Les subventions des énergies non renouvelables sont de 400 milliards de dollars par an dans le monde, dont la moitié dans la zone MENA. Il faut que cela baisse pour permettre l’émergence de l’électricité verte sur la rive sud méditerranée, affirme Paul Van Son, PDG de Desertec II, panéliste ce mercredi à l’université d’Adrar, dans un séminaire organisé par le groupe privé Red Med.
Le président directeur général de Desertec II, le néerlandais Paul Van Son, considère qu’il n’est « pas dans son rôle de faire pression » sur le gouvernement algérien pour qu’il entame une baisse de ses subventions pour les énergies fossiles, mais qu’il peut expliquer aux gouvernements qui poursuivent des politiques de subvention de l’énergie carbonée, que « cela ne prépare pas l’avenir tel qu’il se dessine » car cela empêche l’essor des énergies alternatives. Paul Van Son, panéliste dans la conférence « Desertec et les technologies allemandes dans les énergies renouvelables » a cité l’exemple de l’Arabie Saoudite « qui, il y’a cinq ans ne voulait pas parler avec nous et qui a subitement compris qu’elle deviendra sans doute importatrice de pétrole dans 20 ans et qui a alors opéré un changement d’attitude vis à vis des énergies renouvelables ». L’intervention de Paul Van Son, devant un amphithéâtre plein à l’université africaine d’Adrar suivait une introduction particulièrement pessimiste de Mustapha Mekidèche, expert énergétique, sur l’émergence d’un marché européen de l’électricité verte, qui puisse devenir un débouché pour les excédents de la production d’électricité solaire et éolienne en Algérie. Le PDG de Desertec II a eu à expliquer que le premier objectif de sa société était d’implanter la vision globale au niveau local. « Nous sommes là, d’abord pour soutenir les gouvernements de la zone MENA dans la réalisation de leurs programmes nationaux pour le développement des énergies renouvelables. Nous sommes des facilitateurs, ceux qui rendent possible l’accomplissement des bons projets, et aident à éviter les projets stupides » dans les énergies renouvelables, a-t-il lancé.
« Le nucléaire trop cher, il disparaîtra »
Pour le PDG de Desertec II, l’électricité d’origine solaire concentrée (CSP), photovoltaïque, et éolienne « sont déjà des énergies renouvelables économiquement compétitives » dans la région Afrique du nord et Moyen orient (MENA). Il reste que Desertec milite pour réduire les aides directes aux énergies fossiles pour les transférer vers les énergies renouvelables. « Nous revendiquons une égalité des chances » entre les énergies conventionnelles et le renouvelable, a-t-il déclaré. « Nous savons que ce n’est pas l’affaire d’un ministre de l’énergie seul, ou même d’un gouvernement, c’est un enjeu social. Il faut que les citoyens, les consommateurs d’énergie y trouvent leur compte. Il faut juste commencer à agir maintenant pour que cela change dans la bonne direction ». Il a ajouté que dans le cas du Maghreb, une interconnexion électrique à grande capacité était nécessaire pour créer un marché de l’électricité propre dans l’avenir. Le PDG de Desertec a réagi de manière radicale au point de vue selon lequel le nucléaire était entrain de faire un retour en force dans certains pays européens: « le nucléaire coûte cher. Il est amené à disparaître » a-t-il conclu. Un autre conférencier allemand, le professeur Wilfried Zorner, a déclaré que l’Allemagne pouvait couper dès ce soir sa source d’énergie nucléaire, cela n’impacterait en rien l’approvisionnement de l’économie et des ménages. L’Allemagne a, en 2012, fait monter sa part d’énergie renouvelable à 32% de sa production d’électricité. Entre les mois de mai et d’août, il arrive au solaire et à l’éolien de fournir jusqu’à 50 gigawatts de puissance électrique. En Algérie la puissance maximale en place est de 14 gigawats.