Au lieu de désigner les vrais ennemis de l’Algérie, le président « n’a fait que reproduire un contenu démagogique qui ne sert aujourd’hui à rien», estime l’universitaire Larbi Mehdi. Selon lui, « l’Algérien a perdu toute confiance en cet Etat qui ne cesse de protéger les ennemis réels de l’Algérie ».
Le président de la République a-t-il tout dit dans son dernier message à l’occasion de la journée nationale du Chahid ? En s’en prenant aux adversaires, occultes et déclarés, exploitant une situation préjudiciable pour tenter d’imposer la thèse du conflit interne au sein de l’Armée nationale populaire, Bouteflika a-t-il désigné les vrais coupables ? Non, selon le sociologue et politologue Larbi Mehdi. Cet enseignant à l’université d’Oran estime, dans une déclaration à Maghreb Emergent, que le contenu du discours « ne vise aucune personne ».
Aux yeux de M. Larbi, il (le discours) «explique en réalité l’existence de clans puissants (au sommet de l’Etat) et les conflits médiatisés ne sont pas la conséquence d’une absence de consensus autour des idées et des projets sociétaux mais, paradoxalement, ces conflits ont pour cause la collusion des intérêts personnels qui ne finissent pas d’essouffler les espoirs de voir une Algérie prospère et vivace ».
Le discours de Bouteflika suscite un sentiment de malaise et de désespoir
Auteur de plusieurs contributions sur la situation politique en Algérie, Mehdi Larbi pense que le discours de Bouteflika, « suscite un sentiment de malaise et de désespoir », car son contenu « n’a cessé de relater des incidences graves, commises par des personnes mises à la tête des structures politiques par des forces occultes, ennemis réels de l’Algérie ». Et d’ajouter : «Nous avons toutes et tous lu et écouté des déclarations qui expliquent à peu près la nature du pouvoir en Algérie ».
Pour lui, ce pouvoir demeure construit sur les liens de sang et de région et il n’a cessé de fonctionner avec un esprit d’allégeances pour assujettir les personnes libres, qui « développent avec véracité les contradictions du fonctionnement politique en Algérie ». En clair, le système actuel est le mal véritable que le discours d’Abdelaziz Bouteflika n’a identifié.
« Notre comportement et nos pratiques sont réellement une menace pour la consolidation du pays » et le pouvoir du clan qui caractérise le pouvoir en Algérie « n’a pas arrêté de nuire au développement des forces et des structures dont l’Algérie à temps besoin pour se prémunir de l’ennemi intérieur avant tout pour affronter ensuite, les menaces que peuvent venir de l’extérieur ». En somme, le discours présidentiel, loin d’avoir répondu aux nombreux questionnements, sert essentiellement à se préparer pour les élections, conclut Larbi Mehdi.