisie entrera en vigueur le 28 août. Les Algériens, les plus nombreux à se rendre en Tunisie, seront les plus touchés.
La taxe de la controverse entrera en vigueur le 28 août prochain en Tunisie. Le ministère tunisien des finances a maintenu l’obligation pour tout ressortissant étranger de payer trente dinars en quittant le territoire tunisien, alors que la mesure avait été fortement critiquée par des hommes politiques et par des opérateurs économiques, inquiets de ses retombées sur le tourisme en particulier.
La mesure a été introduite en vertu de l’article 36 de la loi de finances complémentaire (LFC) pour l’exercice 2014. Elle concerne toute personne non résidente en Tunisie, quelle que soit sa nationalité, à l’exception des Tunisies résidents à l’étranger. Les Algériens, nombreuses à se rendre en Tunisie en 2014, probablement un million sur tout l’année, sont les premiers concernés.
Le ministre tunisien des finances Habib Louati a annoncé, ce vendredi, que l’application de cette nouvelle taxe entrera en vigueur dès le 28 août prochain. La directrice générale des études et de la législation fiscale auprès du ministère des Finances a déclaré, lors d’un point de presse, que seuls les ressortissants tunisiens à l’étranger sont dispensés de ce timbre fiscal qui doit comporter le tampon de la police et doit être apposé sur le passeport lors du départ du passager.
Un impact limité
Cette nouvelle taxe imposée devrait rapporter aux caisses de l’Etat tunisien 40 millions de dinars au titre de l’année en cours, pour les seuls quatre mois restants, alors qu’elle devrait rapporter 120 millions de dinars en 2015, a-t-elle dit. Les timbres fiscaux seront vendus dans les recettes fiscales et les aéroports. « La mesure sera appliquée comme convenu le 28 août prochain. Il n’y a pas lieu de la reporter ou l’annuler pour n’importe quelle raison », a-t-elle dit.
Cette mesure sanctionne les ressortissants algériens, au budget limité, et qui choisissent précisément la Tunisie pour des raisons de coût. La ministre tunisienne du Tourisme, Amel Karboul, avait d’ailleurs promis d’accorder des facilités aux touristes algériens lorsqu’elle a pris ses fonctions au sein du ministère.
Un expert tunisien, Fethi Nouri, cité par le site Africanmanager, a toutefois minimisé l’impact de cette taxe sur les ressortissants algériens, affirmant qu’elle ne représente que 3% de leur budget « vacances ».
Avec un flux touristique annuel de 33%, les Algériens sont en tête du nombre total des touristes ayant visité la Tunisie. En effet, d’après les chiffres de
Selon l’Office national du Tourisme tunisien (ONTT), le nombre de touristes maghrébins entrés en Tunisie, du 1er janvier au 10 avril 2014, a enregistré un taux de croissance de 11,2% par rapport à la même période en 2013, passant de 694.609 à 772.699 touristes, dépassant, par ailleurs, le nombre d’entrées enregistré durant la même période en 2010 (723.292 touristes). Les Algériens représentent le tiers des touristes visitant la Tunisie. Il était 510.000 à s’y rendre à la mi-juillet, et leur nombre devrait atteindre le million sur l’année.
Tourisme de substitution
Une grande confusion s’était installée en juillet, lorsque des informations de presse avaient fait état de l’application de cette mesure sans avertissement, ce qui avait créé un climat de suspicion chez les Algériens se rendant en Tunisie. Il a fallu l’intervention de plusieurs officiels tunisiens pour démentir l’information et rassurer les touristes algériens, alors des journaux algériens faisaient état de milliers de personnes bloquées aux frontières à cause de la taxe.
Secteur clé de l’économie tunisienne, le tourisme a été durement touché par l’instabilité qui a fait suite à la chute de Ben Ali. Les touristes algériens, bien que moins fortunés, ont constitué une aubaine pour un secteur partiellement délaissé par sa clientèle européenne traditionnelle.