Le rattrapage numérique de l’Algérie ne se fera qu’avec la disparition du ministère de la Poste et des technologies de l’information et de la communication (TIC) ! C’est ce que pense Ali Kahlane, PDG de la startup technologique Satlinker et expert en TIC.
Lors de son passage mardi sur le plateau de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent, Ali Kahlane a carrément prôné la disparition du ministère de la Poste et TIC, dirigé par l’ancienne président de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), Mme Zohra Derdouri, pour que le secteur puisse « voir le bout du tunnel ».
Selon lui, le ministère n’apporte pas de valeur ajoutée au secteur. « Il est plus un facteur bloquant » au niveau notamment de la régulation, entravant « l’évolution et la création de startups », a-t-il dit. Pour M. Kahlane, l’essor du secteur des TIC en Algérie est victime d’une gestion politique des grands dossiers à même d’opérer un véritable rattrapage numérique. Il en veut pour preuve, la gestion « sécuritaire » des technologies et la « défiance » envers l’apport des entreprises privées.
Il a cité le cas de la certification électronique, un projet lancé en 2009 par l’actuelle ministre lorsqu’elle était aux commandes de l’ARPT, qui a été reporté à 2017. Mme Derdouri avait annoncé la semaine dernière que la certification électronique ne sera opérationnelle avant deux ans, alors qu’elle représente une étape fondamentale pour le lancement de l’e-paiement qui devrait accompagner le développement de connectivité en Algérie, grâce à la 3G.
L’actuelle ministre a été aussi l’artisane du retrait spectaculaire de l’Assemblée populaire nationale (APN) d’un projet de loi prometteur pour le secteur en ce sens qu’il apportait une mise à jour de la loi 2000/03, de nouvelles mesures pour le « dégroupage » des infrastructure réseau et introduisait le concept d’opérateur virtuel (MVNO).
« Le loup était dans la bergerie »
M. Kahlane ne voit pas comment le gouvernement puisse atteindre l’objectif du rattrapage numérique, alors qu’on éprouve toutes les difficultés du monde « à mettre en place un cadre pour travailler ».
Pourtant, l’Algérie a été en avance au début des années 2000 sur le plan réglementaire, avec une loi « benchmarkée » sur ce qui existait alors occident, a rappelé M. Kahlane, constatant les dégâts du manque de vision du gouvernement qui a « glissé » le personnel du ministère des PTT dans le groupe Algérie Télécom et l’ARPT, nouvellement créés. « Et tout d’un coup, le loup était dans la bergerie », a-t-il résumé.
Extraits vidéo : http://bit.ly/1y63Uuv
Ainsi, les responsables secteur qui ont mis en place de grands dossiers avec l’apport extérieur des acteurs et experts du domaine, n’a récolté que de grands échecs, selon l’invité du « Direct ». Il a cité le projet structurant e-Algérie 2013, pensé 2008 puis mis aux oubliettes, le projet de mise en place d’un réseau de recherche, l’observatoire des TIC, le Fonds d’aide aux TIC (Faudtic) de 5 milliards de DA, le point d’interchange (GIX)…etc.
Tous ces projets ont « implosé » non seulement parce que les responsables placé à la tête du secteur étaient « sans feuille de route », mais aussi en raison de la défiance que ces derniers nourrissent à l’égard du privé.
Crise de confiance public-privé
Selon M. Kahlane, le manque de confiance entre les entreprises publiques et les porteurs de projets privés a entravé l’essor espéré pour secteur. Cette crise de confiance public-privé dans le secteur des TIC est illustrée par Algérie Télécom qui « ne peut rien faire sans se référer au ministère de tutelle ».
« Il faut qu’Algérie Télécom cesse d’être utilisée par le ministère », a recommandé le PDG de Satlinker. Parce que Algérie Télécom et le MPTIC n’ont pas les mêmes visions et objectifs. Pour l’ « invité du «Direct », Algérie Télécom qui est le pivot de la stratégie numérique en Algérie doit s’affranchir de l’emprise du MPTIC pour se libérer, en tant qu’entreprise économique de la gestion administrative.
Pour ce faire, M. Kahalane avance une piste : Appliquer la délégation de management qui a fait ses preuves dans le secteur de l’eau. Ce business modèle est parfaitement applicable pour Algérie Télécom, selon lui. « On prend le même modèle et on l’applique à Algérie Télécom », a-t-il conclu.
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